8 octobre 2025

Premier Plan en Photo : Ajouter de la Profondeur et Améliorer la Narration

Par Gaëtan Berthouly

8 octobre 2025


Après quelques heures de marche vous vous retrouvez face à un paysage magnifique. Vous dégainez votre appareil photo, vous prenez quelques clichés, puis vous continuez votre marche.

Une fois arrivé chez vous, vous regardez votre photo sur votre écran, mais là c’est le drame : vos photo sont loin de refléter ce que vous avez vu.

Fichtre, comment ça se fait ? L’explication, c’est que nos yeux voient « en trois dimensions », tandis que notre photo est plate, elle est en 2 dimensions seulement (qu’elle soit imprimée ou non).

Ainsi, l’un des plus grands défis du photographe est de retranscrire une scène réelle en 3D sur une photo en 2D. L’un des moyens d’y parvenir est d’ajouter un premier plan.

Avoir un premier plan intéressant sur lequel l’œil peut se concentrer peut ajouter de la profondeur à vos photos et donner à votre public l’impression d’être immergé dans la scène.

Le double effet kiss cool du premier plan c’est qu’il permet aussi d’ajouter du contexte, améliorant la narration de la petite histoire que vous racontez dans votre photo.

Les éléments au premier plan peuvent aussi servir à d’autres choses comme remplir l’espace, rééquilibrer une composition ou encore fournir des cadres qui guident l’attention du spectateur.

Bref, comprendre comment intégrer un premier plan peut améliorer vos photos. Alors dans cet article on va voir ce qu’est un bon premier plan, la différence avec le second plan et l’arrière-plan, et on va aussi voir plusieurs techniques pour intégrer un premier plan à ses photos.

En avant Guingamp !

Qu’est-ce qu’un premier plan ?

Sur le terrain, le premier plan est la partie la plus proche de l’appareil photo. Sur une photo, c’est la partie qui semble la plus proche de l’observateur. Il peut s’agir d’un seul élément ou d’un ensemble d’éléments.

De manière très scolaire, dans la photo ci-dessous, la barque et le ponton constituent le premier plan.

Crédit : Artem Sapegin

Le premier plan peut être le sujet (comme en photo de portrait par exemple), ou un point d’intérêt qui attire le spectateur dans l’image. Le premier plan est souvent la première chose que nous observons dans une photo, c’est pourquoi c’est un élément important à ne pas laisser au hasard.

Le premier plan peut prendre diverses formes selon le genre de photographie.

  • En photographie de portrait, le premier plan est généralement une personne qui est le sujet, il est le plus proche de l’appareil photo, et il y a une distance entre lui et la scène derrière lui. En général, le sujet au premier plan est net, et l’arrière-plan est flou afin d’obtenir une séparation optimale sujet/fond.
Crédit : Drew Hays
  • En photographie de paysage, le premier plan ne sera pas une chaîne de montagnes, mais quelque chose qui ajoute de l’intérêt à la photo comme un rocher géant, un arbre solitaire, une plage de galets ou une ferme abandonnée. Avec les bons éléments au premier plan, votre spectateur les voit en premier, puis parcourt la composition, pour toujours revenir au premier plan.

Bon premier plan VS mauvais premier plan

Une photo qui comporte des éléments au premier plan est souvent plus intéressante. Mais pour que ça marche, il faut un « bon » premier plan.

« Mais c’est quoi un bon premier plan ? »

Comme pour tout élément de composition, le premier plan n’est utile que s’il apporte quelque chose à votre image. Un bon premier plan :

  • complète l’histoire racontée par la photo, en effet, les éléments au premier plan ne sont pas seulement décoratifs, ils sont aussi des outils narratifs, vous pouvez ajouter plusieurs niveaux de sens à vos clichés, l’élément au premier plan peut avoir une signification particulière pour le sujet de la photo, renforçant ainsi l’impact de l’histoire ;
Par exemple ici, on comprend que le premier plan est le compagnon du sujet
Crédit : rajat sarki
  • ajoute de la profondeur, imaginez un groupe d’arbres alignés, si vous les photographiez de face, ils auront tous plus ou moins le même aspect (leur taille, leur distance et leur netteté seront identiques), et la composition sera probablement plate et statique, cependant, si vous photographiez les arbres d’un côté, un arbre devient plus proche et donc plus grand, tandis que les autres arbres semblent plus petits en comparaison, le regard se pose alors immédiatement sur l’arbre au premier plan, puis la ligne implicite créée par la rangée attire son regard vers les autres arbres, soudain, la composition a de la profondeur ;
Crédit : Niels Weiss
Crédit : 대정 김
  • et guide le regard, c’est souvent un point d’entrée à l’œil du spectateur dans l’image, un élément intéressant qui l’entraînera dans un voyage par la suite.
Crédit : Rodrigo Soares

Si le premier plan ne contribue à aucun de ces points, pire encore, s’il détourne le regard, il n’améliore pas la photo. Votre premier plan doit être un élément important de la scène et non une distraction.

Les éléments au premier plan peuvent également créer une impression de voyeurisme, donnant aux spectateurs l’impression de jeter un œil dans un monde privé, ce qui renforce l’impact émotionnel de l’image.

Crédit : Alfredo Vicente

Pour vous aider à comprendre ce qu’est un bon premier plan, prenons un contre-exemple, voici un mauvais premier plan :

Crédit : Antoine Pittet

Pourquoi est-ce que cet arbre est un mauvais premier plan ? Car, il n’apporte rien à la photo. Ce n’est qu’un arbre sans rapport avec le reste, il ne complète pas l’histoire de cette photo, il n’a aucun lien avec l’arrière-plan ou le reste de l’image.

Quand le premier plan est mauvais, on a presque envie de se dire « Mais qu’est-ce que ça fout là ? »

Il aurait fallu chercher un autre premier plan, comme des bateaux, des vagues, du sable, des galets etc, ou une composition plus intéressante sans premier plan du tout, qui mette mieux en valeur la scène.

Maintenant, voici ce qu’est un bon premier plan :

Crédit : Harald Pippert

La petite histoire de ce paysage c’est la beauté et l’étrangeté de ce décor. Cet arbre sec, tordu, aux formes fascinantes (et pourtant toujours là), et cette terre orangée dans lequel il est planté sont très différents de ce qu’on peut voir habituellement. D’ailleurs on est très rapidement attiré sur le sujet au second plan qui est tout aussi original dans ses formes et sa structure.

On imagine alors que le reste de ce paysage est rempli de choses étranges, uniques et passionnantes à explorer, que l’on va découvrir d’autres curiosités. Donc ici, le premier plan ajoute bien de l’histoire à l’image. Il nous cache même un peu le paysage à droite, et nous amène à nous demander à quoi est-ce que ça peut bien ressembler par là-bas.

Autre exemple, les troncs d’arbre fonctionnent plutôt bien comme premier plan pour plusieurs raisons :

  • il sont à peu près de la même couleur que les montagnes derrière, ils sont plusieurs et un peu espacés, ce qui donne un certain rythme à la photo ;
  • ils agissent comme des lignes directrices qui guident le spectateur à travers différentes parties intéressantes de la photo ;
  • ils ajoutent un petit plus à l’histoire de l’image, car on peut imaginer comment ces tronc d’arbres sont arrivés ici après s’être écrasé dans le lac et avoir flotté jusqu’à cet endroit.
Crédit : Daniel Shi

Morale de l’histoire : ce n’est pas parce que vous trouvez quelque chose d’intéressant à vos pieds et au loin que les deux s’accordent forcément bien ensemble. En effet, une erreur courante que l’on retrouve dans de nombreuses photo est d’avoir une premier plan qui ne complète pas de manière évidente l’arrière-plan ou le reste de la photo.

Différence entre premier plan, second plan et arrière-plan

En photographie, nous avons tendance à diviser un espace en zones appelées « plans » :

  • le premier plan,
  • le second plan (ou éventuellement plan intermédiaire)
  • et l’arrière-plan.

On a déjà vu ce qu’était le premier plan : la partie la plus proche de l’appareil photo.

L’arrière-plan est la partie la plus éloignée de l’appareil photo, il peut être nette ou flou.

  • Dans une photo portrait, si la personne est le sujet au premier plan, alors la toile de fond ou le décor naturel derrière constitue l’arrière-plan. Et en général l’arrière-plan est flou afin que le sujet nette ressorte davantage. Pour y parvenir, on peut ouvrir plus, réduire la distance de mise au point ou éloigner l’arrière-plan du sujet.
L’arrière-plan est souvent flou en photo de portrait
Crédit : Ashton Bingham
  • Dans les photos de paysages, l’arrière-plan comprend généralement des éléments situés au-dessus de la ligne d’horizon (chaînes de montagnes, forêts lointaines, ciel), mais parfois aussi en-dessous, comme les vastes étendues d’eau s’étendant à perte de vue. Les arrière-plans fonctionnent bien en combinaison avec les premiers plans qui permettent de mettre en valeur leur échelle.
L’arrière-plan typique en photo de paysage, une chaîne de montagnes et le ciel
Crédit : Pedro Lastra

Le second plan (ou plan intermédiaire) correspond à tout ce qui se trouve entre le premier plan et l’arrière-plan. En photo de paysage, il joue un rôle essentiel en faisant le lien et en guidant le regard entre le premier plan et l’arrière-plan. Le second plan correspond souvent au sujet, notamment quand il y a un premier plan et un arrière-plan. Une toundra glacée, un lac d’un bleu vif, une cascade ou des collines ondulantes constituent tous des éléments intéressants pour le plan intermédiaire.

Le lac forme le second plan, faisant le lien entre le premier plan et l’arrière-plan
Crédit : Todd Trapani

Parfois il n’y pas vraiment de plan intermédiaire. Par exemple, en photo de portrait, bien souvent, seul le sujet constitue le premier plan (comme il est le plus proche de l’appareil photo), et derrière lui se trouve l’arrière-plan.

Crédit : Caleb Lucas

Remarque

Plutôt que de dire qu’il n’y a pas de second-plan, certains diront qu’il n’y pas de « vrai » premier plan. C’est aussi une façon de voir les choses.

« Mais est-ce que c’est grave d’avoir un plan manquant dans une photo ? »

Non. Il n’est pas obligatoire de retrouver les 3 plans dans chacune de vos photos.

D’ailleurs, c’est surtout en photographie de paysage que l’on tire arrive à inclure les 3 plans. Les paysages sont riches et profonds, et la scène attire le regard de plus en plus profondément dans le décor.

Autrement, la plupart des photos n’ont que 2 plans. Certaines photos n’ont même qu’un seul plan !

Une photo avec un seul plan
Crédit : Kenny Eliason

« Quelle est la distance qui fait qu’un plan est un premier-plan, un second plan ou un arrière-plan ? »

Les plans sont définis par rapport à leur position les uns par rapport aux autres, il n’existe pas de règles concernant la distance entre chacun des plans.

Une autre façon de voir les plans est de s’imaginer une scène de théâtre :

Crédit : Yiran Ding
  • on a le décor au fond, qui correspond à l’arrière-plan, il donne le cadre et le contexte ;
  • la scène correspond au plan intermédiaire, où se déroule l’essentiel de l’action joués par personnages, notre sujet est souvent positionné à ce niveau en photo ;
  • le premier plan, est la partie la plus proche du public, il permet de rendre la pièce plus immersive, d’attirer dans l’action. C’est la partie la plus facilement visible du théâtre, et elle peut révéler les détails les plus fins de l’histoire.

Pour vous donner un exemple schématique :

  • Le bleu représente le premier plan,
  • le vert le second plan,
  • et le rouge l’arrière-plan.
Découpage schématique des plans
Crédit : Tobi

C’est à vous de décider ce qui convient le mieux à la composition et au genre que vous photographiez. C’est vous qui déterminez la disposition des sujets (sauf peut-être dans la photographie de paysage, où la nature l’a déjà fait pour vous).

10 techniques pour intégrer un premier plan

Technique n°1 : trouvez un arrière-plan

  1. Ça peut paraître contre-intuitif mais dans un premier temps vous devez commencer par définir votre arrière-plan ou votre sujet principal ;
  2. dans un second temps, recherchez un premier plan approprié qui attire le regard du spectateur, ajoute de la profondeur, et s’intègre bien à la petite histoire de votre photo. Les éléments du premier plan doivent toujours mettre en valeur votre sujet principal et aider le spectateur à entrer dans l’image.

« Pourquoi je dois commencer par chercher un arrière-plan ? »

Car en photo de paysage un arrière-plan magnifique ne nécessite pas toujours un sujet spectaculaire au premier plan, tandis qu’un premier plan magnifique ne peut pas compenser un arrière-plan plutôt ennuyeux.

Technique n°2 : connectez les plans avec des lignes directrices

Essayez, si possible, de connecter le premier plan et l’arrière-plan afin que les plans ne semblent pas séparés les uns des autres. Pour se faire, utilisez les lignes directrices : elles attirent et guident le regard à travers l’image et la rendent plus facile à comprendre.

Si les lignes directrices commencent depuis le premier plan c’est encore mieux, elles guident le regard du spectateur du bas (premier plan) vers le haut (arrière-plan) de la photo ou vice versa, pour souvent se poser sur le sujet situé au milieu ou à l’arrière-plan et donner une certaine structure à la composition. Cette technique permet non seulement d’attirer l’attention sur le sujet principal, mais aussi d’ajouter de la profondeur à la composition, rendant l’image plus captivante et visuellement attrayante.

« Mais comment je trouve ça moi ? »

Les lignes directrices peuvent être

  • verticales, diagonales ou même courbes ;
  • complètes (clôture, chemin, contours d’un bâtiment), ou discontinues (une suite de rochers, d’arbres ou de fleurs) ;
  • artificielles (route, ligne électrique) ou naturelles (crête montagneuse s’étendant du premier plan à l’arrière-plan dans un paysage, des vagues avec leurs mouvements circulaires qui viennent se briser sur une plage).

Recherchez des éléments qui établissent un lien entre les plans comme des pierres, des rochers, de la végétation, des structures au sol, en gros tout ce qui peut créer une ligne ou donner une direction aux yeux.

Dans l’image suivante, la ligne formée par le sommet des dunes guide le spectateur à travers les différentes couches de l’image et relie le premier plan au reste de l’image.

Vous n’êtes pas limité aux éléments statiques, les éléments en mouvement comme l’eau peuvent également faire office de ligne directrice, notamment quand elle est combinée avec une longue pose. Observez les motifs des vagues pour voir à l’avance où les lignes se forment. De cette façon, vous serez en mesure de composer correctement l’image.

L’eau qui coule dans la photo ci-dessous a créé des lignes directrices allant du coin inférieur droit vers le centre.

Crédit : Ray Bilcliff

Dans une scène urbaine, les lignes de tramway ou de train, voire les lignes électriques aériennes peuvent attirer l’attention du spectateur. On peut aussi penser aux cônes de signalisation ou aux panneaux routiers espacés dans une rue, du premier plan à l’arrière-plan.

Crédit : Yusuf S

Un regard est aussi une ligne directrice implicite, ici il n’y a pas de lignes réelles dans la composition.

Crédit : NEOM

Expérimentez et entraînez vos yeux à voir les lignes et les directions dans une scène. Cela vous permettra d’améliorer considérablement vos images !

Et il ne s’agit pas juste d’ajouter une ligne directrice, pour ajouter une ligne directrice. Non. Il faut de préférence qu’elle relie des éléments intéressants, qu’elle mène à votre sujet, et qu’il s’agisse d’une ligne qui s’inscrive bien dans l’histoire de votre photo.

Voici l’exemple d’une ligne directrice peu efficace :

Ce chemin est juste une ligne directrice. Déjà, il n’y a rien au premier plan qui mérite que vous y posiez votre regard, de plus, la ligne elle-même ne présente aucun intérêt particulier. Et enfin, cette ligne détourne même le regard du sujet principal de cette photo se profilant au loin.

Voici un exemple de ligne directrice plus efficace :

Crédit : Pok Rie

Cette fois-ci, la ligne directrice guide le regard depuis le premier plan, puis parcours l’ensemble du second plan pour nous faire arriver au bateau, puis on finit sur le coucher de soleil. On a bien parcouru tous les points d’intérêt de la photo, et tous les plans grâce à cette ligne. Il n’y a pas grand chose au premier plan, mais la texture du ponton reste un peu intéressante. Par ailleurs les poteaux ajoutent un peu de rythme à la photo, et les motifs que forment les planches viennent briser le côté lisse de l’eau.

Je trouve que cette photo raconte une histoire assez cohérente où chaque partie de la composition contribue à l’ensemble, et où les lignes directrices vous entraînent à travers la photo d’un point d’intérêt à l’autre.

Technique n°3 : gérez la taille de votre premier plan

La combinaison de 3 paramètres permettent d’ajuster les tailles relatives du premier plan et de l’arrière-plan.

  1. la distance focale : un objectif grand angle augmenter la sensation de profondeur en exagérant les distances, il permet de cadrer une plus grande partie du paysage, donne plus d’importance au premier-plan et réduit la taille de l’arrière-plan ; tandis qu’un téléobjectif fait ressortir l’arrière-plan par rapport au reste de la photo ; aucun des deux n’est meilleurs, ils donnent des impressions différentes ;
  2. la hauteur de l’appareil photo : baisser l’appareil photo pour le rapprocher du premier plan augmente son importance, vous pouvez le faire en vous accroupissant ou en abaissant votre trépied ; par ailleurs, cette position basse semble rapprocher les plans entre eux, ce qui permet d’éliminer les plans intermédiaires surdimensionnés qui peuvent être difficiles à relier à l’arrière-plan ; faire l’effort de vous baisser permet de découvrir des premiers plans intéressants ; de plus si le ciel est spectaculaire pointez légèrement votre appareil vers le haut pour en inclure une plus grande partie dans votre photo ; en revanche, si vous avez des lignes allant du premier au second plan, il peut être intéressant d’élever votre appareil photo pour inclure tous les éléments intéressants dans votre cadre, votre premier plan rétrécira et le regard se déplacera du bas vers le centre de l’image ;
  3. l’angle vertical : orienter votre appareil photo légèrement vers le bas permet de placer l’horizon dans le tiers supérieur de votre cadre, le premier plan occupera alors les deux tiers inférieurs du cadre, mettant ainsi davantage l’accent sur lui ; il est très probable que vous deviez écarter les pieds de votre trépied plus que d’habitude pour éviter de les voir apparaître dans le cadre.

Remarque

Vous n’êtes pas obligé d’aller forcément jusqu’au sol, parfois changer un peu d’angle suffit. En photographie de rue, par exemple on peut prendre des photos à hauteur de hanche et pointer l’appareil photo vers le haut pour capturer des personnes traversant le cadre.

Un premier plan très présent
Crédit : Luca Bravo

« Mais du coup je dois mettre l’accent sur le premier plan ou non ? »

Il n’existe pas de solution unique qui convienne à tous les cas : votre choix dépend essentiellement des points d’intérêts présents dans votre scène.

  • Si votre premier plan est intéressant visuellement ou qu’il ne se passe pas grand chose au second plan, il est en général pertinent de faire en sorte qu’il soit très présent par rapport à l’arrière-plan (en combinant objectif grand angle, une distance très courte avec l’élément au premier plan, et une orientation vers le bas),
  • D’autres fois, il vaut mieux prendre du recul et allonger la distance focale (zoomer) afin que le premier plan prenne moins d’espace par rapport à l’arrière-plan.

Astuce

Analysez les photos de photographes que vous admirez pour vous en inspirer sur le terrain.

Une autre option est de privilégier entièrement le premier plan et d’accorder peu d’intérêt à l’arrière-plan, en clair, c’est une photo « normale », avec un sujet « normal ». Ici, vous misez sur la qualité et l’intérêt du premier plan pour en faire le sujet principal, plutôt que de photographier la relation entre celui-ci et l’arrière-plan.

L’élément au premier plan est mis en avant avec un cadrage serré, le reste du paysage et l’arrière-plan on moins d’importance
Crédit : niko photos

Pour ce type de photo, choisir un bon premier plan n’est pas différent de choisir un bon sujet peu importe le genre photographie. Essayez de trouver quelque chose de visuellement intéressant ou qui raconte une bonne histoire.

Remarque

De manière générale, n’ayez pas peur de changer de perspective ! Si vous trouvez un joli premier plan qui ne s’intègre pas dans la scène, essayez de déplacer votre appareil photo plus haut, plus bas ou sur le côté pour l’intégrer dans le cadre.

Technique n°4 : le cadre dans le cadre

La technique du « cadre dans le cadre » (ou framing) consiste à utiliser le premier plan pour encadrer votre sujet principal en créant une sorte de fenêtre à travers laquelle le spectateur doit passer pour voir l’attraction principale de l’image. Le cadre n’est pas obligé d’être complet (comme dans l’exemple ci-dessous).

Cette technique crée beaucoup de profondeur et attire l’attention du spectateur sur un point précis, en général, le centre de l’image. Vous pouvez également décentrer votre sujet pour obtenir des effets différents.

Dans un cadre urbain, vous pouvez utiliser les formes angulaires formées par les bâtiments, les portes ou même l’espace entre deux personnes pour créer un cadre.

Technique n°5 : l’ancrage inférieur

Une autre approche consiste à utiliser la technique de l’« ancrage inférieur », qui donne à votre image une base solide sur laquelle s’appuyer.

Un ancrage inférieur peut être n’importe quel élément qui traverse le bas de l’image, comme des fleurs, des rochers ou des arbres. Cette technique empêche le regard du spectateur de s’égarer hors du cadre et peut donner à votre image un aspect plus équilibré. Elle permet également d’ajouter une couche tridimensionnelle à votre image, ce qui crée à nouveau une illusion de profondeur.

Dans l’image ci-dessus, les rochers et les arbres sont utilisés comme ancrage inférieur, en combinaison avec les lignes directrices créées par les couches rocheuses et le rivage et dans le coin inférieur droit.

Crédit : Condor Wei

Le point d’ancrage inférieur est un peu plus évident dans cette image : l’herbe empêche l’œil de « perdre prise » et le maintient concentré sur le centre de l’image.

Technique n° 6 : expérimentez avec la mise au point

On a l’habitude, en photo de portrait notamment, d’avoir un premier plan (le sujet) mis au point et net avec un arrière-plan flou pour concentrer toute l’attention le sujet, et marquer la séparation sujet/fond.

Mais il existe plusieurs variantes de mise au point possibles qui donneront une autre signification à votre photo.

Avoir tout net du premier-plan à l’arrière-plan, en particulier lorsqu’il y a une distance importante entre le sujet au premier plan et les objets à l’arrière-plan, tels que des falaises ou des montagnes. Pour que tout soit net, essayez le focus stacking, qui consiste à prendre plusieurs photos avec différentes mise au point. Vous pouvez ensuite fusionner ces images lors du post-traitement afin d’obtenir une seule image avec une plus grande profondeur de champ.

Crédit : Hector Perez

Remarque

Si la fusion numérique ne vous convient pas, essayez la technique de la « distance hyperfocale ». La distance hyperfocale est un point qui vous permettra de garder la majeure partie de la scène nette et claire. Lorsque votre objectif est focalisé sur ce point, tout ce qui se trouve à une distance comprise entre la moitié de cette distance et l’infini apparaîtra net sur l’image.

Une version plus simple consiste à faire la mise au point, sur un élément situé à 2 fois la distance du premier élément que vous souhaitez voir net. Par exemple, si votre premier plan est à 10 m, faîtes la mise au point sur un élément à 20 mètres.

Pour plus d’information voir mon article sur où faire la mise au point en photo de paysage.

Autre possibilité en portrait par exemple : avoir un premier plan flou devant son sujet. En effet, rien n’oblige à avoir un premier plan mis au point. Cette variante permet d’être sûr que le premier plan ne vole pas la vedette à votre sujet, cela attire naturellement le regard du spectateur vers le sujet net derrière.

Pour obtenir ce résultat : réglez vous sur une grand ouverture pour avoir profondeur de champ plus restreinte, réduisez la distance de mise au point avec votre sujet, et éloignez suffisamment le premier plan du sujet, il faudra parfois passer en mise au point manuelle ou avoir la mise au point décorrélée du déclencheur.

Crédit : Minh Nguyen

Autre possibilité : avoir votre sujet flou. Vous pouvez faire la mise au point sur un élément lié à votre sujet, qui raconte une histoire.

Dans cet exemple, on peut imaginer que l’arrière-plan est important pour le couple au premier plan, il s’agit peut-être de l’endroit où ils se sont rencontrés
Crédit : Micah & Sammie Chaffin

Technique n° 7 : essayez la règle des tiers

L’utilisation de la règle des tiers donne des résultats agréables pour le cerveau humain, c’est un des principes fondamentaux de la composition photographique.

Une image est divisée en trois sections égales sur les axes horizontal et vertical. Les points d’intersection de ces lignes de coupe sont appelés points de force. Placez les éléments du premier plan sur ces points.

Par exemple, un humain isolé peut être plus esthétique s’il touche le point de force à droite plutôt que s’il se trouve au milieu du cadre.

Crédit : Riccardo

Technique n° 8 : éliminez les éléments perturbateurs

Avant de prendre une photo, vérifiez qu’il n’y a pas d’éléments perturbateurs au premier plan qui pourraient nuire à votre composition, notamment sur les bords du cadre.

Si le premier plan contient des éléments perturbateurs ou s’il est lui-même une distraction, vous devrez peut-être réorienter votre viseur. Souvent, un simple déplacement vers la gauche ou la droite, voire vers le haut ou le bas, peut éliminer les distractions.

Parfois vous devrez vous déplacer pour changer de composition et en trouver une nouvelle avec un autre premier plan qui renforcera l’impact de votre image au lieu de le diminuer.

Alors ne vous contentez pas toujours de la première composition qui vous vient à l’esprit, l’endroit où vous vous trouvez n’est pas toujours le meilleur. Prenez le temps pour vous promener et trouver le meilleur angle ou la meilleure position pour capturer les plans dans votre cadre.

Technique n° 9 : exposer correctement

Vous avez enfin trouvé un premier plan magnifique avec des lignes directrices fascinantes, vous vous êtes baissé autant que possible pour que l’horizon se trouve dans le tiers supérieur du cadre, vous avez vérifié qu’il n’y avait pas d’éléments gênants et vous avez fait la mise au point.

Vous prenez votre photo, mais… le premier plan est trop sombre, tandis que le ciel est trop lumineux ! Se trouver avec une exposition incorrecte est un problème courant en photographie de paysage. Il ne sert à rien d’avoir un sujet magnifique au premier plan s’il est trop sombre alors que le ciel en arrière-plan est surexposé.

2 solutions s’offrent à vous pour obtenir une photo bien exposée :

  1. Le bracketing d’exposition : prenez deux photos exposées différemment, l’une exposée pour le premier plan et l’autre pour le ciel. Ensuite, fusionnez-les au du post-traitement. Cela permet d’augmenter artificiellement l’étendue dynamique de votre photo.
  2. Utiliser un filtre à densité neutre gradué pour équilibrer la lumière entre le ciel et le premier plan. Positionnez la partie filtrée sir le ciel.
Source : Amazon

Technique n°10 : combinez et équilibrez

Composer une photographie signifie souvent trouver un équilibre : toutes les parties de l’image doivent interagir harmonieusement les unes avec les autres (= aucune partie de l’image ne doit dominer les autres).

Utiliser le premier plan pour créer un espace négatif (=la zone qui entoure le sujet principal de la photographie) permet d’attirer l’attention sur ce sujet, d’améliorer l’équilibre visuel et la circulation du regard. C’est particulièrement utile lorsque le sujet risque autrement de se perdre dans un arrière-plan chargé.

L’espace vide au premier plan peut offrir un « espace de respiration » visuel au sujet, permettant à l’œil du spectateur de se concentrer clairement sur les éléments les plus importants de la scène.

Combinez toutes les techniques qu’on a vu car elles fonctionnent ensemble et se complètent souvent. Quand vous composez, pensez toujours à d’équilibre (il est facile d’en faire trop…).

Dans la photo ci-dessous, le photographe combine le framing (avec l’arbre à gauche), l’ancrage inférieur (avec les arbres en bas), et les lignes directrices (arbres verticaux et lac sinueux) qui pointent vers les montagnes au centre, là où le photographe souhaite que le regard du spectateur se pose.

Crédit : Kalen Emsley

Ici on a un framing plus marqué avec le grillage, un ancrage inférieur avec le bout de rambarde en bas, et on aussi une ligne directrice formée par la route et la circulation qui mène aux gratte-ciel.

Crédit : Alex Azabache

Exemples d’éléments de premier plan en photographie

Utiliser les sujets eux-mêmes comme premier plan dans la photographie de couple apporte une touche créative au portrait traditionnel en superposant les sujets dans le cadre. Positionnez l’un des partenaires légèrement devant l’autre, en utilisant le sujet le plus proche comme « premier plan » pour encadrer et attirer l’attention sur l’autre.

Cet effet de superposition offre au spectateur une perspective unique, rompant avec la symétrie et l’alignement conventionnels que l’on voit souvent dans les portraits de couple. Par exemple, l’un des partenaires pourrait être net au premier plan, peut-être capturé dans une pose pensive ou regardant au loin.

Placer un objet réfléchissant, comme un miroir, de l’eau ou un prisme, au premier plan de votre photo peut permettre d’intégrer des éléments environnants dans le cadre. Utilisés de manière créative, ils peuvent ajouter une touche intéressante à votre photo.

Crédit : Paweł L.

L’utilisation d’éléments architecturaux (portes, fenêtres, marches) peut ajouter un élément géométrique ou structurel au cadre. Ces éléments peuvent agir comme des cadres naturels, attirant directement le regard du spectateur vers le sujet et soulignant sa présence dans le décor.

Qu’il s’agisse de la courbe d’une arcade ou des lignes droites d’un escalier, chaque élément architectural peut contribuer à raconter une histoire sur l’environnement et l’espace, en ancrant le sujet dans un contexte ou un arrière-plan culturel spécifique.

De même, un mur qui s’étend du premier plan à l’arrière-plan attirera le regard. Les coins de votre cadre sont des points forts, et tout ce qui mène vers l’intérieur à partir de ces coins aura un impact significatif.

Crédit : Pixabay

Des objets simples du quotidien (tasse de café, livre, smartphone, instrument de musique…) placés judicieusement au premier plan, peuvent en dire long sur la personnalité d’un sujet, son mode de vie ou le récit de la photographie. Ces objets peuvent rendre un portrait plus accessible et plus authentique, en comblant le fossé entre le spectateur et le sujet grâce à l’introduction d’éléments issus de l’expérience humaine universelle.

Les éléments issus des paysages naturels (rochers, plans d’eau, épis de blé, galets d’une plage, fleurs sauvages, mousse au sol, motifs dans le sable) peuvent considérablement améliorer l’aspect narratif d’une photo en reliant le sujet à son environnement.

Ces éléments ajoutent non seulement de la texture et de la profondeur à l’image, mais soulignent également la relation du sujet avec le monde qui l’entoure, qu’il s’agisse d’un terrain accidenté qui reflète l’esprit aventurier du sujet ou d’eaux calmes qui symbolisent son attitude sereine.

Les pétales ou les feuilles ajoutent une touche de couleur et de texture, et introduisent également un élément organique et naturel qui peut compléter le sujet. Ils peuvent suggérer subtilement la saison, rehausser la beauté naturelle de votre sujet, ou même symboliser certaines émotions ou certains états d’esprit, tels que la croissance.

Crédit : Pixabay

Les éclairage (guirlandes lumineuses, lanternes, bougies) peuvent transformer l’ambiance d’une photo. Ces sources lumineuses peuvent créer des effets visuels intrigants avec des lueurs et des reflets qui ajoutent une touche de fantaisiste. Le placement de ces lumières au premier plan peut modifier la perception de la scène par le spectateur, en plongeant le sujet dans une lumière éthérée ou en le plongeant dans le mystère.

Crédit : Artem Saranin

Pour conclure, on pourrait aussi simplement dire que les meilleurs premiers plans sont ceux que vous aimez le plus !

FAQ (Foire Aux Questions)

Quel est le premier plan de la photographie ?

C’est le plan le plus proche du spectateur ou de l’appareil photo.

C’est quoi le premier plan ?

Le premier plan peut-être un élément ou un groupe d’éléments, sur le terrain, c’est ce qui est le plus proche de l’appareil photo, sur une photographie, c’est le ou les éléments qui semblent le plus proche du spectateur.

Quels sont les 3 types de plans

Les 3 types de plans sont le premier plan, le second plan (ou plan intermédiaire) et l’arrière-plan.

Qu’est-ce que le premier plan et l’arrière-plan ?

Le premier plan est la partie de la scène la plus proche de l’appareil photo, tandis que l’arrière-plan est la partie de la scène la plus éloignée ou la plus distante de l’appareil photo.

Toutes les photographies doivent-elles inclure un premier plan, un plan intermédiaire et un arrière-plan ?

Non. Très peu de photographies contiennent les 3 plans d’ailleurs, la plupart n’en ont que 2 : un premier plan et un arrière-plan, certains diront aussi qu’il n’y a pas de vrai premier plan (et donc uniquement un second et arrière-plan). Par exemple : une personne avec un arrière-plan flou, ou un lac avec une chaîne de montagne derrière.
Il n’y pas d’obligation, c’est à vous de décider. Mais en général avoir trois plans permet d’obtenir une composition plus intéressante et équilibrée.

Quel est l’intérêt d’un premier plan en photographie de paysage ?

Inclure un premier plan dans une photo de paysage peut ajouter de la profondeur, du contexte, renforcer une histoire, attirer puis guider le regard, remplir un espace pour rééquilibrer la composition. De manière général, le premier plan ajoute de l’intérêt à une photo de paysage.

Conclusion

La prochaine fois que vous cadrerez une photo, pensez à ce qui se trouve au premier plan et à la manière dont cela pourrait enrichir votre photo. Ajouter un premier plan permet en général d’obtenir une photo plus captivante, il peut mettre en valeur vos photos, en créant de la profondeur, en dirigeant le regard ou en renforçant la narration de votre histoire (et la profondeur émotionnelle d’un portrait).

Tout repose en fait sur l’idée d’une histoire : trouvez un premier plan visuellement intéressant n’est que la moitié du processus, il faudra aussi vous assurer qu’il ne semble pas trop déconnecté du reste de la photo. Essayez de choisir un premier plan qui semble conçu spécialement pour l’arrière-plan derrière lui. Idéalement, il devrait y avoir un lien significatif entre le premier plan et le reste de la photo, par exemple une couleur ou une forme similaire, une continuité du même terrain ou un lien narratif quelconque.

Parfois, vous n’aurez pas la possibilité d’avoir des éléments intéressants au premier plan. Dans ce cas réfléchissez à d’autres options : déplacez-vous ou … n’incluez pas de premier plan ! Ce n’est pas grave, une photo sans premier plan marquant vaut toujours mieux que pas de photo du tout ! D’ailleurs si vous n’avez qu’un élément intéressant dans la scène et un arrière-plan peut intéressant, faîtes une photo normale, avec un sujet qui occupe l’essentiel de la photo.

Moi je vous laisse ici, à votre premier plan et je vous dis à bientôt sur les internets MONDIAUX !

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