En composition on parle souvent de la règle des tiers. On ne parle même que de ça, à croire qu’il n’existe pas d’autre moyen de composer ses photos ! Alors aujourd’hui je vais briser la routine, et vous expliquer comment appliquer la « technique de l’espace négatif » à vos photos !
« Étrange comme nom, est-ce une technique pour photographes pessimistes ?«
Non pas vraiment, mais les plus dépressifs peuvent aussi l’utiliser si ils le souhaitent. Et ça va peut-être vous surprendre mais vous avez déjà utilisé l’espace négatif dans vos compositions sans vous en rendre compte.
Ce qui est bien avec cette « technique » c’est qu’elle est plutôt originale, frappante visuellement, et assez simple à mettre en place (enfin il y a tout de même des scènes qui s’y prêtent plus que d’autres). Il s’agit également d’une technique couramment utilisée dans la photographie minimaliste comme on le verra, mais elle peut être utilisée dans de nombreux types de photographie.
Dans cet article on va voir : ce qu’est l’espace négatif (et positif), son impact dans une composition et des conseils pour l’appliquer.
Une fois que vous aurez lu cet article vous serez capable de créer des photos marquantes visuellement, d’attirer l’attention de l’observateur et de la diriger vers votre sujet principal.
En avant Guingamp !
- Qu'est-ce que l'espace négatif ?
- L'espace positif, le pendant de l'espace négatif
- Rôle et impact de l'espace négatif sur une photo
- Composer avec l'espace négatif : trouver l'équilibre avec l'espace positif (ou pas)
- Espace négatif et minimalisme
- Dans quels genres photographiques utiliser l'espace négatif ?
- Conseils et astuces pour créer un espace négatif dans sa photo
- Mot de la fin
Qu’est-ce que l’espace négatif ?
En photographie, en design, en sculpture, en musique, dans pratiquement tous les genres d’art visuel et sonore, l‘espace négatif aide le sujet de l’œuvre à se démarquer, et à attirer l’attention de l’observateur sur ce dernier.
« Ok, ok mais c’est quoi concrètement l’espace négatif ?«
En règle générale et pour résumer :
- l’espace positif est le sujet d’une photo (et éventuellement quelques autres points d’intérêts secondaires) ;
- l’espace négatif est tout ce qui n’est pas le sujet (=la zone autour du sujet).
« Mhm, d’accord, des précisions ?«
L’espace négatif concerne souvent des zones et éléments de la scène sans détails (lisses), vides (ou presque) ou d’une couleur unie. Autrement dit il s’agit de la partie de la photo qui a le moins de poids visuel (=qui n’attire pas beaucoup l’attention, voire pas du tout).
Ci-dessous, voici un exemple très schématique : la zone bleue est l’espace négatif (et l’espace positif sont les 3 petits objets qui suivent la règle des impairs) :
On peut aussi dire que l’espace négatif crée une impression distincte d’espace vide et de séparation par rapport au sujet principal. On parle parfois d’« espace de respiration », en particulier lorsque le sujet est une personne ou un être vivant (comme dans l’exemple ci-dessous).
En photographie, l’espace négatif est souvent constitué d’éléments comme :
- l’eau,
- le ciel,
- un mur,
- du sable,
- du brouillard,
- de l’herbe,
- etc.
Tous les éléments que je viens de citer ont tendance à se fondre facilement dans le décor, et c’est pour cette raison qu’ils constituent un excellent espace négatif : un ciel clair, un mur blanc, lisse, ou une étendue de sable n’accrochent pas le regard.
Crédit : Francisco Gonzalez
Je vous disais au début pour simplifier que l’espace négatif est souvent lisse et vide. Et c’est vrai que c’est ainsi que l’espace négatif se présente le plus souvent. Encore un nouvel exemple avec l’obscurité cette fois qui peut faire office d’espace négatif.
Mais l’espace négatif peut aussi être une zone (souvent homogène) avec des motifs, des éléments qui se répètent, des objets texturés… La seule condition pour qu’ils soient toujours négatifs est qu’ils ne doivent jamais attirer plus le regard que le sujet.
Dans cette photo ci-dessous, l’espace négatif est un peu plus chargé que dans les précédents exemples avec ce bâtiment vitré, mais il n’accroche pas plus l’œil que le sujet pour autant (la personne qui marche). On peut donc toujours le considérer comme un espace négatif car il est discret, il se fond dans le décor.
Dans certains cas, les bâtiments bien définis et les personnes (notamment en utilisant le flou de mouvement) font également office d’espace négatif.
En fait, l’espace négatif peut être créé à l’aide de toutes sortes d’objets tant qu’on garde ce côté homogène et discret (=moins accrocheur visuellement que le sujet).
On peut aussi utiliser des éléments similaires au sujet à l’arrière-plan (motifs qui se répètent), notre œil les considère immédiatement comme un groupe homogène. Par exemple, dans la photo ci-dessous les feuilles vertes (zone homogène) constitue un espace négatif lorsqu’une seule feuille rouge se détache, attire l’attention et constitue le sujet.
Ici, les éléments similaires n’attirent pas le regard, au contraire, ils dirigent votre regard vers la zone de l’espace positif. Cela vous incite à vous concentrer encore plus sur le sujet.
L’espace positif, le pendant de l’espace négatif
- Le bien n’existe pas sans le mal,
- le beau n’existe pas sans le moche (remerciez les moches),
- le clair n’existe pas sans l’obscur,
- et l’espace négatif n’existe pas sans l’espace positif.
On entend toujours parler de l’espace négatif dans une image, mais beaucoup moins de l’espace positif.
Or, l’espace négatif ne peut exister sans son opposé : l’espace positif. Et inversement, l’espace positif ne peut exister sans l’espace négatif. Ce sont les 2 faces d’une même pièce.
Vouloir supprimer l’un ou l’autre c’est un peu comme vouloir supprimer les ombres ou la lumière : la photo deviendra dans la plupart des cas plate et sans saveur. La photographie est un jeu d’ombres et de lumières, mais aussi un jeu d’espaces négatifs et d’espaces positifs.
L’espace positif est tout le contraire de l’espace négatif : il attire le plus l’œil (souvent en premier ou du moins le plus longtemps). L’espace positif est la zone d’une photo qui comprend le sujet principal, accompagné éventuellement d’éléments intéressants supplémentaires (mais secondaires).
Dans la photo ci-dessous,
- il y a beaucoup d’espace positif : les bâtiments, les arbres, les voitures et même les nuages avec leurs textures ;
- mais très peu d’espace négatif : un peu de ciel bleu, et un bout de plage.
L’espace positif peut être n’importe quoi, mais voici quelques exemples courants :
- les visages,
- les personnes,
- les bâtiments,
- la faune et la flore,
- les montagnes,
- etc.
« Alors, qu’est-ce qui est mieux, l’espace positif ou l’espace négatif ?«
Ni l’un ni l’autre.
En photographie, l’objectif est de combiner les deux types d’espaces pour créer une composition équilibrée (ou non) comme on le verra plus tard dans l’article.
L’espace positif est en général placé selon une règle de composition (règle des tiers, le nombre d’or, triangle…) ou grâce aux lignes directrices.
Dans notre exemple ci-dessous :
- l’arbre et la balançoire sont les sujets, ils sont placés sur 2 points de force de la règle des tiers et attirent toute l’attention, ils représentent donc l’espace positif, les 5 autres arbres à l’arrière-plan attirent aussi l’attention mais dans une moindre mesure, ce sont d’autres éléments secondaires de l’espace positif ;
- les autres parties sont des espaces négatifs, même si elles contiennent des éléments.
Il est possible de remplir le cadre avec un grand sujet, en réduisant l’espace négatif. En d’autres termes, la majeure partie du cadre contient de l’espace positif. Dans ce cas, c’est le sujet qui retient toute l’attention. C’est une composition qui fonctionne aussi.
Il est également possible d’ajouter un grand nombre d’éléments différents plus petits pour remplir complètement le cadre. Dans le second cas, l’image devient très animée, voire chaotique. Cela peut être voulu, pour évoquer un certain sentiment dans l’image mais bien souvent, le résultat ne sera pas agréable à regarder. Il se peut même que la composition ne soit pas du tout correcte.
Cette photo ci-dessous contient de nombreux éléments qui attirent l’attention. Le cadre est rempli d’espaces positifs et donne donc l’impression d’être encombré et plein.
Une image sans espace négatif n’aura pas de zone qui « respire ». Placer des points d’accroche sur l’ensemble de votre image attirera l’attention du spectateur PARTOUT. Ses yeux ne cesseront de passer d’un point à l’autre comme dans le cliché ci-dessus.
L’espace positif permet également d’acquérir une symétrie ou un rythme par la répartition des éléments dans le cadre. Le rythme c’est ce qui guide le regard via divers points d’accroches répartis dans la photo.
Rôle et impact de l’espace négatif sur une photo
Les artistes (sculpteurs, musiciens, architectes, graphistes) utilisent l’espace négatif pour structurer leurs créations, produire des compositions plus audacieuses et plus distinctives. Grâce à des compositions plus simples et plus nettes, l’espace négatif permet une plus grande clarté.
Faisons un parallèle avec la musique pour mieux comprendre le rôle et l’impact de l’espace négatif.
Lorsqu’un clarinettiste joue un solo, la plus grande partie de l’orchestre devient relativement silencieuse plutôt que de jouer des mélodies qui se feraient concurrence. Quelques autres instruments peuvent jouer un accompagnement simple, presque imperceptible, qui aide à guider l’instrument soliste pendant qu’il porte la mélodie.
Cet accompagnement paisible est l’équivalent de l’espace négatif, qui soutient la clarinette, lui donne une structure sans la distraire.
Crédit : Gilles Gravier
Dans le jazz, on pourrait assimiler l’espace négatif aux espaces entre les notes : cet espace ne contient pas de musique, mais il joue un rôle fondamental dans la manière dont une mélodie prend forme.
4’33 ou l’espace négatif poussé à son extrême
Certains compositeurs poussent l’idée d’espace négatif musical à l’extrême, comme John Cage dans sa célèbre pièce intitulée 4’33, qui consiste en un orchestre entier assis en silence sur scène pendant plusieurs minutes (c’est long, très long).
« Oui d’accord, je vois à peu près l’idée, mais concrètement en photographie, ça a quel impact ?«
Oui, je m’égare, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos photos.
L’œil humain reconnaît les formes simples et claires. Et la « respiration » qu’offre l’espace négatif autour du sujet permet à sa forme d’apparaître sans interruption, de souligner son importance et de lui donner une présence et un rôle plus important dans le cadre.
Autrement dit, en isolant le sujet, le spectateur comprend rapidement son importance visuelle par rapport aux autres éléments du cadre. En séparant un sujet grâce à l’espace négatif, vous lui donnez presque une « aura » qui lui permet de parler plus fort dans la photographie.
Une autre mécanique qui renforce le sujet, est le fait que les espaces négatifs concentrent le regard sur des espaces (plutôt que sur d’autres) dans la photo .
Que ce soit un couple le jour de leur mariage entouré d’un ciel bleu dégagé ou une fleur rouge entourée d’un espace vide composé d’herbe floue, votre spectateur s’intéressera plus directement à votre point d’intérêt.
L’espace négatif a aussi un impact sur l’ambiance et l’histoire d’une image en nous faisant ressentir certaines émotions.
L’impact émotionnel de l’espace négatif sur votre photo est étroitement lié à tous les autres éléments qui la compose (sujet, lumière, couleurs, nature des éléments secondaires, point de vue etc). Son effet est aussi différent d’un spectateur à l’autre (en fonction de son expérience de la vie, sa culture etc).
Mais voici tout de même ci-dessous quelques exemples d’impacts émotionnels que l’espace négatif peut avoir sur une photo.
L’espace négatif peut créer un sentiment de légèreté et d’aération, renforcer les émotions positives.
L’espace négatif peut créer un sentiment de calme, de tranquillité, de détente, de contemplation.
L’espace négatif peut souligner les sentiments de votre sujet, qu’ils soient romantiques ou simplement joyeux,
Mais l’espace négatif peut aussi ajouter un sentiment de solitude (dû à la différence de taille entre le sujet principal et la zone environnante) ou de désespoir, il peut être sombre, triste, voire mélancolique, en particulier dans les images en noir et blanc.
L’espace négatif peut aussi servir de contexte.
L’utilisation d’espaces négatifs peut vous aider à souligner la taille du sujet que vous photographiez. Par exemple, si vous photographiez un nouveau-né vous pouvez montrer à quel point il est petit. Ou de montrer à quel point des mariés sont petits par rapport à la vaste plage sur laquelle ils se sont dit oui.
Espace négatif et praticité professionnelle
De manière plus pragmatique, et notamment pour les professionnels, l’espace négatif permet d’avoir plus d’options, notamment si vous êtes portraitiste et que vous vendez des photos numériques. En effet, nombre de vos clients voudront publier les photos prises sur les réseaux sociaux. Or, quasiment toutes les plateformes nécessitent un recadrage de la photo, laisser un peu de marge évitera donc que votre client se retrouve avec le haut de sa tête ou ses épaules coupées lors de l’ajustement.
Autre exemple, si un client demande qu’une certaine image soit imprimée sur une toile, les images comportant un espace négatif vous permettent de répondre à cette demande sans craindre qu’une partie de l’image soit coupée par un cadre.
Vous souhaitez soumettre votre image pour la couverture d’un magazine local ? De nombreux rédacteurs en chef souhaitent que les images comportent beaucoup d’espaces négatifs afin de pouvoir y insérer le texte du titre. Vous voulez commencer à proposer à vos clients la conception d’une carte de Noël ? Les images avec un espace négatif facilitent la tâche. Vous voulez faire de la publicité pour des mini-séances sur Facebook ? Essayez de placer le texte dans l’espace négatif de l’une de vos images préférées.
Composer avec l’espace négatif : trouver l’équilibre avec l’espace positif (ou pas)
Depuis le début, je vous parle de « la technique de l’espace négatif » car c’est accrocheur. Ça fait cliquer, et lire (merci de me lire d’ailleurs).
Mais en réalité l’espace négatif est un élément naturel présent dans la plupart des scènes, et est donc présent dans presque toutes les images. Donc l’espace négatif N’est PAS une règle de composition à proprement parler.
En effet, l’espace négatif fait naturellement partie de la composition et décrit la distinction entre le sujet et le reste du cadre (même si la composition est chaotique et désordonnée).
Dans cet exemple ci-dessous, on a une photo plutôt « classique », bien « remplie ». Et sans spécialement le vouloir, on se retrouve avec un espace négatif : le ciel bien bleu et lisse. Ce qui est normal, car les espaces négatifs sont naturellement présents dans les scènes que vous photographiez (comme je vous le disais juste avant).
Même si l’espace négatif est discret, il a tout de même un certain poids visuel (comme tout ce qui se trouve dans une photographie). Vous devez donc réfléchir à la quantité et à l’endroit où vous incorporez de l’espace négatif.
En effet, l’ajout ou la suppression d’un espace négatif affecte le poids des autres éléments de l’image, qui deviennent plus léger ou plus lourds visuellement dans le cadre. Mais, cela signifie aussi que vous pouvez l’utiliser pour équilibrer votre composition comme on va le voir.
« D’accord, mais comment je compose avec l’espace négatif alors ?«
Comme on l’a déjà vu, l’espace négatif dirige le regard. Réfléchissez alors à l’endroit dans la scène où la composition doit diriger les yeux du spectateur. Pour vous aider voici ce que font les yeux en général :
- ils remarquent brièvement l’espace négatif,
- ce qui les attire ensuite vers le sujet principal (ce phénomène peut être renforcé par d’autres éléments de la composition, tels que les lignes directrices),
- une fois que le spectateur a fini d’inspecter les sujets principaux, il parcoure à nouveau l’espace négatif.
La façon classique d’utiliser l’espace négatif est de trouver l’équilibre avec l’espace positif pour donner un sentiment d’harmonie à votre photo, d’être entières, complètes, satisfaisantes. Pour se faire, vous devez vous assurer que votre sujet et l’espace négatif ne se font pas concurrence en termes de poids visuel. Cette quantité d’espace négatif nécessaire à l’équilibre varie en fonction de plusieurs paramètres comme le sujet, l’arrière-plan, la composition, l’histoire, etc.
Concrètement : l’espace positif est plus « lourd » visuellement et l’espace négatif est plus discret (plus « léger » visuellement). Par conséquent, pour obtenir un équilibre, l’espace positif doit occuper une zone plus restreinte et l’espace négatif peut occuper plus d’espace sur la photo .
Ainsi, beaucoup d’espace négatif peut contrebalancer un peu d’espace positif.
« D’accord, mais j’ai du mal à visualiser concrètement le rapport de force…«
Certains photographes appliquent la règle de l’espace négatif 2:1, qui consiste à avoir environ deux zones d’espace négatif pour une zone d’espace positif. C’est loin d’être une règle gravée dans le marbre, il s’agit plutôt d’un repère à garder à l’esprit.
Par exemple dans cette photo très schématique, on a à peu près 1/3 d’espace positif, avec la montagne et son reflet qui attirent l’œil, et 2/3 d’espace négatif (avec le ciel).
Mais vous pouvez aussi briser les règles : dans certaines compositions, les espaces négatifs occupent la majorité de l’image. Pas d’équilibre ici donc.
Le contraste entre l’espace négatif et l’espace positif nous rend encore plus curieux du sujet principal, ce qui incite le spectateur à remarquer et à inspecter encore plus le sujet principal, à prendre plus de temps pour l’observer. D’une certaine manière, plus le sujet dans l’espace négatif est petit, plus il sera visible.
Par exemple, regardez l’image ci-dessous. Vous pouvez voir l’espace positif, l’arbre. C’est un sujet plutôt « lourd », qui attire l’attention avec toutes ses petites branches, et tout l’espace négatif qui l’entoure (le ciel et l’étendue d’herbe) le rend encore plus remarquable.
« Curieux ce principe !«
Oui. Mais faisons un parallèle pour mieux comprendre ce phénomène : si je vous tends une feuille de papier blanc propre avec une seule tache d’encre, vous remarquerez immédiatement la tache d’encre.
C’est le même principe avec l’utilisation abondante d’espace négatif.
En fin de compte, la proportion d’espace négatif utilisée dans une image peut varier d’un cliché à l’autre. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’utiliser l’espace négatif. Tout dépend :
- de l’effet que vous essayez de créer (équilibre harmonieux ou déséquilibre/tension/emphase),
- et du sujet à compenser (plus le sujet est lourd visuellement, plus l’espace négatif prend de la place).
Certaines photos comportent beaucoup d’espace négatif et aucun élément distrayant, tandis que d’autres comportent beaucoup d’espace positif et plusieurs éléments différents sur lesquels se concentrer. Vous devez prendre chaque situation au cas par cas et trouver la meilleure façon d’utiliser l’espace négatif pour votre sujet. Mais il est souvent bon de garder la composition aussi simple que possible.
Cette photo ci-dessous est pleine d’espaces positifs, elle est bien remplie, mais pas « mauvaise » pour autant (une retouche un peu poussive peut-être niveau texture et couleurs).
Certains pensent à tort que pour qu’une image utilise un espace négatif, la zone entourant le sujet doit être complètement vide. Tant que vous éliminez les éléments distrayants et que vous créez une séparation autour du point d’intérêt, vous obtenez l’effet désiré.
Dans cet exemple ci-dessous, la forêt fait office d’espace négatif, et le sujet est la route. La forêt n’est pas un espace « vide », et est même plutôt texturée, mais sa teinte est plutôt homogène (sans taches de couleurs distrayantes) et elle occupe la majorité de l’espace, ce qui en fait un bon espace négatif.
On pense aussi souvent à tort que si l’on utilise l’espace négatif, l’image ne doit comporter qu’un seul sujet principal. Or, il est possible d’avoir deux sujets principaux ou plus.
Mais attention, gardez à l’esprit qu’il devient plus difficile d’utiliser l’espace négatif en photographie lorsque les sujets principaux occupent de plus en plus de place dans le cadre.
Espace négatif et minimalisme
Le minimalisme est décrit comme un art minimal. Il est réalisé en montrant un sujet de la manière la plus simple possible. L’incorporation de l’espace négatif peut aider en ce sens en contribuant à éliminer les distractions et le désordre, et à créer des compositions minimalistes.
Ces compositions sont souvent très abstraites, comme une étendue de ciel bleu vide ou une dune de sable qui s’étend dans toutes les directions.
En déséquilibrant vos compositions en incluant une majorité d’espace négatif (comme on l’a vu avant) et en incluant un seul élément accrocheur entouré de vide on peut aussi créer une photo minimaliste. Ce type d’image permet au sujet de respirer et à l’observateur de se concentrer uniquement sur lui.
Cependant : toutes les images comportant un espace négatif ne sont pas obligatoirement minimalistes. Et vous pouvez composer avec une combinaison équilibrée d’espaces positifs et négatifs pour obtenir un effet différent.
Crédit : Thom Bradley
En effet, une image minimaliste présente trois caractéristiques :
- l’utilisation d’un grand nombre d’espaces négatifs ;
- un sujet qui occupe une petite partie de l’image (bien qu’il puisse y avoir des exceptions, comme toujours), mais dans l’ensemble, plus un sujet occupe de place, moins la photo est minimaliste ;
- l’absence d’autres éléments dans le cadre, ce dernier point est important, c’est ce qui distingue ce type de photo de l’utilisation ordinaire de l’espace négatif.
Même avec le minimalisme, on peut utiliser une règle de composition pour placer le sujet unique. Mais il peut être facile de s’écarter de ces règles et d’opter pour un placement plus original (comme dans la photo ci-dessous).
Voici mes recommandations :
- Commencez par identifier un sujet principal, comme un arbre, une personne ou un bâtiment. Ce sera votre espace positif.
- Ajustez votre espace positif, la distance focale et l’angle de l’appareil photo jusqu’à ce que votre sujet principal soit tout seul, entouré d’un espace négatif. (Une perspective basse est idéale pour cela ; en vous abaissant jusqu’au sol, vous pouvez cadrer votre sujet contre le ciel).
- Éliminez autant de couleurs que possible. Vous voulez de l’uniformité, si vous pouvez l’obtenir : juste une ou deux couleurs dans une scène très harmonieuse.
- Positionnez votre sujet principal vers le bord de la composition. Vous pouvez essayer de placer le sujet sur un point de force de la règle des tiers ou le long d’une ligne de tiers, mais vous pouvez également envisager de le rapprocher du bord du cadre.
La photo de lampadaire ci-dessous est très minimaliste : avec uniquement un lampadaire en bas, tandis que le reste de la photo est un espace négatif.
Dans quels genres photographiques utiliser l’espace négatif ?
L’espace négatif peut s’appliquer à différents types de photographie.
En photographie de paysage : les grandes étendues de ciel bleu, les plages, les forêts uniformes et les déserts constituent souvent des espaces négatifs naturels de premier choix. Cela permet au sujet principal, tel qu’une montagne ou un arbre, de se détacher remarquablement.
La photographie de voyage bénéficie également de l’espace négatif, pour des raisons similaires aux photos de paysage. On peut imaginer une route qui s’étire dans un paysage vide, ou une personne se tenant au bord d’un lac.
La photographie de rue enregistre la vie quotidienne dans les lieux publics, ainsi de par sa nature, elle a plutôt tendance à être chargée et pleine de détails ce qui peut rendre l’utilisation de l’espace négatif difficile… Mais pas impossible ! L’espace négatif peut être utilisé pour créer des images de rue plus austères, plus frappantes et plus émotionnelles. Par exemple une personne seule traversant une place ouverte peut en dire long sur la vie urbaine et l’isolement, une grande étendue de mur avec une personne passant dans le coin inférieur, ou encore un skateur entouré d’un skatepark en béton.
La photographie de portrait : vous pouvez utiliser l’espace négatif pour créer une image puissante en laissant de l’espace autour du sujet, vous attirerez l’attention sur son expression ou ses caractéristiques.
La photographie d’architecture : encadrer des bâtiments avec un ciel étendu permet de mettre en valeur leurs tailles et leurs forme pour créer des clichés percutants.
La photographie de nature morte : ce sont généralement des photos très détaillées et les images risquent d’être encombrées si l’arrière-plan est trop chargé. En laissant un espace vide autour des objets, vous pouvez mettre en valeur leurs textures, leurs détails et leurs couleurs.
La photographie animalière : des dauphins bondissant dans l’océan aux girafes errant dans les plaines, l’espace négatif permet à l’incroyable règne animal de s’exprimer. L’œil du spectateur est naturellement attiré vers le sujet, ce qui lui permet de saisir toutes les caractéristiques et tous les détails uniques de l’animal.
La macrophotographie : sans doute l’un des styles photographiques où l’espace négatif se crée le plus naturellement et le plus facilement, notamment grâce à la faible profondeur de champ induite avec ce type de prise de vue, ou encore grâce au fond naturellement sombre qui peut se produire.
La photographie événementielle, la photographie documentaire et la photographie sportive sont souvent plus axées sur l’espace positif. L’objectif est ici de transmettre des informations sur une personne, un cadre ou une histoire, et l’espace positif communique généralement plus de détails.
Les genres et les idées que j’ai partagés ci-dessus ne sont que des suggestions, il n’y a pas de règle en composition : si vous vous sentez inspiré pour réaliser des images documentaires avec beaucoup d’espace négatif, ne vous en privez pas.
Vous êtes en numérique, testez, laissez votre créativité s’exprimer, il est toujours rafraîchissant d’essayer de nouvelles approches. Plongez dans différents sujets et voyez comment l’espace négatif peut améliorer votre style.
Conseils et astuces pour créer un espace négatif dans sa photo
À moins de travailler dans un studio, les photographes doivent souvent cadrer ce qui existe déjà pour essayer de créer des espaces négatifs, c’est pourquoi il peut être difficile d’en créer sur le terrain. Alors dans cette partie on va voir divers conseils et techniques pour ajouter de l’espace négatif à vos photos.
1 – État d’esprit pour créer un espace négatif
- Déterminer le sujet à photographier. Il peut s’agir d’un arbre solitaire dans un champ, d’un humanoïde debout contre un mur de briques ou d’une fleur entourée de verdure.
- Donnez de l’espace à votre sujet. Essayez de donner à votre sujet une certaine marge par rapport aux autres éléments de la composition. Par exemple, un arbre isolé sur une colline semble respirer grâce au ciel qui l’entoure. En revanche, un arbre entouré de nombreux autres arbres n’est pas suffisamment séparé des autres éléments distrayants. Le sujet « étouffe » et l’attention de l’observateur est ainsi divisée entre plusieurs points d’intérêts.
- Tenir compte des autres éléments de la scène. Lorsque vous photographiez des images avec des espaces négatifs, vous devez davantage penser à l’arrière-plan ou à l’espace négatif et à la manière dont vous le placez dans votre image plutôt que de vous concentrer uniquement sur votre sujet.
2 – Recherchez des formes géométriques fortes
L’œil humain aime les formes géométriques simples et fortes. C’est pourquoi certains des logos les plus percutants, comme Nike ou Apple, sont des formes simples qui sont immédiatement reconnaissables.
Si vos formes sont minimales, vous n’aurez peut-être même pas besoin d’un sujet évident dans le cadre : deux espaces négatifs qui s’emboîtent parfaitement peuvent suffire à créer une image saisissante.
3 – Laissez la scène dicter votre combinaison d’espace négatif et d’espace positif
Chaque scène présente un rapport différent entre l’espace négatif et l’espace positif.
Bien que vous puissiez, en tant que photographe orienter les choses en modifiant la distance focale, la perspective et cadrage, ne forcez pas les choses. Acceptez qu’une scène soit plutôt pleine d’espace négatif, ou plutôt pleine d’espace positif.
Demandez vous à quoi ressemble déjà la scène, et travaillez avec ce que vous avez.
Par exemple, si c’est le début de la matinée, que le brouillard est bien installé et qu’il recouvre la plus grande partie de la scène, ne vous dîtes pas « C’est dommage, à cause du brouillard, on ne voit rien ! Je me barre ! ».
Restez.
Restez et examinez le brouillard et la façon dont il drape les éléments comme une lourde couverture. Si vous prenez le temps, vous vous rendrez compte qu’il s’agit d’un phénomène étonnant et qui vaut le coup d’être photographié. Embrassez l’espace négatif et capturez une belle image minimaliste.
4 – Utiliser des couleurs unies
Le « vide » n’est pas obligatoire pour créer de l’espace négatif, mais c’est sans doute le plus efficace pour en créer. Le vide peut être souligné et rendu encore plus vide si il est composé d’une couleur unie.
Vous pouvez également penser à des couleurs complémentaires pour que l’espace positif et l’espace négatif s’équilibrent encore mieux.
5 – Recherchez les motifs et les textures qui se répètent
Comme on en a déjà parlé, le vide n’est pas obligatoire, et l’homogénéité peut aussi créer un espace vide. On n’est donc pas obligé de se cantonner à un mur lisse ou un ciel bleu
Par exemple, les motif répétés ne sollicitent pas trop l’attention de l’observateur et peuvent faire office d’espace négatif.
Attention toutefois à ne pas choisir un motifs trop audacieux ou trop complexes, s’ils « concurrencent » l’espace positif (le sujet), il ne s’agit plus d’un espace négatif.
6 – Cadrez votre sujet contre le ciel
Trouver beaucoup d’espace négatif dans une scène peut parfois s’avérer difficile. Mais en plein air, le plus simple est parfois de chercher dans les airs.
Le ciel, avec son aspect généralement plat, constitue un excellent espace négatif naturel qui contribue à attirer l’attention de l’observateur sur votre sujet. Le ciel n’est pas intrusif ou distrayant ; il est simplement là, et il peut équilibrer efficacement l’espace positif dans vos compositions.
Pour faire entrer plus de ciel dans votre photo essayez de changer d’angle : baissez-vous et orienter votre appareil photo vers le haut (contre plongée). Le ciel devient alors un élément majeur de votre composition et un cliché ordinaire se transforme en quelque chose de bien plus intéressant. Cette technique peut transformer une scène de rue encombrée et désordonnée en une image calme et sereine, et elle peut donner à une fleur dans un champ un aspect profond et significatif.
N’ayez pas peur de recadrer votre sujet afin d’éliminer tout ce qui pourrait encombrer l’horizon.
Veillez à ne pas sous-exposer votre image, car votre objectif absorbera beaucoup de lumière, ce qui risque d’embrouiller votre appareil photo si vous utilisez les réglages automatiques.
7 – Utiliser la lumière et l’ombre
Un arrière-plan peut être désordonné et encombré, mais s’il est nettement plus sombre que l’endroit où vous avez placé votre sujet, vous pourrez peut-être éliminer toutes ces distractions grâce à la différence d’exposition (en exposant pour le sujet), il est probable que l’arrière-plan disparaisse. Si en plus de ça le sujet est d’une couleur unie, cela peut le faire ressortir encore plus de l’arrière-plan.
Si ce n’est pas le cas, vous pourrez peut-être l’assombrir légèrement lors de la retouche de vos photos et isoler véritablement votre sujet dans le cadre.
Vous pouvez même utiliser des silhouettes, votre sujet apparaissant comme une forme sombre dans l’espace négatif.
8 – Restez simple, éliminez les distractions et trouver un arrière-plan propre
Si on pouvait résumer le concept derrière l’utilisation de l’espace négatif c’est que : moins, c’est mieux.
Certaines compositions fonctionnent mieux avec de nombreux éléments différents, mais souvent le plus efficace est de se limiter à quelques éléments.
Pour créer de l’espace négatif, simplifiez la composition en réduisant le nombre d’éléments présents dans le cadre : en incorporant plus de ciel, des pans de mur vierges, de zones floues ou de tout autre espace « vide » que vous pouvez trouver et qui contraste avec le sujet principal.
Avoir un arrière-plan épuré avec un sujet fort est la clef pour un « effet d’espace négatif » réussi.
Bien sûr ce n’est pas grave si l’arrière-plan a un peu de texture, comme le ciel ou un champ d’herbe. Mais une multitude d’éléments chargés pourrait casser votre composition en ajoutant un espace positif. Les éléments distrayants détournent alors l’attention du sujet, encombrent l’image, laissent l’œil du spectateur confus et errant, et interrompent ainsi l’accent mis sur le sujet par l’espace négatif.
Ainsi, avant d’appuyer sur le déclencheur, prenez le temps de balayer l’ensemble du cadre. Cherchez ce qui n’a pas sa place et modifiez votre composition pour l’exclure : déplacez-vous autour du sujet, changez d’angle, repositionnez l’appareil photo ou attendez le bon moment pour essayer de l’encadrer avec de l’espace négatif, de l’isoler en le contrastant avec son environnement
Avec un cadre sans distraction, vous aurez plus de chances d’atteindre l’harmonie parfaite entre l’espace positif et l’espace négatif.
Si vous avez un peu de mal sur le terrain, mais que vous vous débrouillez au post-traitement vous pouvez supprimer les éléments les plus petits sur votre ordinateur.
9 – Essayez de convertir vos photos en noir et blanc
Une conversion en noir et blanc a le pouvoir de transformer une zone autrefois chaotique (espace positif) en espace plus « tranquille »(négatif).
En effet, la couleur peut donner des zones hétérogènes à cause de la variété de teintes qu’elle présente, leur donnant un certain poids visuel. Mais si vous passez en niveau de gris, vous simplifiez la photo, et vous rendez certaines zones plus homogènes et légères.
Cette technique ne fonctionne pas à tous les coups, son succès dépend des tons existants dans la photographie. Et on dit souvent qu’une photo en noir et blanc se décide à la prise de vue. Mais ça vaut le coup d’essayer, sur un malentendu, ça peut marcher.
10 – Écartez votre sujet du centre du cadre
Si vous connaissez « règle des tiers », vous savez qu’un sujet éloigné du centre de l’image acquiert plus de poids visuel. Ce type de positionnement se marie généralement bien avec l’utilisation de l’espace négatif.
En effet, au lieu d’une image symétrique équilibrée, on peut obtenir une photographie tout aussi harmonieuse grâce à la manière dont le sujet est décalé par rapport à une grande zone d’espace négatif utilisée comme « contre-poids« .
Attention quand vous utilisez cette technique, orientez avec soin votre sujet, et notamment son regard.
- Si votre sujet regarde dans le cadre, il peut sembler paisible et détendu,
- alors que s’il regarde hors du cadre, il peut sembler tendu et distrait, ou donner un air de mystère à l’image.
Aucune des 2 orientations n’est meilleure, utilisez celle qui est cohérente avec ce que vous souhaitez retranscrire dans votre photo.
Cette technique de « décalage et d’espace négatif » fonctionne bien aussi avec les sujets en mouvement, laissez de l’espace devant lui. Concrètement, si votre sujet se déplace de gauche à droite, laissez de l’espace à droite, et inversement.
Et pour finir, comme on l’a déjà vu avec le minimalisme, positionner votre sujet dans une partie inattendue de l’image, comme le coin inférieur gauche, peut être surprenant et donner une image plus frappante.
11 – Adopter une vision plus large…
Les objectifs grand angle élargissent votre angle de champ et vous donne plus d’espace, vous permettant d’inclure de vastes arrière-plans remplis d’espaces négatifs ou encore de découvrir plus facilement des formes géométriques fortes. Si vous êtes suffisamment éloigné du sujet bien sûr !
Imaginez un paysage avec un arbre isolé, soutenu par un ciel apparemment sans fin. Ou imaginez quelques fleurs dans un champ, soutenues par une étendue d’herbe qui s’étend à l’infini. C’est ce qu’un grand angle permet de capturer.
Le recul permet de réduire la taille du sujet dans le cadre, il ressortira ainsi beaucoup mieux par rapport à l’espace négatif. Par ailleurs, l’environnement autour de votre modèle peut contribuer à la composition. Parfois, le sujet a besoin d’espace pour respirer.
« Je n’ai pas d’objectif grand angle, comment je fais ?«
Dans ce cas, il va falloir utiliser une très ancienne technologie : vos pieds. Reculez de quelques pas, trouvez un nouveau point d’observation et de photographier à partir de là. Avec un peu de patience, vous trouverez le bon endroit.
12 – … ou au contraire, réduisez le champ
« Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près. »
Robert Capa
La plupart du temps, c’est un bon conseil, même dans le cas de l’utilisation de l’espace négatif.
En effet, je vous parlais juste avant d’objectif grand angle, mais le revers de la médaille avec ce type de matériel c’est qu’ils englobent tellement d’espace qu’il peut devenir impossible de trouver un espace négatif. Les objectif grand angle peuvent créer des cadres remplis de détails lourds visuellement (ce qui n’arrange pas notre affaire).
On peut se rapprocher d’un sujet physiquement (en marchant vers lui), ou optiquement avec un objectif plus long. Cette technique peut vous permettre d’éliminer tout le désordre, vous aidant ainsi à isoler votre sujet principal et à l’entourer d’une zone calme et paisible.
Si vous décidez d’allonger votre distance focale, il est possible que vous soyez obligé de vous éloigner physiquement de votre sujet, cela vous permettra de simplifier la photo en utilisant la compression des plans.
Si vous en avez la possibilité, approchez-vous de votre sujet, déclenchez, puis éloignez-vous pour inclure davantage d’éléments de l’environnement afin d’utiliser l’espace négatif. C’est ce qu’on appelle travailler le sujet et c’est le processus qui consiste à explorer les possibilités photographiques en variant la distance focale, la distance de prise de vue (ou d’autres paramètres).
13 – Utiliser une faible profondeur de champ
Si vous photographiez un sujet sur un arrière-plan chargé et que vous souhaitez créer un espace négatif autour de lui, la manière la plus simple et efficace est sans doute de « flouter » l’arrière-plan avec une faible profondeur de champ.
Pour favoriser une faible profondeur de champ, vous pouvez utiliser un objectif plus long, régler une ouverture plus grand (comme f/1.8) ou vous rapprocher du sujet.
Au lieu d’être désordonné et distrayant, l’arrière-plan se transforme en une zone floue homogène, permettant d’isoler votre sujet principal et de l’entourer d’un espace négatif.
14 – Recadrer vos photos au post-traitement
Pour vous entraîner à mieux comprendre l’impact et le fonctionnement de l’espace négatif, amusez-vous à passer en revue des photos que vous stockez sur votre ordinateur, recadrez-les, supprimez les éléments inutiles et distrayants. Observez attentivement comment cela peut influencer une composition.
Cet exercice vous permettra de développer votre œil de photographe. C’est cet instinct qui réussit à trouver une bonne composition. Cela se développe notamment en passant du temps à jouer avec ses photos et à déterminer ce qui fonctionne ou pas.
Le recadrage de vos images peut vous aider à développer une meilleure compréhension de la prise de vue, et la réduction d’une photographie à un sujet entouré d’espace négatif peut vous aider à comprendre comment créer un équilibre ou une tension.
Mot de la fin
Les photographes ont tendance à fixer leur regard uniquement sur le sujet principal. Mais prêter attention à ce qui entoure le sujet principal est tout aussi important.
L’espace négatif est un outil puissant dans votre arsenal créatif. Vous devriez maintenant avoir une bonne compréhension de ce qu’est l’espace négatif (et positif), son rôle et son impact dans la composition, et la manière dont il peut être créé dans vos photos.
Si vous avez 3 choses à retenir de cet article c’est que
- L’espace négatif peut s’appliquer à presque tout type de photo, pas uniquement aux photos minimaliste. C’est un moyen d’attirer l’attention du spectateur, de créer une harmonie, de simplifier vos photos et de les rendre plus impactantes.
- L’espace négatif n’est pas nécessairement un espace vide, même si c’est dans cette configuration qu’il est le plus efficace, il peut aussi s’agir d’une zone homogène, ou qui a moins de poids que le sujet (espace positif).
- Parfois, des situations se prêtent facilement à l’inclusion conséquente d’espace négatif. D’autres fois moins, mais vous pouvez tout de même favoriser les choses, dans tous les cas ne forcez pas si la situation ne s’y prête pas.
Comme pour toutes les règles et techniques de composition en photographie, la recherche et l’utilisation de l’espace négatif deviennent plus faciles à mesure que l’on s’y exerce.
Maintenant vous avez le choix, vous pouvez continuer à composer comme avant, avec la classique règle des tiers, ou vous pouvez essayer une composition un peu différente en testant la technique de l’espace négatif (qui aura un effet tout à fait positif sur vos photos cependant).
Moi je vous laisse ici à votre espace négatif, et je vous dis à bientôt sur les internets MONDIAUX !
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