14 décembre 2023

Les 101 photos les plus emblématiques de l’histoire de l’humanité

Par Gaëtan Berthouly

14 décembre 2023


Apprendre plein de choses sur la photographie : c’est bien.

Pratiquer la photographie : c’est bien.

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Développer ses photos : c’est bien.

Mais ça ne fait pas tout. Quand on s’épanouit dans un domaine, c’est aussi intéressant de connaître son passé, son histoire, ses évènements marquants. Ça peut nous apporter une ouverture ou un autre regard sur notre pratique de la photo. Ça nous permet aussi d’améliorer notre culture générale sur la photographie (en plus de la technique, du développement et de l’impression…).

Alors pour vous, dans cet article, j’ai regroupé 101 photos les plus célèbres dans le monde, avec quelques lignes d’explication sur leurs origines et leurs influences.

Allez en avant Guingamp !

Remarque importante avant de commencer

J’ai classé les photos en 2 catégories. Une catégorie tous publics et une catégorie « choc ».

En effet, une bonne partie des photos les plus connues sont des photos de photojournalisme choquantes en rapport avec la mort, le meurtre ou la violence.

Si vous êtes une personne sensible, je vous déconseille de regarder la catégorie « autre ».

L’ESSENTIEL

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Les bases de la photographie vous intéressent ?

[Tous publics] Les photos les plus célèbres dans l’histoire du monde

Golfeur par Harold Edgerton (1937)

Golfeur par Harold Edgerton (1937)

Harold Edgerton 20 ans avant sa photo de la goutte (que vous pourrez aussi voir dans cette liste) photographiait des golfeurs avec Walker Evans.

Edgerton a inventé la photographie stroboscopique à flashs multiples pour répondre à une question fondamentale du golf : « Que se passe-t-il pendant le ‘clic’, cet événement si important où le club transmet son énergie et l’habileté du joueur à la balle ? »

L’image est celle du swing de golf de Bobby Jones, considéré comme un record scientifique. L’exposition du négatif au 1/100 000 s révèle un swing compact et rythmé.

Le swing est parfait. La moindre hésitation dans le swing de Jones serait visible sur la photographie. Aujourd’hui, la photographie à ultra-haute vitesse est la norme pour la photographie contemporaine : en particulier pour l’entraînement sportif et l’étude du mouvement.

Mais en 1938, quand Edgerton a photographié Jones et d’autres golfeurs de championnat, c’était une première.

Il s’agit d’une seule photo, mais comme le flash s’est déclenché environ 61 fois pendant cette fraction de seconde, la photo donne une impression d’exposition multiple empilée.

99 Cent par Andreas Gursky (1999)

99 Cent par Andreas Gursky (1999)

Ça peut sembler ironique, mais cette photo de produits bon marché a établi le record de la photo contemporaine la plus chère jamais vendue.

En 2006, à l’époque grisante qui a précédé la Grande Récession, 99 Cent s’est vendu aux enchères pour 2,3 millions de dollars. Ce record pour une photographie contemporaine a depuis été dépassé, mais cette vente a contribué plus que toute autre à catapulter la photographie moderne dans les pages des catalogues de vente aux enchères, aux côtés des peintures à l’huile et des sculptures en marbre des maîtres anciens.

99 Cent d’Andreas Gursky est une photo à grande échelle assemblée numériquement à partir de plusieurs photo prises dans un magasin 99 Cents Only de Los Angeles. Les rangées apparemment sans fin d’articles, avec les têtes des clients flottant anonymement au-dessus de la marchandise, ressemblent davantage à une peinture abstraite ou impressionniste qu’à une photographie contemporaine.

Et c’est précisément le but de Gursky.

De la bourse de Tokyo à une décharge de Mexico, l’architecte et photographe allemand utilise la manipulation numérique et un sens aigu de la composition pour transformer des expériences quotidiennes en art.

Cette capacité à rendre l’artificiel et le banal avec un regard neuf a permis à la photographie moderne d’entrer dans l’élite du monde de l’art.

Le président Mao se baigne dans le Yangtze (1966)

Le président Mao se baigne dans le Yangtze (1966)

Après des décennies passées à la tête du Parti communiste chinois, puis de sa nation, Mao Zedong a commencé à s’inquiéter de la façon dont on se souviendrait de lui. Le président, âgé de 72 ans, craignait également que son héritage ne soit sapé par une contre-révolution.

C’est ainsi qu’en juillet 1966, dans le but de consolider son emprise sur le pouvoir, Mao s’est baigné dans le fleuve Yangtze pour montrer au monde qu’il était toujours en bonne santé. C’était un coup de propagande. L’image de cette baignade, l’une des rares photos du leader largement diffusées, a fait exactement ce que Mao espérait.

De retour à Pékin, Mao a lancé sa Grande Révolution culturelle prolétarienne, ralliant les masses pour purger ses rivaux. Son emprise sur le pouvoir était plus forte que jamais. Mao enrôle les jeunes de la nation et implore ces gardes rouges enragés d' »oser la violence ».

La folie s’est rapidement abattue sur ce pays de 750 millions d’habitants, alors que les troupes, serrant le Petit Livre rouge du président, détruisaient les reliques et les temples et punissaient les traîtres présumés.

Lorsque la Révolution culturelle s’est finalement éteinte une décennie plus tard, plus d’un million de personnes avaient péri.

Première image du réacteur de Tchernobyl par Igor Kostin (1986)

Première image du réacteur de Tchernobyl par Igor Kostin (1986)

La photo ci-dessus est la première photo de Tchernobyl prise le lendemain de la fusion du réacteur. Personne ne savait à quoi s’attendre, mais on savait pertinemment qu’on ne pourrait pas y aller à pied sans précautions.

L’équipe a capturé cette photo du réacteur depuis son hélicoptère. Leur mission était une mission d’enquête, visant à trouver des informations sur les dégâts. Jamais auparavant il n’y avait eu une photographie aussi célèbre d’un bâtiment abandonné.

Cette image est l’une des photographies les plus célèbres de tous les temps. Pas à cause de quelque chose de positif. Mais à cause d’un événement qui a changé notre façon de gérer les situations horribles.

Igor Fedorovich Kostin était l’un des cinq photographes au monde à avoir capturé la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, il travaillait pour l’APN (Agence de presse Novosti).

Les Tetons et la rivière Snake par Ansel Adams (1942)

Les Tetons et la rivière Snake par Ansel Adams (1942)

« The Tetons and the Snake River » est l’une des photographies les plus célèbres de l’histoire américaine. Prise par Ansel Adams en 1942, cette photo montre la beauté sauvage de la chaîne de montagnes du Grand Teton, dans le Wyoming.

Adams a pu capturer la scène avec beaucoup de détails, grâce à l’utilisation d’un appareil photo grand format.

La photo est rapidement devenue populaire et a figuré sur des cartes postales, des calendriers et même sur un timbre-poste américain.

Ces dernières années, la photo a été utilisée pour sensibiliser à l’importance de la conservation de l’environnement. Les Tetons et la Snake River nous rappellent la majesté de la nature et constituent un témoignage visuel important du patrimoine naturel américain.

« On ne prend pas une photo, on la fait.« 

Ansel Adams

La première photographie de la découverte du Machu Picchu par Hiram Bingham (1911)

La première photographie de la découverte du Machu Picchu par Hiram Bingham (1911)

Imaginez que vous traversiez une région inconnue et que vous tombiez sur l’un des sites géographiques les plus importants du monde. C’est ce qu’a fait Hiram Bingham, il n’était même pas un photographe, mais un archéologue américain.

Avec une équipe d’explorateurs, il était à la recherche de Vilcabamba, la dernière forteresse inca. Un fermier local lui a dit, ainsi qu’à son équipe, qu’il y avait des ruines au sommet d’une colline.

Après six jours de marche, avec du matériel photographique et d’excavation, ils ont atterri à Aguas Calientes. Là, ils ont trouvé un guide qui les a emmenés en haut de la colline.

La végétation avait presque recouvert totalement les terrasses et les bâtiments en pierre. Mais on pouvait tout de même voir qu’une ville s’était autrefois dressée dans ce précipice isolé et accidenté.

Bingham installa son trépied et son appareil photo à cet endroit précis. Il a passé l’après-midi à photographier.

Étude de cas Maison n° 22 par Julius Shulman (1960)

Étude de cas Maison n° 22 par Julius Shulman (1960)

Pendant des décennies, le rêve californien signifiait posséder une maison en stuc sur une parcelle paradisiaque.

Julius Shulman a contribué à changer tout cela. En mai 1960, le photographe originaire de Brooklyn s’est rendu à la Stahl House de l’architecte Pierre Koenig, une maison de Hollywood Hills entourée de verre offrant une vue imprenable sur Los Angeles (l’une des 36 études de cas qui faisaient partie d’une expérience architecturale prônant les vertus de la théorie moderniste et des matériaux industriels).

Shulman a photographié la plupart des maisons du projet, contribuant ainsi à démystifier le modernisme en soulignant sa gracieuse simplicité et en humanisant ses bords anguleux.

Mais aucune de ses autres photos n’a eu plus d’influence que celle qu’il a prise de la maison d’étude de cas n° 22.

Pour montrer l’essence de ce bâtiment en porte-à-faux qui brise l’air, Shulman a placé deux femmes glamour en robe de cocktail à l’intérieur de la maison, où elles semblent flotter au-dessus d’une ville mythique et scintillante. La photo, qu’il a appelée « l’un de mes chefs-d’œuvre« , est l’image immobilière la plus réussie jamais réalisée. Elle a perfectionné l’art de la mise en scène de l’aspiration, en faisant d’une maison l’incarnation de la bonne vie, de l’Hollywood étoilé, de la Californie comme terre promise. Et, grâce à Shulman, ce rêve inclut maintenant une boîte de verre dans le ciel.

Walker Evans

Femme de Fermier par Walker Evans (1936)

Femme de Fermier par Walker Evans (1936)

Walker Evans a réalisé l’un des portraits photographiques les plus emblématiques de tous les temps.

Né en 1903 à St. Louis, dans le Missouri, et décédé en 1975 à New Haven, dans le Connecticut, Evans est l’un des photographes les plus influents, car ses photographies ont inspiré toute une génération, de la susdite Diane Arbus jusqu’aux futurs Bernd & Hilla Becher.

Tout au long de sa carrière, Evans a enregistré l’Amérique moderne avec une touche de poésie. Marqué par un caractère documentaire, il a représenté des sujets ordinaires. L’un des plus grands exemples est son portrait de la femme d’un fermier de 1936, l’une des photographies les plus emblématiques de tous les temps.

Élévateur à céréales [Getreide Heber] de Bernd et Hilla Becher (1982)

Élévateur à céréales [Getreide Heber] de Bernd et Hilla Becher (1982)

Bernd Becher, né en 1931 à Siegen, et décédé en 2007, et Hilla Becher, née en 1934 à Berlin, et décédée en 2015, étaient un duo et un couple d’artistes allemands, pratiquant la photographie depuis 1959.

Ils sont internationalement reconnus pour avoir documenté des formes architecturales, qu’ils appelaient des « sculptures anonymes ».

Pendant trente ans, ils ont systématiquement photographié, à leur manière, un large éventail d’archétypes architecturaux souvent industriels, tels que des châteaux d’eau, des mines de charbon, des maisons de mineurs… Bernd & Hilla Becher nous présentent ainsi une étude visuelle approfondie sur la relation architecturale entre forme et fonction.

Première photo numérique par Russell Kirsch (1957)

Première photo numérique par Russell Kirsch (1957)

On pourrait penser que le premier appareil photo numérique (1975) a pris la toute première image numérique. Mais en fait non. Il s’agissait d’une photo scannée par Russell Kirsch en 1957.

Russell était un ancien ingénieur américain du National Bureau of Standards. Il faisait partie de l’équipe qui dirigeait le SEAC (Standards Eastern Automatic Computer) : le premier ordinateur à programme enregistré.

En 1957, ils ont développé un scanner d’images numériques pour « tracer les variations d’intensité sur les surfaces des photographies ». Bien avant que la photographie numérique ou Lightroom ne soit une idée dans la tête de quelqu’un, cette image a été créée. Elle ne mesurait que 176 x 176 pixels et était une image de son fils de trois mois.

La résolution est faible car l’ordinateur qu’il utilisait ne pouvait pas stocker plus d’informations. Il ne s’agit peut-être pas de l’une des photographies les plus célèbres au monde, mais elle est définitivement emblématique.

Cette idée et son exécution ont ouvert la voie à la photographie numérique.

Betty Grable par Frank Powolny (1943)

Betty Grable par Frank Powolny (1943)

Betty Grable était une starlette hollywoodienne aux yeux bleus et à la blondeur platine qui possédait une paire de jambes qui a inspiré les soldats, marins, aviateurs et marines américains à se mettre en route vers l’Europe envahie par les Nazis.

Betty représentait la « fille de chez nous » en chair et en os, gardant patiemment le feu sacré.

Frank Powolny aurait amené Betty aux troupes par accident. Photographe pour la 20th Century Fox, il prenait des photos publicitaires de l’actrice pour le film Sweet Rosie O’Grady (1943) lorsqu’elle accepta une « photo de dos ». Le studio a transformé la pose timide en l’une des premières pin-up, et bientôt les troupes en demandaient 50 000 exemplaires par mois.

Les hommes emmenaient Betty partout où ils allaient, collant son poster sur les murs des baraquements, la peignant sur les fuselages des bombardiers et attachant des petits tirages 2 par 3 d’elle près de leur cœur.

La première équipe américaine à avoir atteint le sommet de l’Everest par Barry Bishop (1963)

La première équipe américaine à avoir atteint le sommet de l’Everest par Barry Bishop (1963)

L’ascension du Mont Everest est l’un des défis les plus extrêmes connus de l’humanité. L’ascension de cette montagne géante qui se trouve au Népal et en Chine attire beaucoup de monde et, malheureusement, de nombreux alpinistes meurent en essayant de l’accomplir (d’ailleurs leurs corps ne sont souvent pas récupérés car cela demande trop de moyens et d’argent).

En 1963, cet exploit était beaucoup plus difficile à réaliser qu’aujourd’hui, en raison de l’absence de technologie. Cela n’a pas arrêté Barry Bishop et son équipe, qui ont fait une expédition et capturé cette photo.

L’ascension aura tout de même coûté à Barry tous ses orteils et le bout d’un doigt, mais il a fait parti de la première équipe américaine à atteindre le sommet de l’Everest.

Rhein II par Andreas Gursky (1999)

Rhein II par Andreas Gursky (1999)

Cette image d’Andreas Gursky est connue car elle a été vendue pour 4,3 millions de dollars en 2011.

Cette photographie était la deuxième (et la plus grande) d’une série de six représentant le Rhin. Sur la photo, le Bas-Rhin coule horizontalement dans le champ de vision. Il se trouve entre des champs verts et plats, sous un ciel couvert.

Des détails tels que des promeneurs de chiens et un bâtiment d’usine étaient également présents sur la photo. Mais ils ont été supprimés au post-traitement. Gursky explique que « Paradoxalement, cette vue du Rhin ne peut être obtenue in situ, une construction fictive était nécessaire pour fournir une image précise d’un fleuve moderne.« 

Gursky a créé un grand tirage couleur chromogène de la photographie et l’a monté sur du verre acrylique. Il l’a ensuite placée dans un cadre.

La photo mesure 190 cm × 360 cm, tandis que le cadre est 10 cm plus grand sur tous les côtés. Il s’agit de l’une des images les plus célèbres au monde (en parti dû à son prix).

Nuage de champignon à l’atoll de Bikini lors de l’opération Crossroads par US Navy (1946)

Nuage de champignon à l’atoll de Bikini lors de l’opération Crossroads par US Navy (1946)

Après la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide a rapidement accru les tensions entre les États-Unis et l’Union soviétique, et les deux nations ont intensifié leurs programmes d’armes nucléaires.

À l’atoll de Bikini, situé dans les îles Marshall, dans l’océan Pacifique, l’Amérique a décidé de tester ses nouvelles bombes.

En 1946, dans le cadre de l’opération Crossroads, les autorités américaines ont fait sortir de force les 162 résidents de l’atoll en prévision de deux grandes explosions nucléaires destinées à tester les effets des bombes sur les navires de guerre. Il s’agissait de la toute première explosion nucléaire sous-marine et tout le monde était curieux de savoir quels en seraient les effets.

La bombe (nom de code Test Baker) a déplacé 2 millions de tonnes (1,8 million de tonnes métriques) d’eau et a généré un énorme nuage en forme de champignon qui s’est élevé loin dans le ciel, comme vous pouvez le voir sur la photo, prise depuis une tour d’observation sur l’île de Bikini, à 5,6 kilomètres de distance.

Plus de six décennies plus tard, l’atoll de Bikini est toujours invivable, ravagé par les radiations.

Le laitier de Londres par Fred Morley (1940)

Le laitier de Londres par Fred Morley (1940)

Le Blitz est une période de bombardements intenses de Londres et d’autres villes de Grande-Bretagne qui dure pendant les 57 jours, Londres a été bombardée de jour comme de nuit.

La photographie ci-dessus a été prise le 9 octobre après un raid aérien allemand. Les photographes en poste à Londres sont stupéfaits de la destruction totale causée par les bombardiers allemands, mais leurs photos sont régulièrement bloquées par la censure, qui tient à ne pas provoquer de panique et à ne pas laisser les Allemands savoir exactement où leurs bombes ont frappé.

Le photographe Fred Morley a pris la photo d’un laitier londonien se frayant délibérément un chemin parmi les décombres. Mais la photo est une mise en scène. Morley a d’abord trouvé une toile de fond représentant des pompiers luttant pour contenir un incendie, puis il a emprunté une tenue de laitier et un lot de bouteilles. Il a ensuite demandé à son assistant de poser parmi les ruines d’une rue de la ville pendant que les pompiers se battaient en arrière-plan.

L’idée de Morley était de contourner la censure des photos démoralisantes de rues en ruines, après plus d’un mois de bombardements quotidiens, en présentant la photo comme une illustation du slogan « Keep calm and carry on ».

La photo mettait en avant l’idée des Britanniques stoïques continuant à mener une vie normale. Les censeurs sont du même avis et la photo est publiée dès le lendemain. Le gouvernement a insisté sur le fait que la vie quotidienne se poursuivrait aussi normalement que possible.

À la fin du Blitz, environ 30 000 Londoniens seront morts, et 50 000 autres blessés.

Jeu de lumière par Man Ray (1935)

Jeu de lumière par Man Ray (1935)

Man Ray était un artiste visuel américain qui a passé la majeure partie de sa vie à Paris.

Il a contribué de façon remarquable aux mouvements Dada et Surréaliste. Il a essayé de nombreux supports différents. Il se revendiquait avant tout comme un peintre. Mais c’est sa photographie qui l’a rendu célèbre.

Il maîtrisait la photographie abstraite, la photographie de mode et le portrait. Man Ray est également célèbre pour son travail sur les photogrammes, appelés « rayographes » en référence à lui-même.

Man Ray a été l’une des premières personnes à explorer le light painting, et le premier artiste à le faire.

La contribution de Man Ray à la photographie de light painting est apparue dans sa série « Space Writing« . En 1935, Man Ray a installé un appareil photo pour réaliser un autoportrait. Il ouvre l’obturateur de son appareil et utilise une petite lampe-stylo pour créer une série de tourbillons et de lignes dans l’air.

Remarque

Ce n’est qu’en 2009 qu’un photographe a réalisé qu’il s’agissait de signatures.

La Corée du Nord par David Guttenfelder (2013)

La Corée du Nord par David Guttenfelder (2013)

David Guttenfelder était photographe en chef en Asie pour l’Associated Press lorsque celle-ci est devenue le premier organe de presse international à ouvrir un bureau en Corée du Nord.

David a commencé à se rendre fréquemment dans ce pays, qui avait été largement interdit aux journalistes étrangers et pratiquement caché au public pendant près de 60 ans.

Mais cela n’a pas empêché David de chroniquer les événements officiels et les spectacles mis en scène à Pyongyang. Son regard c’est aussi égaré sur les scènes de la vie quotidienne.

Début 2013, la Corée du Nord a mis une connexion 3G à la disposition des étrangers, et soudain, Guttenfelder a eu la possibilité de partager ces aperçus avec le monde en temps réel.

Le 18 janvier 2013, il a utilisé son iPhone pour poster l’une des premières photos sur Instagram depuis l’intérieur du pays. En utilisant la technologie émergente de l’ère du partage, Guttenfelder a ouvert l’une des sociétés les plus fermées du monde.

Il a également incité d’autres étrangers en visite à faire de même, créant ainsi un portrait de la de la vie quotidienne qui n’est pas visible dans les reportages et donnant au monde extérieur une image plus claire de la Corée du Nord.

La jupe volante de Marilyn Monroe par Sam Shaw (1954)

La jupe volante de Marilyn Monroe par Sam Shaw (1954)

Le photographe Sam Shaw a réussi à capturer la photo la plus caractéristique de Marilyn Monroe sur le tournage de « Seven Year Itch », ce qui minimise malheureusement sa nature candide et spontanée.

Les années 50 étaient une autre époque, et cette photographie a en partie pris son envol en raison de la caractéristique « scandaleuse » de la robe qui flottait au-dessus des genoux de Monroe.

Le perchoir du bandit par Jacob Riis (1888)

Le perchoir du bandit par Jacob Riis (1888)

New York à la fin du XIXe siècle était un aimant pour les immigrants du monde entier. Hélas, la grande majorité d’entre eux n’y trouvaient pas des rues pavées d’or, mais la misère.

Alors que la société fermait les yeux sur cette réalité, des journalistes courageux comme Jacob Riis, d’origine danoise, ont documenté les recoins sombres de l’âge d’or. Pour ce faire, Riis s’est aventuré dans les quartiers les plus sinistres de la ville avec ses flash à poudre au magnésium aveuglants, capturant la criminalité occasionnelle, la pauvreté écrasante et la surpopulation effrayante.

La plus célèbre de ces images est celle d’un gang de rue du Lower East Side, qui traduit le danger qui nous guette à chaque recoin.

Ce travail est devenu la base de son livre révélateur « How the Other Half Lives » (« Comment vit l’autre moitié »), qui a forcé les Américains à se confronter à ce qu’ils avaient longtemps ignoré et a galvanisé des réformateurs comme le jeune politicien new-yorkais Theodore Roosevelt, qui a écrit au photographe : « J’ai lu votre livre et je suis venu vous aider« .

Le travail de Riis a joué un rôle déterminant dans l’adoption par l’État de New York du « Tenement House Act » de 1901, qui a amélioré les conditions de vie des pauvres.

Son approche de croisade et son style direct et conflictuel ont marqué le début de l’ère du documentaire et du photojournalisme de dénigrement.

Le baiser de la vie par Rocco Morabito (1968)

Le baiser de la vie par Rocco Morabito (1968)

En 1968, le prix Pulitzer de la photographie a été divisé en deux catégories : la photographie d’actualité et la photographie de reportage. Le jury du prix Pulitzer a décerné au photographe Rocco Morabito le prix du reportage pour « Kiss of life » (« Le baiser de la vie »).

Morabito conduisait à Jacksonville, en Floride, lorsqu’il a aperçu un monteur de lignes de la compagnie d’électricité, suspendu à l’envers à un poteau électrique. L’ouvrier, Randall Champion, avait reçu une décharge de 4 160 volts et était inconscient.

Morabito, un photographe du « Jacksonville Journal », a pris une photo rapide et est allé appeler une ambulance pendant qu’un autre monteur de lignes, J.D. Thompson, grimpait sur le poteau et commençait à faire du bouche-à-bouche à son collègue.

Après avoir appelé à l’aide, Morabito a continué à prendre des photos en juillet 1967, pour finalement entendre les mots « Il respire » de la part de l’héroïque poseur de lignes.

Tour Eiffel par Gustave Eiffel (1887-89)

Tour Eiffel par Gustave Eiffel (1887-89)

La Tour Eiffel fait partie des monuments les plus emblématiques de notre monde. Il n’est pas surprenant qu’il existe une photographie emblématique mettant en scène la Dame de fer.

Cette série de 18 images montre la progression de la construction lente de la tour pendant deux ans.

Dans la photographie d’architecture, cette image fait partie des plus célèbres.

L’homme Molotov par Susan Meiselas (1979)

L’homme Molotov par Susan Meiselas (1979)

Susan Meiselas s’est rendue au Nicaragua à la fin des années 1970. Jeune photographe à l’œil d’anthropologue, elle souhaitait donner un sens à la lutte entre la longue dictature de Somoza et les Sandinistes socialistes qui se battaient pour la renverser.

Pendant six semaines, elle a parcouru le pays, documentant une nation caractérisée par une pauvreté extrême, une beauté naturelle époustouflante et une inégalité déchirante.

Le travail de Meiselas était favorable à la cause sandiniste, et elle a gagné la confiance des révolutionnaires alors qu’ils l’emportaient lentement dans la lutte.

La veille de la fuite du président Anastasio Somoza Debayle, Meiselas a photographié Pablo de Jesus « Bareta » Araúz lançant un cocktail Molotov sur l’une des dernières forteresses de la garde nationale.

Après la prise du pouvoir par les Sandinistes, cette image est devenue le symbole de la révolution : un dictateur honni renversé par une armée de combattants en jeans et aux armes improvisées.

Diffusé avec empressement par les sandinistes, l’homme Molotov est rapidement devenu omniprésent dans tout le Nicaragua, apparaissant sur des boîtes d’allumettes, des T-shirts, des panneaux d’affichage et des brochures. Il est ensuite devenu l’un des points chauds du débat sur l’appropriation artistique lorsque la peintre Joy Garnett l’a utilisé comme base de son tableau Molotov de 2003.

Première photographie aérienne par James Wallace (1860)

Première photographie aérienne par James Wallace (1860)

Grâce à l’invention des drones, nous n’avons plus besoin d’utiliser l’aviation et les cerfs-volants pour photographier d’en haut.

En 1860, James Wallace a capturé cette photo emblématique de Boston. Ce n’est que 34 ans auparavant que Joseph Nicéphore Niépce avait créé la première image permanente.

Ce n’est peut-être pas la plus ancienne, mais c’est la plus ancienne photo aérienne jamais prise. Gaspard-Félix Tournachon avait photographié Paris en 1958. Mais cette image n’est plus de ce monde.

En combinant un ballon et un appareil photo, Jame Wallace a pu s’élever jusqu’à 610 mètres avant de photographier le sol sous ses pieds.

La souillure de la gloire passée par Stanley Forman (1976)

La souillure de la gloire passée par Stanley Forman (1976)

Stanley Forman est en avance pour son service au Herald American le 5 avril 1976 et il décide de se rendre à une manifestation anti-busing à la mairie de Boston qu’un autre journaliste couvre déjà.

Cela faisait déjà deux ans que le Massachusetts avait mis en place un système de déségrégation des bus scolaires, un système qui transportait de force les élèves vers des écoles souvent éloignées de leur domicile dans le but de diversifier les écoles, mais les manifestations en faveur de l’ancien système faisaient toujours rage.

Forman réussit à prendre une photo qui deviendra plus tard une icône. La photographie montre un adolescent blanc, Joseph Rakes, agressant un homme noir, l’avocat et militant des droits civiques Ted Landsmark, avec un mât portant le drapeau américain alors que Landsmark se rendait à une réunion au palais de justice.

Rakes balançait le drapeau et essayait de le frapper, et non de le transpercer comme cela apparaît sur la photo, et il l’a manqué de peu. Landsmark a été ensanglanté pendant l’incident.

Un examen de toutes les photos du rouleau argentique par Forman révèle que Rakes a manqué Landsmark avec le drapeau. Landsmark avait déjà été renversé au sol, perdant ses lunettes et souffrant d’un nez cassé, au moment où il s’est relevé, la célèbre photo a été prise.

Rakes a été reconnu coupable d’agression avec une arme mortelle et condamné à deux ans de prison et deux ans de probation. La peine d’emprisonnement a été suspendue.

Le lendemain, la photo est apparue en première page du Washington Post, du Chicago Tribune et du San Francisco Chronicle, et à l’intérieur du New York Times.

Elle a remporté le prix Pulitzer 1977 pour la photographie d’actualité.

Hippopotames surfant par Michael Nichols (2000)

Hippopotames surfant par Michael Nichols (2000)

La population et l’activité humaine augmentant sans cesse, l’espace réservé à la nature sauvage se réduit rapidement dans le monde.

Nichols et Michael Fay, explorateurs de la National Geographic Society, ont entrepris un périple ardu de 3 000 km entre le Congo, en Afrique centrale, et le Gabon, sur la côte ouest du continent. C’est là que Nichols a pris une photo étonnante : des hippopotames nageant dans l’océan Atlantique bleu nuit.

C’était un événement que peu de gens avaient vu auparavant : en effet, bien que les hippopotames passent la plupart de leur temps dans l’eau, leur habitat est plus susceptible d’être une rivière intérieure ou un marécage que la mer déferlante.

Suite aux photos publiées par Michael Nichols, le président gabonais Omar Bongo a créé un réseau de parcs nationaux qui couvre aujourd’hui 11 % du pays, garantissant ainsi qu’il restera au moins un peu d’espace pour la nature.

Le Dernier Combat de Salvador Allende par Luis Orlando Lagos (1973)

Le Dernier Combat de Salvador Allende par Luis Orlando Lagos (1973)

Salvador Allende (1908 – 1973) a été le premier socialiste marxiste élu démocratiquement à devenir président d’un territoire d’Amérique. Après avoir échoué à trois élections précédentes, c’est un médecin (Allende), qui a remporté les élections en 1970.

Début septembre 1973, Allende décide de résoudre la crise constitutionnelle par un plébiscite le 11 septembre. Ce jour-là, les militaires chiliens ont organisé un coup d’État contre Allende, soutenu par les États-Unis, mettant fin à la démocratie au Chili.

Avant la prise du palais présidentiel de « La Moneda », Allende a prononcé son célèbre discours d’adieu en direct à la radio (avec des coups de feu et des explosions clairement audibles en fond sonore), parlant de lui-même au passé, de son amour pour le Chili et de sa foi profonde en son avenir.

Peu après, une annonce officielle a été envoyée pour annoncer qu’il s’était suicidé. Aujourd’hui encore, ses partisans pensent qu’il a été tué par les généraux (dont Pinochet) qui ont organisé le coup d’État.

La photo anonyme d’Allende est apparue quatre mois après le coup d’État. La correspondante du New York Times en Amérique latine, Marvine Howe, a reçu la photo par un intermédiaire qui a déclaré que le photographe devait rester anonyme. Le « Times » a publié en première page la photo d’Allende portant un casque de combat en métal et un fusil automatique de fabrication soviétique qui lui a été offert par Fidel Castro de Cuba.

C’est sans doute la dernière photo d’Allende. La photo a remporté le prix World Press photo en 1973, mais il a été allégué qu’elle avait été prise lors d’une précédente tentative de coup d’État, qui a échoué.

En février 2007, le journal chilien « La Nación » a révélé que le photographe était Luis Orlando Lagos Vásquez, alias « Chico » Lagos, à l’époque photographe officiel de « La Moneda« , qui était décédé le mois précédent à l’âge de 94 ans.

L’Étang au clair de lune par Edward Steichen (1904)

L’Étang au clair de lune par Edward Steichen (1904)

Est-ce une photographie ou une peinture ? C’est les deux, et c’est exactement ce qu’Edward Steichen voulait.

Steichen a photographié la scène boisée à Mamaroneck, dans l’État de New York, puis a coloré à la main les tirages en noir et blanc avec des tons bleus et a peut-être même ajouté la couleur rougeoyante de la lune. Le pictorialisme avait pour but de brouiller les pistes entre les deux médiums.

Les photographes professionnels l’ont adopté au début du XXe siècle pour différencier leur travail des clichés amateurs pris avec les nouveaux appareils portatifs. Et aucune photo n’a été plus formatrice que celle-ci.

L’année précédant la création de L’Étang au clair de lune, Steichen a écrit un essai dans lequel il affirmait que la modification des photos n’était pas différente du choix du moment et de l’endroit où il fallait appuyer sur le déclencheur. Les photographes, disait-il, ont toujours une perspective qui déforme nécessairement l’authenticité de leurs photos.

Un siècle après que Steichen ait réalisé cette image, un tirage s’est vendu près de 3 millions de dollars.

La chute du mur de Berlin par Gérard Malie (1989)

La chute du mur de Berlin par Gérard Malie (1989)

Le 9 novembre 1989, après 28 ans, le parti communiste de Berlin-Est annonce que les citoyens d’Allemagne de l’Est peuvent franchir le mur frontalier. Les habitants sont descendus le soir même, en scandant « Ouvrez la porte !« .

Sur cette photo prise par Gérard Malie, des Berlinois de l’Ouest regardent les gardes-frontières est-allemands démonter une section du mur le 11 novembre.

L’homme qui saute la flaque d’eau par Henri Cartier-Bresson (1930)

L’homme qui saute la flaque d’eau par Henri Cartier-Bresson (1930)

Cette photo est l’une des plus emblématiques d’Henri Cartier-Bresson. La scène a été capturé à travers une clôture derrière la gare Saint-Lazare à Paris.

Cette photo est devenue l’exemple parfait de ce que Cartier-Bresson appelait « l’instant décisif ». Henri Cartier-Bresson a dit « Il n’y a rien dans ce monde qui n’ait pas un moment décisif ».

Le photographe français est souvent considéré comme le père du photojournalisme moderne.

Il a inventé le terme « L’instant décisif » pour désigner un moment où le photographe capture une seconde fugace, l’immortalisant dans le temps.

L’entrepont par Alfred Stieglitz (1907)

L’entrepont par Alfred Stieglitz (1907)

« Je suis resté sous le charme pendant un moment. Je voyais des formes liées les unes aux autres – une image de formes, et, sous-jacente, une nouvelle vision qui me tenait.« 
ALFRED STIEGLITZ

L’un des photographes les plus célèbres du début du XXe siècle, Stieglitz s’est battu pour que la photographie soit prise au sérieux au même titre que la peinture en tant que forme d’art valable.

Son travail de pionnier a contribué à changer la façon dont beaucoup voyaient la photographie. Ses galeries de New York ont accueilli les meilleurs photographes de l’époque.

Son image emblématique, « The Steerage », ne résume pas seulement ce qu’il appelait la photographie « straight », c’est-à-dire une vision véridique du monde. Elle nous offre également un point de vue plus complexe et multicouche qui transmet l’abstraction à travers les formes de l’image. Et la façon dont ces formes sont liées les unes aux autres.

Winston Churchill par Yousuf Karsh (1941)

Winston Churchill par Yousuf Karsh (1941)

Au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor, Churchill arrive à Ottawa pour remercier les alliés de leur aide.

Ignorant qu’un photographe avait été chargé de prendre son portrait, il refusa d’enlever son cigare. Une fois le photographe installé, il s’est dirigé vers Churchill, a retiré le cigare de sa bouche et a pris sa célèbre photo avec la mine renfrognée.

Churchill a déclaré à Karsh : « On peut même faire en sorte qu’un lion rugissant s’immobilise pour être photographié. »

Cette photo est l’un des portraits politiques les plus reproduits. Elle a donné aux photographes la permission de prendre des portraits plus honnêtes, voire critiques, des dirigeants politiques.

Gandhi au rouet par Margaret Bourke-White (1946)

Gandhi au rouet par Margaret Bourke-White (1946)

En 1946, Margaret Bourke-White, première femme photographe du magazine LIFE, se voit offrir une occasion rare de photographier le Mahatma Gandhi.

Mais hélas, cette opportunité de rêve s’est rapidement transformée en cauchemar. Elle a dû relever de nombreux défis avant d’avoir accès au leader idéologique de l’Inde.

Après deux ratés, en raison de difficultés techniques, Bourke-White a eu finalement eu une troisième chance.

Cette photo emblématique de Gandhi à son rouet a été capturée moins de deux ans avant son assassinat.

Remarque

Il existe un film sur la vie de Bourke-White (interprétée par Farrah Fawcett) intitulé Double Exposure (1989).

Maçon par August Sander (1928)

Maçon par August Sander (1928)

La photographie d’August Sander (né en Allemagne) a un aspect assez formel. En présentant des médecins, des fermiers, des chefs cuisiniers et des mendiants avec la même franchise, Sander a voulu montrer qu’il y a beaucoup à apprendre de toutes les couches de la société.

« Nous pouvons dire à l’apparence le travail que quelqu’un fait ou ne fait pas ; nous pouvons lire sur son visage s’il est heureux ou troublé, car la vie y laisse inévitablement des traces« .

Le portrait le plus célèbre de Sander, celui d’un maçon de Cologne, en Allemagne, incarne cette vision. En effet, bien que le travail de cet ouvrier soit pénible et pénible, il garde une attitude fière. Le cadrage classique, avec les lignes des briques évoquant les lignes de la veste du maçon, renforce la dignité du sujet.

Sander a rassemblé Bricklayer et ses autres portraits dans le monumental « People of the 20th Century« , le premier ouvrage à documenter une culture par la photographie.

Les photographies de Sander célèbrent l’importance de l’individu, élevant le portrait de gens ordinaires au rang d’art.

Albert Einstein qui tire la langue par Arthur Sasse (1951)

Albert Einstein qui tire la langue par Arthur Sasse (1951)

En 1951, à l’occasion du 72e anniversaire d’Albert Einstein, le photographe Arthur Sasse tente de le faire sourire.

Fatigué de sourire pour les photos, le scientifique lauréat du prix Nobel a tiré la langue à la place.

Cette photo est devenue l’une des images les plus reconnaissables d’Einstein, qui aurait tellement aimé la photo qu’il en aurait demandé neuf exemplaires. Il a signé l’un des tirages, qui s’est vendu plus de 74 000 dollars en 2009.

 

La Haye par Erich Salomon (1930)

La Haye par Erich Salomon (1930)

On imagine toujours que le sort du monde est décidé par une poignée d’hommes d’État corpulents, cigares et brandy à la main.

Le photojournaliste allemand Erich Salomon a confirmée tout ça, en se glissant dans des arrière-salles enfumées avec un petit appareil Leica conçu pour photographier en basse lumière.

Son talent n’a jamais été aussi bien mis en évidence que lors d’une réunion à La Haye en 1930 sur les réparations de la Première Guerre mondiale. Là, à 2 heures du matin, Salomon photographia candidement des ministres des affaires étrangères épuisés après une longue journée de négociations.

La photo a fait sensation lorsqu’elle a été publiée dans le « London Graphic ». Pour la première fois, le public pouvait franchir les portes du pouvoir et voir les dirigeants du monde dans leur intimité.

Salomon, qui est mort à Auschwitz 12 ans plus tard, avait créé le photojournalisme politique dans les coulisses.

Greasley confronté à Heinrich Himmler dans le camp de prisonniers de guerre (1941)

Greasley confronté à Heinrich Himmler dans le camp de prisonniers de guerre (1941)

Heinrich Himmler regarde un jeune prisonnier de guerre soviétique lors d’une visite officielle au camp de concentration de la rue Shirokaya à Minsk, en Biélorussie, le ou vers le 15 août 1941.

Shirokaya était un camp de travail qui accueillait jusqu’à 2 000 prisonniers, des ouvriers qualifiés du ghetto de Minsk et des soldats de l’Armée rouge capturés qui refusaient de travailler ou d’opérer avec les partisans dans les forêts de Biélorussie. Les Juifs sur le point d’être expédiés à Sobibor ou Auschwitz depuis la Biélorussie y étaient également détenus temporairement.

Joseph Horace « Jim » Greasley était un soldat britannique de la Seconde Guerre mondiale qui a été capturé en mai 1940 par la Wehrmacht allemande. Il est ensuite devenu célèbre pour avoir prétendu s’être échappé de son camp plus de 200 fois pour mener une histoire d’amour clandestine, retournant à chaque fois en captivité. Cependant, cette information est fausse, le prisonnier sur la photo n’est pas Greasley.

L’historien Guy Walters a affirmé de manière catégorique que le soldat sur la photo n’était pas Greasley, déclarant que la photo est détenue par les Archives nationales américaines et que les détails de la légende montrent qu’elle a été prise à Minsk (en Biélorussie) au milieu de l’année 1941, par un photographe pour un film de propagande et qu’on peut identifier que le soldat est soviétique grâce à sa casquette, et que les officiers sur la photo sont les mêmes officiers qui apparaissent dans le film avec Himmler.

Le monstre du Loch Ness par Robert Wilson (1934)

Le monstre du Loch Ness par Robert Wilson (1934)

Voici la aussi célèbre que controversée photo représentant le monstre du Loch Ness, prétendument prise par le médecin britannique Robert Wilson en avril 1934.

Mais en réalité, Wilson avait simplement été recruté pour couvrir une fraude du chasseur Marmaduke Wetherell, qui avait été envoyé en Écosse par le Daily Mail de Londres pour capturer le monstre du Loch Ness.

Mais, comme il n’y avait pas de monstre à attraper, Wetherell ramena des photos d’empreintes d’hippopotames qui, selon lui, appartenaient à Nessie (le monstre du Loch Ness). Sauf que Le Mail a compris et a discrédité Wetherell, qui est alors retourné au loch avec un monstre fabriqué à partir d’un sous-marin jouet.

Lui et son fils ont utilisé Wilson, un médecin respecté, pour donner de la crédibilité au canular.

Sadie Pfeiffer, fileuse de coton par Lewis Hine (1908)

Sadie Pfeiffer, fileuse de coton par Lewis Hine (1908)

Fondé en 1904, le National Child Labor Committee (Comité national pour le travail des enfants) a été créé pour lutter pour les droits des enfants travailleurs aux États-Unis. Ils ont réalisé que l’outil le plus puissant dont ils disposaient était de montrer le vrai visage de ces enfants. Ils pensaient que la vue de ces images du travail des enfants réveillerait les citoyens pour qu’ils exigent un changement.

Lorsque Lewis Hine, un photographe d’investigation, est tombé sur Sadie Pfeifer, l’une des plus jeunes enfants au travail, il savait qu’il tenait là une photo qui changerait l’opinion publique.

Cette photographie, (parmi d’autres), a été un élément crucial de la campagne qui a conduit à un changement de la législation. Le résultat a été une réduction de 50% du nombre d’enfants travailleurs sur une période de 10 ans.

Première photo de téléphone portable par Philippe Kahn (1997)

Première photo de téléphone portable par Philippe Kahn (1997)

En 1997, Philippe Kahn était coincé dans une maternité de Californie du Nord, sans rien à faire. L’entrepreneur en logiciels avait été chassé par sa femme pendant qu’elle donnait naissance à leur fille, Sophie.

Kahn, qui avait bricolé des technologies permettant de partager des images instantanément, a donc construit un appareil qui pouvait envoyer une photo de son nouveau-né à ses amis et à sa famille, en temps réel.

Le dispositif était rudimentaire : un appareil photo numérique connecté à son téléphone portable à clapet, synchronisé par quelques lignes de code qu’il avait écrites sur son ordinateur portable à l’hôpital. Cette invention a transformé le monde : l’appareil de Kahn a capturé les premiers instants de sa fille et les a transmis instantanément à plus de 2 000 personnes.

Kahn a rapidement affiné son prototype et, en 2000, Sharp a utilisé sa technologie pour lancer le premier téléphone à caméra intégrée disponible dans le commerce, au Japon.

Les téléphones ont été introduits sur le marché américain quelques années plus tard et sont rapidement devenus omniprésents. L’invention de Kahn a modifié à jamais la façon dont nous communiquons, percevons et vivons le monde et a jeté les bases des smartphones et des applications de partage de photos comme Instagram et Snapchat.

Invasion de Prague par Josef Koudelka (1968)

Invasion de Prague par Josef Koudelka (1968)

Les Soviétiques n’apprécient guère le « socialisme à visage humain » que le gouvernement d’Alexander Dubcek apporte à la Tchécoslovaquie.

Craignant que les réformes de Dubcek en matière de droits de l’homme ne conduisent à un soulèvement démocratique comme celui de la Hongrie en 1956, les forces du bloc de Varsovie entreprennent d’étouffer le mouvement. Leurs chars sont entrés en Tchécoslovaquie le 20 août 1968.

Et alors qu’ils prennent rapidement le contrôle de Prague, ils se heurtent à des masses de citoyens brandissant des drapeaux qui érigent des barricades, lapident les chars, renversent les camions et enlèvent même les panneaux de signalisation afin de semer la confusion dans l’esprit des troupes.

Josef Koudelka, un jeune ingénieur d’origine morave qui prenait des photos mélancoliques de la vie tchèque, se trouvait dans la capitale lorsque les soldats sont arrivés. Il a pris des photos de l’agitation tourbillonnante et a créé une série de photos révolutionnaire de l’invasion qui allait changer le cours de sa nation.

La photo la plus marquante comprend le bras d’un homme au premier plan, montrant sur sa montre-bracelet un moment de l’invasion soviétique avec, au loin, une rue déserte. Elle résume magnifiquement le temps, la perte et le vide, et l’étranglement d’une société.

Les photos de Koudelka sur le déroulement du conflit avec ses preuves du temps qui passe, la brutalité de l’attaque et les défis des citoyens tchèques, ont défini le photojournalisme.

Ses photos sont sorties clandestinement de Tchécoslovaquie et ont été publiées dans le Sunday Times de Londres en 1969 sous le pseudonyme de P.P. pour Prague Photographer, car Koudelka craignait des représailles.

Il s’enfuit finalement assez rapidement du pays : « J’avais peur de retourner en Tchécoslovaquie parce que je savais que s’ils voulaient découvrir qui était le photographe inconnu, ils pouvaient le faire.« 

Le Drapeau rouge sur le Reichstag par Yevgeny Khaldeï (1945)

Le Drapeau rouge sur le Reichstag par Yevgeny Khaldeï (1945)

« C’est ce que j’attendais depuis 1 400 jours« , a déclaré Yevgeny Khaldei, né en Ukraine, en contemplant les ruines de Berlin le 2 mai 1945.

Après quatre années de combat et de photographie à travers l’Europe de l’Est, ce soldat de l’Armée rouge est arrivé au cœur de la patrie des nazis armé de son Leica III et d’un énorme drapeau soviétique que son oncle, un tailleur, avait confectionné pour lui à partir de trois nappes rouges.

Adolf Hitler s’était suicidé deux jours auparavant, mais la guerre faisait toujours rage lorsque Khaldei se dirige vers le Reichstag.

Là, il demande à trois soldats de le rejoindre et ils grimpent des escaliers brisés sur le parapet ensanglanté du bâtiment du Parlement. En regardant dans son appareil photo, Khaldei a su qu’il avait la photo qu’il espérait : « J’étais euphorique. »

Remarque

En fait, cette photo a été prise un jour après qu’ils aient capturé le bâtiment en raison de problèmes météorologiques.

Lors de l’impression, Khaldei a dramatisé la photo en intensifiant la fumée et en assombrissant le ciel, allant même jusqu’à gratter une partie du négatif, pour créer une scène romancée, à la fois réelle, artificielle et patriotique.

Publiée dans le magazine russe Ogonek, la photo est devenue instantanément une icône de la propagande communiste de Staline.

Remarque

L’image présentée ci-dessus est en fait une version éditée de la prise originale. Pendant le processus de développement, et avant la publication officielle, une deuxième montre a été retirée de l’avant-bras du soldat pour éviter de faire honte à l’URSS.

La mendiante aveugle par Paul Strand (1916)

Le mendiant aveugle par Paul Strand (1916)

La photo d’une femme aveugle réalisée par Paul Strand est un portrait candide qui s’écarte des portraits posés plus formels de l’époque.

Strand a non seulement capturé un moment dans le temps, alors qu’un pays changeait rapidement, en raison d’une vague d’immigration. Mais il a également pris la première image qui a ouvert la voie à un nouveau style : la photographie de rue.

V-J Day in Times Square par Alfred Eisenstaedt (1945)

V-J Day in Times Square par Alfred Eisenstaedt (1945)

V-J est l’abréviation de Victory over Japan qu’on peut traduire par « Victoire sur le Japon ».

Cette photographie a été prise après la Seconde Guerre mondiale à Times Square. Sa célèbre photographie du soldat et de l’infirmière dentaire est devenue l’une des photos les plus emblématiques du XXe siècle, signifiant la fin heureuse de plusieurs années de guerre.

Point de vue du Gras par Joseph Nicéphore Niépce (1826)

Point de vue du Gras par Joseph Nicéphore Niépce (1826)

La première photographie permanente n’a pas été par un artiste, mais par l’inventeur Joseph Nicéphore Niépce. Sa fascination pour l’impression l’a conduit à installer une camera obscura dans son studio en France en 1826.

La scène de la fenêtre était coulée sur une plaque d’étain et présentait une copie grossière de la scène à l’extérieur de sa fenêtre. Il s’agissait d’une exposition de 8 heures et il n’existe qu’une seule copie, une image positive. C’est pourquoi la photo est quelque peu confuse, car le soleil s’était déplacé dans la cour pendant l’exposition, faisant apparaître des ombres des deux côtés.

Ses travaux révolutionnaires ont ouvert la voie au développement de la photographie moderne.

Le guerrier héroïque par Alberto Korda (1960)

Le guerrier héroïque par Alberto Korda (1960)

Alberto Korda était loin de se douter que ses deux photos du jeune associé de Fidel Castro deviendraient si emblématiques.

À sa mort, sept ans plus tard, son portrait de Che Guevara est devenu l’image emblématique de la rébellion et de la révolution pour les gens du monde entier.

Aujourd’hui encore, cette image est omniprésente dans la culture cubaine et dans le monde entier.

Aussi controversé qu’ait été le Che, que vous le considériez comme un héros ou un méchant, le portrait résiste à l’épreuve du temps.

Dalí Atomicus par Philippe Halsman (1948)

Dalí Atomicus par Philippe Halsman (1948)

L’œuvre de Philippe Halsman était de capturer l’essence de ses sujets. Et un portrait standard de l’excentrique Salvador Dali ne collait pas. Il s’est alors mis en tête de créer quelque chose d’extraordinaire.

Halsman a même fait appel à sa femme et à sa fille pour l’aider à lancer les chats et l’eau dans le cadre.

Après 26 prises de vue, ils ont finalement capturé cette photo qui fait échos à l’œuvre de Dali.

Remarque

Cette photo a été prise sur pellicule et elle devait être réalisée en une seule fois, il n’y avait pas de Photoshop à l’époque !

Halsman et Dali avaient tous deux un sens inhabituel du style et de la créativité (ils avaient la réputation d’êtres « bizarres »). Ils ont collaboré à de nombreux projets ensemble, notamment Halsman qui a recréé une peinture de Dali représentant un crâne à l’aide de personnages nus.

Halsman a contribué à façonner la photographie de portrait moderne. Ses images de Dali, Albert Einstein, Marilyn Monroe et Alfred Hitchcock ont brisé le moule et encouragé les photographes à collaborer avec leurs sujets.

Lecture intéressante

Le livre de photographie « Halsman au travail » contient non seulement des photographies étonnantes, mais aussi des histoires sur la façon dont Halsman a réalisé ses photos. Le tout est raconté par sa femme Yvonne, qui travaillait à ses côtés et prenait des photos de son travail.

Mère migrante par Dorothea Lange (1936)

Mère migrante par Dorothea Lange (1936)

En 1936, Dorothea Lange, en mission pour l’ « Administration de la réinstallation », avait pour mission de saisir la détresse des personnes les plus touchées par la Grande Dépression.

Lange a cadré de manière très serrée la jeune Thompson, âgée de 32 ans, et ses jeunes enfants, attirant le spectateur dans la douleur et l’épuisement gravés sur son visage qui semble avoir vieilli prématurément.

À son retour, la photographie de Lange, désormais célèbre, est devenue l’image la plus emblématique des 160 000 photos prises pour documenter cette période désespérée.

Le gouvernement a réagi en voyant la souffrance et a envoyé pour 23 000 € de nourriture. Ça peut paraître dérisoire mais cela équivaudrait à 12 963 773 € pour aujourd’hui.

Sallie Gardner au galop par Eadweard Muybridge (1878)

Sallie Gardner au galop par Eadweard Muybridge (1878)

Le photographe Eadweard Muybridge a été chargé par le gouverneur de Californie Leland Stanford de prouver sa théorie comme quoi « un cheval prend son envol lorsqu’il galope ».

Muybridge a mis au point une technique pour capturer le cheval en utilisant une exposition d’une fraction de seconde seulement. Il a aligné 12 appareils photo qui ont été déclenchés pour photographier en succession rapide un cheval et son cavalier au galop.

La série d’images capturées par Muybridge n’a pas seulement prouvé qu’un cheval peut effectivement prendre son envol, mais elle a aussi ouvert la voie au développement de l’animation et du cinéma.

Médecin de campagne par W. Eugene Smith (1948)

Médecin de campagne par W. Eugene Smith (1948)

L’objectif de Smith était de voir le monde du point de vue de ses sujets et de faire en sorte que les spectateurs qui regardent ses œuvres fassent de même.

Cette photo, tirée de son essai photographique « Country Doctor », a été prise après que Smith ait passé 23 jours avec le sujet.

En suivant le médecin dans ses déplacements et en apprenant à le connaître, Smith a réussi à capturer l’essence de son sujet dans un seul cliché.

Couronne d’une goutte de lait par Harold Edgerton (1957)

Couronne d’une goutte de lait par Harold Edgerton (1957)

Le professeur d’ingénierie électrique Edgerton a commencé une série d’expériences dans son laboratoire du MIT, inventant un appareil photo capable de photographier un moment fugace dans l’obscurité.

Edgerton a combiné :

  • un compte-gouttes de lait à côté d’un minuteur,
  • son appareil photo muni d’un obturateur capable de capturer un moment invisible à l’œil nu,
  • et un éclairage stroboscopique de haute technologie.

Sa photographie en stop-motion a pu figer l’impact d’une goutte de lait sur une table, et a cimenté l’importance de la photographie dans le domaine de la compréhension humaine de notre monde physique.

Déjeuner en haut d’un gratte-ciel par Charles Clyde Ebbets (1932)

Déjeuner en haut d’un gratte-ciel par Charles Clyde Ebbets (1932)

Cette photo d’ouvriers prenant une pause déjeuner au sommet d’un gratte-ciel donne le vertige au spectateur, mais attire aussi son attention sur la vie très risquée que menaient les ouvriers construisant le Rockefeller Center.

Dans la première moitié du 20e siècle, des dizaines d’ouvriers sont morts après des chutes mortelles lors de la construction de divers gratte-ciel.

Cette photographie a été mise en scène dans le cadre d’un coup de publicité pour le nouvel immeuble RCA à New York.

Voici le photographe en train de prendre la photo :

Photographe de « Déjeuner en haut d’un gratte-ciel » (1932)

La jeune fille afghane par Steve McCurry (1984)

La jeune fille afghane par Steve McCurry (1984)

Steve McCurry a pris cette célèbre photographie lors d’un voyage en Afghanistan en 1984 pour documenter la migration des réfugiés afghans.

Cette photo de Sharbat Gula, 17 ans, a été prise dans le camp de réfugiés de Nasir Bagh. Elle est devenue le symbole de la lutte afghane et a fait la une du journal National Geographic en juin 1985.

L’homme au tank par Jeff Widen (1989)

L’homme au tank par Jeff Widen (1989)

Cette célèbre photo d’un jeune Chinois devant des chars d’assaut lors du soulèvement de la place Tiananmen en 1989 a fait de Jeff Widener le photojournaliste le plus célèbre de la fin du XXe siècle.

La veille de la prise de cette photo, Widener avait été blessé par une pierre et on lui avait demandé de rester à son hôtel, tandis que tous les autres journalistes américains et européens s’étaient réfugiés à l’aéroport. Widener en a profité pour photographier le soulèvement depuis la fenêtre de son hôtel.

À court de pellicule, il a demandé à un touriste australien séjournant à l’hôtel de lui emprunter un rouleau de pellicule. Widener a utilisé ce rouleau pour prendre cette célèbre photographie, qui est aujourd’hui largement considérée comme l’une des photos les plus reconnues de tous les temps et qui a remporté le prix Pulitzer en 1990.

Lever de Terre par William Anders (1968)

Lever de Terre par William Anders (1968)

Le 24 décembre 1968, exactement 75 heures, 48 minutes et 41 secondes après le décollage du vaisseau spatial Apollo 8 de Cap Canaveral, en route pour devenir la première mission habitée en orbite autour de la lune, les astronautes Frank Borman, Jim Lovell et Bill Anders sont entrés en orbite lunaire la veille de Noël.

Au début de la quatrième des dix orbites, leur vaisseau spatial émergeait de la face cachée de la Lune lorsqu’une vue de la planète bleu-blanc a rempli l’une des fenêtres de l’écoutille.

« Oh, mon Dieu ! Regardez cette image là-bas ! C’est la Terre qui apparaît. Wow, c’est joli ! » s’exclama Anders. Il a pris une photo en noir et blanc.

Lovell s’est précipité pour trouver une pellicule de couleur. « Eh bien, je pense que nous l’avons manqué, » dit Anders.

Lovell a regardé par les fenêtres 3 et 4. « Hé, je l’ai juste là ! » s’exclama-t-il. Un Anders en apesanteur se dirigea vers l’endroit où Lovell flottait et tira son Hasselblad.

« Tu l’as ? » demanda Lovell.

« Yep « , répondit Anders.

Notre première photo en couleur de notre planète depuis l’extérieur a contribué à lancer le mouvement écologiste. Ce cliché a aussi aidé l’être humain à prendre conscience que : dans un cosmos froid et hostile à la vie, on n’est pas si mal finalement…

Nuage en champignon par le Lieutenant Charles Levy (1945)

Nuage en champignon par le Lieutenant Charles Levy (1945)

Trois jours après qu’une bombe atomique surnommée Little Boy ait anéanti Hiroshima, au Japon, les forces américaines ont largué sur Nagasaki une arme encore plus puissante, surnommée Fat Man.

L’explosion a soulevé une colonne de poussière et de débris radioactifs de 13 700 m de haut.

« Nous avons vu ce grand panache monter dans le ciel« , se souvient le lieutenant Charles Levy, le bombardier, qui a été renversé par le choc de l’arme de 20 kilotonnes. « C’était violet, rouge, blanc, de toutes les couleurs-quelque chose comme du café bouillant. Ça avait l’air vivant. »

L’officier a ensuite pris 16 photos de l’effroyable puissance de la nouvelle arme, qui a arraché la vie de quelque 80 000 personnes dans la ville située sur la rivière Urakami.

Six jours plus tard, les deux bombes ont forcé l’empereur Hirohito à annoncer la reddition inconditionnelle du Japon dans la Seconde Guerre mondiale.

Les autorités ont censuré les photos de la dévastation causée par les bombes, mais l’image de Levy, la seule à montrer l’ampleur du champignon atomique vu du ciel, a été largement diffusée. Ce cliché a influencé l’opinion américaine en faveur de la bombe nucléaire, amenant la nation à célébrer l’ère atomique.

Piliers de la Création par la Nasa (1995)

Piliers de la Création par la Nasa (1995)

Le télescope spatial Hubble a failli ne jamais voir le jour.

Transporté dans les airs en 1990 à bord de la navette Atlantis, il a dépassé son budget, pris des années de retard. Et lorsqu’il a finalement atteint son orbite, il était… myope. Son miroir de 2,5 mètres étant déformé en raison d’un défaut de fabrication.

Il faudra attendre 1993 pour qu’une mission de réparation permette de remettre Hubble en service.

Et finalement, le 1er avril 1995, le télescope a pu enfin briller en capturant une photo de l’univers si claire et si profonde qu’elle est connue sous le nom de « Piliers de la Création« .

Hubble a photographié la nébuleuse de l’aigle, une zone de formation d’étoiles située à 6 500 années-lumière de la Terre, dans la constellation Serpens Cauda.

Les grandes cheminées sont de vastes nuages de poussière interstellaire, façonnés par les vents à haute énergie soufflant des étoiles proches (la partie noire en haut à droite provient du grossissement d’une des quatre caméras de Hubble).

La bizarrerie et l’énormité de cette formation (les piliers font 5 années-lumière = 47 303 655 000 000 de kilomètres de long) ont suscité l’étonnement, l’enthousiasme et l’humilité.

Une seule image a réalisé ce que des milliers de symposiums d’astronomie n’ont jamais pu faire.

Un homme sur la Lune par Neil Armstrong (1969)

Un homme sur la Lune par Neil Armstrong (1969)

Si Aldrin a été relégué au rang de deuxième homme sur la lune (pour quelques centimètres et minutes seulement) à la faveur de son collègue Neil, il a pu cependant se consoler avec un autre type de titre.

Étant donné qu’Armstrong transportait le Hasselblad 70 mm de l’équipage, il a pris toutes les photos, ce qui signifie que le premier homme sur la lune que les Terriens verraient clairement en photo serait…. le second homme a voir foulé le sol lunaire.

Il était peu probable que cette image perdure comme elle l’a fait. En effet elle n’a rien de l’action des photos d’Aldrin descendant l’échelle du module lunaire, ni de la résonance patriotique de son salut au drapeau américain.

Il est juste debout sur place. Son bras maladroitement plié (peut-être, selon lui, parce qu’il regardait la liste de contrôle à son poignet), avec Armstrong qui se reflète dans sa visière en tout petit.

Garçon du ghetto de Varsovie (1943)

Garçon du ghetto de Varsovie (1943)

Le jeune garçon terrifié aux mains levées au centre de cette image était l’un des près d’un demi-million de Juifs entassés dans le ghetto de Varsovie, un quartier transformé par les nazis en une enceinte fortifiée où régnaient la famine et la mort.

À partir de juillet 1942, les occupants allemands ont commencé à envoyer quelque 5 000 habitants de Varsovie par jour dans des camps de concentration. Alors que les nouvelles des exterminations se répandent, les habitants du ghetto forment un groupe de résistance. « Nous nous considérions comme une résistance juive dont le destin était tragique », a écrit son jeune chef, Mordecai Anielewicz. « Car notre heure était venue sans aucun signe d’espoir ou de sauvetage. »

Cette heure est arrivée le 19 avril 1943, lorsque les troupes nazies sont venues chercher le reste des Juifs. Les partisans, faiblement armés, se sont défendus, mais ont fini par être maîtrisés par les chars allemands et les lance-flammes.

Lorsque la révolte prend fin le 16 mai, les 56 000 survivants risquent d’être exécutés sommairement ou déportés dans des camps de concentration et de travail forcé.

Le major général SS Jürgen Stroop était si fier de son travail de nettoyage du ghetto qu’il créa le rapport Stroop, un album de victoire relié en cuir dont les 75 pages comprennent une liste de butins vantés, des rapports sur les tueries quotidiennes et des dizaines de photos déchirantes comme celle du garçon levant les mains.

Cette collection a causé sa perte, car, outre le fait qu’elles donnent un visage à ceux qui sont morts, les images révèlent le pouvoir de la photographie en tant qu’outil documentaire. Lors du procès pour crimes de guerre de Nuremberg, le volume est devenu une preuve essentielle contre Stroop et a entraîné sa pendaison près du ghetto en 1951.

Si l’Holocauste a produit des dizaines d’images saisissantes, aucune n’a eu l’impact de la reddition du garçon.

L’enfant, dont l’identité n’a jamais été confirmée, représente aujourd’hui le visage des 6 millions de Juifs sans défense tués par les nazis.

Saut vers la Liberté par Peter Leibing (1961)

Saut vers la Liberté par Peter Leibing (1961)

Après la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements alliés conquérants ont divisé Berlin en quatre zones d’occupation. Mais chaque partie n’était pas égale et, de 1949 à 1961, quelque 2,5 millions d’Allemands de l’Est ont fui la partie soviétique.

Pour arrêter le flux, le dirigeant est-allemand Walter Ulbricht a fait ériger une barrière de barbelés et de parpaings au début du mois d’août 1961.

Quelques jours plus tard, le photographe Peter Leibing de l’Associated Press est informé qu’une défection pourrait avoir lieu.

Avec d’autres, il se réunit et observe une foule de Berlin-Ouest qui attire Hans Conrad Schumann, un garde-frontière de 19 ans, en lui criant : « Viens par ici ! ». Schumann, qui a déclaré plus tard qu’il ne voulait pas « vivre enfermé », a soudainement couru vers la barricade. En franchissant les fils tranchants, il a lâché son fusil et a été emporté.

Envoyée par l’AP, la photo de Leibing a fait la une des journaux du monde entier, elle a fait de Schumann une « vedette » et un symbole de cette époque.

Hélas, Schumann était hanté par le poids de tout cela. Alors qu’il vivait tranquillement à l’Ouest, il ne parvenait pas à accepter sa stature involontaire de symbole de la liberté, et il s’est suicidé en 1998.

La main de Mme Wilhelm Röntgen par Wilhelm Conrad Röntgen (1895)

La main de Mme Wilhelm Röntgen par Wilhelm Conrad Röntgen (1895)

Il est impossible de savoir combien de photos ont été prises d’Anna Bertha Röntgen, et la plupart sont sûrement perdues.

Mais pas celle-ci : il s’agit des os de sa main. Une image prise par son mari Wilhelm lorsqu’il a réalisé la première radiographie médicale en 1895.

Wilhelm avait passé des semaines à travailler dans son laboratoire, à faire des expériences avec un tube cathodique qui émettait différentes fréquences d’énergie électromagnétique. Il a remarqué que certaines d’entre elles semblaient pénétrer des objets solides et exposer des feuilles de papier photographique. Il a utilisé ces étranges rayons, qu’il a appelés rayons X, pour créer des images ombragées de l’intérieur de divers objets inanimés et, finalement… d’un objet très animé.

L’image de la main d’Anna fait sensation et la découverte des rayons X vaut à Wilhelm le premier prix Nobel de physique jamais attribué en 1901.

Sa découverte est rapidement utilisée dans le monde entier, révolutionnant le diagnostic et le traitement de blessures et de maladies qui avaient toujours été cachées à la vue.

Anna, cependant, n’a jamais été emballée par l’image. « J’ai vu ma mort« , a-t-elle dit lorsqu’elle l’a aperçue pour la première fois.

Élévation du drapeau sur Iwo Jima par Joe Rosenthal (1945)

Élévation du drapeau sur Iwo Jima par Joe Rosenthal (1945)

Ce n’est qu’un petit bout d’île, un amas volcanique, à 1 223 kilomètres au sud de Tokyo, et pourtant elle a bloqué la marche des Alliés vers le Japon pendant des semaines.

Les Américains avaient besoin d’Iwo Jima comme base aérienne, mais les Japonais s’y étaient retranchés.

Les troupes américaines débarquent le 19 février 1945 et entament un mois de combats qui coûteront la vie à 6 800 Américains et 21 000 Japonais.

Au cinquième jour de la bataille, les Marines ont capturé le Mont Suribachi. Un drapeau américain est rapidement hissé, mais un commandant en demande un plus grand, en partie pour inspirer ses hommes et démoraliser ses adversaires.

Le photographe de l’Associated Press Joe Rosenthal a trimballé son encombrant appareil Speed Graphic jusqu’au sommet et, alors que cinq Marines et un infirmier de la marine s’apprêtaient à hisser la bannière étoilée, Rosenthal s’est reculé pour obtenir un meilleur cadrage, et a failli manquer la photo. « Le ciel était couvert« , a-t-il écrit plus tard. « Le vent fouettait le drapeau au-dessus des têtes du groupe, et à leurs pieds, le terrain perturbé et les tiges brisées des arbustes illustraient les turbulences de la guerre. » a-t-il aussi dit.

Deux jours plus tard, la photo de Rosenthal est publiée en première page de tous les journaux américains, où elle est rapidement considérée comme un symbole d’unité dans cette guerre de longue haleine.

La photo, qui a valu à Rosenthal un prix Pulitzer, a eu un tel écho qu’elle a été transformée en timbre-poste et coulée en un mémorial de bronze de 100 tonnes.

Abraham Lincoln par Mathew Brady (1860)

Abraham Lincoln par Mathew Brady (1860)

Abraham Lincoln est un membre peu connu du Congrès de l’Illinois qui n’a fait qu’un seul mandat et qui a des aspirations nationales lorsqu’il arrive à New York en février 1860 pour prendre la parole à la Cooper Union. Le discours doit être parfait, mais Lincoln connaît aussi l’importance de l’image.

Avant de monter sur le podium, il s’arrête au studio de photographie de Mathew B. Brady, à Broadway. Le portraitiste, qui a photographié tout le monde, d’Edgar Allan Poe à James Fenimore Cooper, et qui fera la chronique de la guerre de Sécession à venir, connaît une chose ou deux sur la présentation.

Il a placé Abraham Lincoln dans une pose digne d’un homme d’État, a resserré le col de sa chemise pour cacher son long cou et a retouché l’image pour améliorer son apparence. En un clic d’obturateur, Brady dissipe ce que Lincoln appelle « les rumeurs sur ma longue silhouette disgracieuse … et fait de moi un homme à l’aspect humain et au port digne« .

Le discours que Lincoln prononce ensuite devant un public majoritairement républicain de 1 500 personnes est un succès retentissant, et la photo de Brady apparaît bientôt dans des publications telles que Harper’s Weekly, sur des cartes de visite, des affiches électorales et des badges, ce qui en fait le premier exemple le plus puissant d’une photo utilisée comme propagande électorale.

En se propageant, le portrait propulse Lincoln jusqu’à la Maison-Blanche, où il préserve l’Union et met fin à l’esclavage. Comme Lincoln le reconnaîtra plus tard, « Brady et le discours de la Cooper Union ont fait de moi le président des États-Unis« .

Hitler à un rassemblement du parti nazi par Heinrich Hoffmann (1934)

Hitler à un rassemblement du parti nazi par Heinrich Hoffmann (1934)

Hoffmann, qui a rejoint le parti en 1920 et est devenu le photographe personnel et le confident d’Hitler, était chargé de chorégraphier les carnavals de propagande du régime et de les vendre à un public allemand blessé.

Hoffmann n’a jamais fait mieux que le 30 septembre 1934, dans sa photo rigoureusement symétrique du festival de la moisson de Bückeberg, où le Führer progresse au centre d’une grande fantaisie wagnérienne de troupes adoratrices et hurlantes.

En capturant ce spectacle et tant d’autres extravagances, Hoffmann, qui a pris plus de deux millions de photos de son patron, a alimenté la vaste machine de propagande du régime et ses idéologies.

Ces images étaient omniprésentes dans le Reich d’Hitler, qui utilisait habilement les photos d’Hoffmann pour rendre l’aryanisme digne d’un culte divin.

La propagande d’Hoffmann, rendue de manière experte, témoigne du pouvoir de la photographie à émouvoir les nations et à plonger le monde dans la guerre.

Le Jour J par Robert Capa (1944)

Le Jour J par Robert Capa (1944)

Robert Capa de LIFE était là, le seul photographe à patauger avec les 34 250 soldats sur la plage d’Omaha Beach lors du débarquement.

Ses photographies, imprégnées de mouvements brusques depuis le centre de cet assaut brutal, ont donné au public le point de vue d’un soldat américain sur les dangers de la guerre.

En l’occurrence, il s’agit du soldat de première classe Huston Riley qui, après le bombardement de sa péniche de débarquement par l’artillerie adverse, a sauté dans une eau si profonde qu’il a dû marcher au fond jusqu’à ce qu’il ne puisse plus retenir sa respiration.

Lorsqu’il a activé son gilet de sauvetage M-26 de la marine et qu’il est remonté à la surface, Riley est devenu la cible des canons et des obus d’artillerie qui fauchaient ses camarades.

Frappé à plusieurs reprises, le soldat de 22 ans a mis environ une demi-heure pour atteindre le rivage normand.

Capa a pris cette photo de lui dans les vagues, puis, avec l’aide d’un sergent, a aidé Riley, qui s’est souvenu plus tard avoir pensé : « Mais qu’est-ce que ce type fait ici ? Je n’arrive pas à y croire. Il y a un caméraman sur le rivage. »

Capa a passé une heure et demie sous le feu des hommes qui l’entouraient et qui mouraient. Un coursier a ensuite transporté ses quatre bobines de film jusqu’aux bureaux londoniens de LIFE, et le directeur général du magazine a arrêté les presses pour les faire paraître dans le numéro du 19 juin.

Cependant, la plupart des pellicules ne présentaient aucune photo après le développement, et seules quelques images ont survécu. Les images restantes ont un aspect granuleux et flou qui leur donne la sensation frénétique de l’action, une qualité qui est venue définir notre mémoire collective de cet affrontement historique.

Androgynie (6 hommes + 6 femmes) par Nancy Burson (1982)

Androgynie (6 hommes + 6 femmes) par Nancy Burson (1982)

La photographie est un moyen parfait pour enregistrer le passé. Mais jusqu’à Androgyny de Nancy Burson, elle était inutile pour prédire l’avenir.

Deux décennies avant que la retouche plastique possible via la photographie numérique ne devienne omniprésente, Nancy Burson a travaillé avec des scientifiques du MIT pour développer une technologie qui lui a permis de créer cette photo composite des visages de six hommes et de six femmes.

L’effet était révolutionnaire. Les photographies pouvaient soudain être utilisées pour projeter l’apparence d’une personne, et non plus seulement celle qu’elle avait auparavant.

Le travail de Burson sur les images composites l’a amenée à développer un logiciel novateur permettant de vieillir numériquement les visages, pour la première fois, ces images pouvaient être basées sur autre chose que des suppositions.

Le Federal Bureau of Investigation a acquis le logiciel de Burson pour créer des images actuelles de personnes disparues des années auparavant, et il a été utilisé pour retrouver de nombreuses personnes disparues.

La bataille d’oreillers par Harry Benson (1964)

La bataille d’oreillers par Harry Benson (1964)

Harry Benson ne voulait pas rencontrer les Beatles. Le photographe originaire de Glasgow avait prévu de couvrir un reportage en Afrique lorsqu’il a été chargé de photographier les musiciens à Paris. « Je me prenais pour un journaliste sérieux et je ne voulais pas couvrir un sujet sur le rock’n’roll« , se moque-t-il.

Mais une fois qu’il a rencontré les garçons de Liverpool et qu’il les a entendus jouer, Benson n’a eu aucune envie de partir. « Je me suis dit : ‘Mon Dieu, je suis sur la bonne histoire’« . Les Beatles étaient sur le point d’atteindre la gloire, et Benson était au milieu de tout ça.

Sa photo de bataille d’oreillers, prise dans le chic hôtel George V la nuit où le groupe a appris que « I Want to Hold Your Hand » était numéro 1 aux États-Unis, fige John, Paul, George et Ringo dans une cascade exubérante de talent enfantin. Il capture la joie, le bonheur et l’optimisme purs et simples qui allaient devenir la Beatlemania.

Le mois suivant, Benson a accompagné les Fab Four qui se sont envolés pour New York afin de participer au Ed Sullivan Show, donnant ainsi le coup d’envoi de la British Invasion. Ce voyage a donné lieu à des décennies de collaboration avec le groupe et, comme Benson l’a rappelé plus tard, « j’étais si près de ne pas être là« .

Muhammad Ali Vs. Sonny Liston par Neil Leifer (1965)

Muhammad Ali Vs. Sonny Liston par Neil Leifer (1965)

Une grande partie de la photographie consiste à se trouver au bon endroit au bon moment. C’est ce qu’a vécu Neil Leifer, photographe de sports, lorsqu’il a pris ce qui est peut-être la plus grande photo de sport du siècle. « J’étais manifestement au bon endroit, mais ce qui compte, c’est que je n’ai pas manqué mon coup« , a-t-il déclaré plus tard.

Leifer était assis au bord du ring à Lewiston, dans le Maine, le 25 mai 1965, alors que Muhammad Ali, 23 ans, champion de boxe poids lourd, affrontait Sonny Liston, 34 ans, l’homme à qui il avait arraché le titre l’année précédente.

Une minute et 44 secondes après le premier round, le poing droit d’Ali touche le menton de Liston, qui s’écroule. Leifer prend la photo du champion dominant son adversaire vaincu et le narguant : « Lève-toi et bats-toi, crétin !« .

La Salle de crise par Pete Souza (2011)

La Salle de crise par Pete Souza (2011)

Les photographes officiels de la Maison-Blanche documentent les présidents au jeu et au travail, au téléphone avec les dirigeants du monde entier et dans les réunions du Bureau ovale.

Mais parfois, cet accès unique leur permet de saisir des moments décisifs qui resteront gravées dans la mémoire collective.

Le 1er mai 2011, Pete Souza se trouvait dans la « Situation room » (salle de crise) lorsque les forces américaines ont lancé un raid sur le complexe pakistanais d’Oussama ben Laden et tué le chef terroriste.

Pourtant, la photo de Souza ne montre ni le raid ni Ben Laden. Au lieu de cela, il a capturé ceux qui regardaient l’opération secrète en temps réel. Le président Barack Obama a pris la décision de lancer l’attaque, mais comme toutes les autres personnes présentes dans la pièce, il n’est qu’un simple spectateur de son exécution. Il fixe, les sourcils froncés, le déroulement du raid sur les écrans. La secrétaire d’État Hillary Clinton se couvre la bouche, attendant de voir le résultat.

Le soir même, dans un discours national prononcé depuis la Maison-Blanche, Obama annonce que Ben Laden a été tué. Les photographies du cadavre n’ont jamais été publiées, laissant la photo de Souza et la tension qu’elle a captée comme seule image publique de ce moment historique.

Dovima et les éléphants par Richard Avedon (1955)

Dovima et les éléphants par Richard Avedon (1955)

Lorsque Richard Avedon a photographié Dovima dans un cirque parisien en 1955 pour Harper’s Bazaar, tous deux étaient déjà éminents dans leur domaine : elle était l’un des mannequins les plus célèbres au monde, et lui était l’un des photographes de mode les plus connus. Il semble donc logique que Dovima With Elephants soit l’une des photographies de mode les plus célèbres de tous les temps.

Et pourtant son influence durable réside aussi dans ce que cette photo capture.

En effet, Dovima (portant la première robe Dior conçue par Yves Saint Laurent) était l’un des derniers « grands mannequins » de l’époque où la haute couture était un monde relativement cloîtré et élitiste. Après les années 1950, les mannequins ont commencé à ressembler plutôt à des jeunes filles « plus banales » plutôt de la beauté inaccessible de l’ancienne génération, contribuant à transformer la haute couture en divertissement.

Le cliché apporte également du mouvement à un média (la photo) qui était auparavant caractérisé par l’immobilité. Les mannequins ont longtemps été des mannequins, censés rester immobiles alors que les vêtements attiraient toute l’attention.

En sortant les mannequins du studio et en les plaçant dans des décors captivants, Avedon a contribué à brouiller la frontière entre la photographie de mode commerciale et l’art.

« Dovima With Elephants » capture donc un tournant dans notre culture au sens large : le dernier mannequin à l’ancienne, qui lance la mode sur sa nouvelle voie.

Nuit De Noel par Malick Sidibe (1963)

Nuit De Noel par Malick Sidibe (1963)

La vie du photographe malien Malick Sidibé a suivi la trajectoire de sa nation. Il a commencé par garder les chèvres de sa famille, puis s’est formé à la fabrication de bijoux, à la peinture et à la photographie.

À la fin de la domination coloniale française en 1960, il a capturé les changements subtils et profonds qui ont remodelé sa nation.

Surnommé l’Œil de Bamako, Sidibé a pris des milliers de photos qui sont devenues une chronique en temps réel de l’esprit euphorique qui s’emparait de la capitale.

« Tout le monde devait avoir le dernier style de Paris« , observe-t-il en observant les jeunes gens portant des vêtements tape-à-l’œil, chevauchant des Vespas et s’embrassant en public alors qu’ils embrassent un monde sans entraves.

La veille de Noël 1963, Sidibé a croisé un jeune couple dans un club, perdu dans les yeux de l’autre. Ce que Sidibé a appelé son « talent d’observateur » lui a permis de capturer leur intimité tranquille, leurs têtes se frôlant sur une piste de danse vide.

« Nous entrions dans une nouvelle ère, et les gens voulaient danser« , a déclaré Sidibé. « La musique nous a libérés. Tout à coup, les jeunes hommes pouvaient s’approcher des jeunes femmes, les tenir dans leurs mains. Avant, ce n’était pas autorisé. Et tout le monde voulait être photographié en train de danser de près.« 

Birmingham, Alabama par Charles Moore (1963)

Birmingham, Alabama par Charles Moore (1963)

Au cours de l’été 1963, Birmingham était en ébullition, les habitants noirs et leurs alliés du mouvement pour les droits civiques se heurtaient à une structure de pouvoir blanche déterminée à maintenir la ségrégation.

Photographe pour le « Montgomery Advertiser and life« , Charles Moore était originaire de l’Alabama. Et bien qu’il ait photographié de nombreux autres moments fondamentaux du mouvement, c’est l’image d’un chien policier déchirant le pantalon d’un manifestant noir qui a permis de saisir la brutalité routinière de la ségrégation.

Lorsque le cliché est publiée dans LIFE, les politiciens hésitants ont rapidement repris la cause et ont adopté la loi sur les droits civils de 1964 près d’un an plus tard.

Boulevard Du Temple par Louis Daguerre (1839)

Boulevard Du Temple par Louis Daguerre (1839)

Le cireur de chaussures qui travaillait sur le boulevard du Temple (en bas à gauche de la photo), à Paris, un jour de printemps 1839, ne se doutait pas qu’il allait entrer dans l’histoire.

Le cliché révolutionnaire de Louis Daguerre (peintre et photographe français), représentant cet homme et un client, est le premier exemple connu d’êtres humains capturés dans une photo.

Avant Daguerre, les gens n’étaient représentés majoritairement que dans des peintures.

Cela a changé lorsque Daguerre a fixé son objectif dans une rue de Paris, puis a exposé une feuille de cuivre argentée pendant plusieurs minutes (d’autres personnes sont entrées dans le cadre, mais ne sont pas restées assez longtemps pour être capturées), a développé et fixé la photo à l’aide de produits chimiques. Le résultat est la première photographie à image miroir.

Le salut du Black Power par John Dominis (1968)

Le salut du Black Power par John Dominis (1968)

Les Jeux olympiques sont censés être une célébration de l’unité mondiale. Mais lorsque les sprinters américains Tommie Smith et John Carlos montèrent sur le podium aux Jeux de 1968 à Mexico, ils étaient déterminés à briser l’illusion que tout allait bien dans le monde.

Juste avant que l’hymne américain ne soit jouée, Smith, le médaillé d’or, et Carlos, le médaillé de bronze, inclinent la tête et lèvent les poings gantés de noir en l’air. Leur message n’aurait pas pu être plus clair : avant de saluer l’Amérique, l’Amérique doit traiter les Noirs comme des égaux.

« Nous savions que ce que nous allions faire était bien plus important que n’importe quel exploit athlétique« , a déclaré plus tard Carlos. John Dominis, un photographe a réalisé un gros plan qui a révélé un autre élément : Smith porte des chaussettes noires, sans ses chaussures de course, un geste censé symboliser la pauvreté noire.

[Choc] Les photos les plus célèbres dans l’histoire du monde

Omayra Sanchez par Frank Fournier (1985)

Omayra Sanchez par Frank Fournier (1985)

Le 13 novembre 1985, le Nevado del Ruiz est entré en éruption. Se déplaçant à une vitesse d’environ 40 km/h, la coulée de boue a atteint Armero et a recouvert 85 % de la ville d’une boue épaisse et lourde.

La boue a également piégé les habitants qui tentaient de fuir. Si certains ont eu la chance de n’être que blessés, la plupart des habitants de la ville ont péri. Pas moins de 25 000 personnes sont mortes. Seul un cinquième de la population d’Armero a survécu.

Le photojournaliste Frank Fournier est arrivé à Bogotá deux jours après l’éruption où il avait prévu de capturer les efforts de sauvetage sur le terrain. Au lieu d’une opération organisée et fluide, Fournier a rencontré le chaos et le désespoir.

« Tout autour, des centaines de personnes étaient piégées. Les sauveteurs avaient du mal à les atteindre. J’entendais les gens crier à l’aide et puis le silence – un silence sinistre« , a-t-il déclaré à la BBC deux décennies après les évènements. « C’était très obsédant« .

Au milieu du chaos, un fermier l’a emmené vers une petite fille qui avait besoin d’aide. Le fermier lui a dit que la fille était coincée sous sa maison détruite depuis trois jours. Elle s’appelait Omayra Sánchez.

Des volontaires de la Croix-Rouge et des habitants du quartier ont essayé de la sortir de là, mais quelque chose sous l’eau qui l’entourait lui avait coincé les jambes, la rendant incapable de bouger.

Pendant ce temps, l’eau qui engloutissait Sánchez devenait de plus en plus haute, en partie à cause des pluies continues.

« Je vais manquer une année parce que je ne suis pas allée à l’école depuis deux jours« , a-t-elle dit au journaliste du Tiempo German Santamaria, qui était également à ses côtés. Sánchez a demandé à Fournier de l’emmener à l’école, elle craignait d’être en retard.

Omayra Sánchez est morte après avoir passé plus de 60 heures coincée sous la boue et les débris.

La photographe pouvait sentir ses forces faiblir. L’adolescente semblait être prête à accepter son sort. Elle a demandé aux volontaires de la laisser se reposer, et a dit « adiós » à sa mère.

Trois heures après que Fournier l’a trouvée, Omayra Sánchez est morte.

« Lorsque j’ai pris les photos, je me suis sentie totalement impuissant face à cette petite fille, qui faisait face à la mort avec courage et dignité« , se souvient Fournier. « J’ai senti que la seule chose que je pouvais faire était de faire un reportage correct […] et d’espérer que cela mobiliserait les gens pour aider ceux qui avaient été secourus et avaient été sauvés.« 

Le souhait de Fournier a été exaucé. Sa photo d’Omayra Sánchez a été publiée dans le magazine Paris Match quelques jours plus tard. Cette photo lui a valu le prix de la World Press Photo de l’année 1986.

Mais elle a aussi suscité l’indignation du public. La mort lente et bien documentée d’Omayra Sánchez stupéfie le monde entier. Comment un photojournaliste pouvait-il rester là et regarder une jeune fille de 13 ans mourir ?

Le tollé provoqué par la mort d’Omayra Sánchez a également suscité un débat sur la nature vulturiste du photojournalisme.

« Il y a des centaines de milliers d’Omayras dans le monde, des histoires importantes sur les pauvres et les faibles et nous, photojournalistes, sommes là pour créer le pont« , a déclaré Fournier à propos des critiques.

« J’ai eu la chance de pouvoir servir de passerelle pour relier les gens à elle« , a-t-il ajouté.

Le fait que les gens trouvent encore la photographie tout à fait dérangeante, même des décennies après qu’elle ait été prise, montre le « pouvoir durable » d’Omayra Sánchez. »

La photographie emblématique de Fournier montrant la souffrance de Sanchez était si troublante qu’elle a suscité une réaction internationale contre les efforts de sauvetage pratiquement inexistants du gouvernement colombien.

Les témoignages de secouristes bénévoles et de journalistes sur le terrain ont décrit une opération de sauvetage tout à fait inadéquate, manquant totalement de direction et de ressources.

Dans le cas de Sánchez, les sauveteurs ne disposaient pas de l’équipement nécessaire pour la sauver, ils n’avaient même pas de pompe à eau pour drainer l’eau qui montait autour d’elle.

Le bateau sans sourires par Eddie Adams (1977)

Le bateau sans sourires par Eddie Adams (1977)

Le soleil n’était pas encore levé en ce jour de Thanksgiving 1977 lorsque le photographe Eddie Adams de l’Associated Press a vu un bateau de pêche rempli de réfugiés sud-vietnamiens dériver vers la Thaïlande.

Il patrouillait avec les autorités maritimes thaïlandaises lorsque le bateau instable transportant une cinquantaine de personnes est arrivé à terre après plusieurs jours en mer. Des milliers de réfugiés avaient afflué du Vietnam d’après-guerre depuis le retrait américain, plus de deux ans auparavant, fuyant le communisme en se dispersant dans toute l’Asie du Sud-Est à la recherche d’un abri sûr.

Souvent, ils étaient repoussés. Adams est monté à bord du bateau de pêche bondé et a commencé à photographier.

Mais très rapidement les autorités thaïlandaises ont fini par exiger qu’il débarque, craignant, selon Adams, que sa présence ne suscite de la sympathie pour les réfugiés et n’oblige la Thaïlande à ouvrir ses portes.

Adams a transmis ses photos et rédigé un court rapport, et en quelques jours, elles ont été largement publiées. Les images ont été présentées au Congrès, ce qui a contribué à ouvrir les portes des États-Unis à plus de 200 000 réfugiés du Viêt Nam entre 1978 et 1981

Peloton d’exécution en Iran par Jahangir Razmi (1979)

Peloton d’exécution en Iran par Jahangir Razmi (1979)

Peu d’images sont aussi frappantes que celle d’une exécution.

Le 27 août 1979, 11 hommes qui avaient été reconnus coupables de « contre-révolution » par le régime du dirigeant iranien, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, ont été alignés sur un terrain en terre battue à l’aéroport de Sanandaj et abattus côte à côte.

Aucun journaliste international n’a assisté à ces meurtres. Ils avaient été interdits d’Iran par Khomeini, ce qui signifiait que c’était à la presse nationale de faire la chronique du conflit sanglant entre la théocratie et les Kurdes locaux, qui n’avaient pas été représentés au sein du gouvernement de Khomeini.

Le photographe iranien Jahangir Razmi avait été informé du procès et a pris de nombreuses photos lors des exécutions. L’une des photos, montrant des corps froissés sur le sol et un autre homme sur le point de les rejoindre, a été publiée anonymement en première page du quotidien iranien « Ettela’at ».

Quelques heures plus tard, des membres du Conseil révolutionnaire islamique se sont présentés au bureau du journal et ont exigé le nom du photographe. Le rédacteur en chef a refusé. Quelques jours plus tard, la photo a été reprise par l’agence de presse UPI et diffusée dans les journaux du monde entier comme preuve de la nature meurtrière du gouvernement religieux de Khomeini.

L’année suivante, Peloton d’exécution en Iran a reçu le prix Pulitzer, le seul lauréat anonyme de l’histoire.

Ce n’est qu’en 2006 qu’il a été révélé que Razmi était le photographe.

Les morts d’Antietam par Alexander Gardner (1862)

Les morts d’Antietam par Alexander Gardner (1862)

Cette photo a été prise à Antietam, dans le Maryland, après la bataille sanglante de Sharpsburg, où plus d’Américains que jamais sont morts en un seul jour.

Le photographe d’origine écossaise Alexander Gardner arrive sur place deux jours après le massacre du 17 septembre 1862. Il a installé son appareil photo à plaque humide et a commencé à prendre des dizaines de photos de la campagne jonchée de cadavres, documentant les soldats tombés, les équipes d’enterrement et les tombes des tranchées.

Gardner travaillait pour Mathew Brady et, à son retour à New York, son employeur organisa une exposition de son travail. Les visiteurs sont accueillis par un simple panneau indiquant « The Dead Of Antietam » (Les morts d’Antietam).

Mais ce qu’ils ont vu était tout sauf simple. Les civils découvrent ce que l’on pense être les premières photos de victimes de guerre. Les photographies de Gardner sont si nettes que les gens peuvent distinguer les visages. La mort n’est pas filtrée, et une guerre qui semblait lointaine devient soudain terriblement immédiate.

Gardner a contribué à faire prendre conscience aux Américains de l’importance du fratricide qui, en 1865, allait coûter la vie à plus de 600 000 personnes.

Les images d’Antietam réalisées par Gardner ont laissé un héritage durable en établissant un précédent visuel douloureux et puissant pour la manière dont toutes les guerres ont été couvertes depuis lors.

Garçon albinos par Don Mccullin (1969)

Garçon albinos par Don Mccullin (1969)

Peu de gens se souviennent du Biafra, cette minuscule nation d’Afrique occidentale qui s’est détachée du sud du Nigeria en 1967 et qui a été reprise moins de trois ans plus tard.

Une grande partie du monde a appris l’énormité de cette brève lutte à travers les images de la famine et des maladies qui ont coûté la vie à des millions de personnes. Aucune ne s’est avérée aussi puissante que la photo d’un enfant albinos de 9 ans prise par le photographe de guerre britannique Don McCullin.

« Être un orphelin biafrais affamé, c’était être dans une situation des plus pitoyables, mais être un Biafrais albinos affamé, c’était être dans une position au-delà de toute description« , « Mourant de faim, il était encore parmi ses pairs un objet d’ostracisme, de ridicule et d’insulte » écrit McCullin.

Cette photo a profondément influencé l’opinion publique, a fait pression sur les gouvernements pour qu’ils prennent des mesures, et a conduit à des ponts aériens massifs de nourriture, de médicaments et d’armes.

Si l’attention du public s’est finalement déplacée, le travail de McCullin a laissé un héritage durable : lui et d’autres témoins du conflit ont inspiré le lancement de Médecins sans frontières, qui fournit une aide médicale d’urgence aux personnes souffrant de la guerre, d’épidémies et de catastrophes.

Les fusillades de Kent State par John Paul Filo (1970)

Les fusillades de Kent State par John Paul Filo (1970)

La fusillade à l’université Kent State dans l’Ohio a duré 13 secondes. À la fin, quatre étudiants sont morts et neuf ont été blessés.

Les manifestants faisaient partie d’une vague nationale de mécontentement étudiant suscitée par la nouvelle présence de troupes américaines au Cambodge.

Au Kent State Commons, les manifestants ont supposé que les troupes de la Garde nationale appelées pour contenir la foule tiraient à blanc. Mais lorsque les tirs ont cessé, des corps inertes d’étudiants jonchés le sol.

John Filo, étudiant et photographe de presse à temps partiel, a résumé cet évènement en une seule image lorsqu’il a capturé Mary Ann Vecchio pleurant et s’agenouillant devant Jeffrey Miller, mortellement blessé.

La photo de Filo a été diffusée par l’AP et imprimée en première page du New York Times. Elle a ensuite remporté le prix Pulitzer et est devenue depuis le symbole visuel de la jeunesse perdue d’une nation pleine d’espoir.

Samedi sanglant par H. S. Wong (1937)

Samedi sanglant par H. S. Wong (1937)

Les mêmes désirs impérialistes qui couvaient en Europe dans les années 30 avaient déjà envahi l’Asie.

Pourtant, de nombreux Américains hésitent encore à s’engager dans un conflit dans ce qui semble être une terre lointaine et étrangère. Mais cette opinion a commencé à changer lorsque l’armée japonaise du Soleil Levant a roulé vers Shanghai au cours de l’été 1937.

Les combats ont commencé en août, et les bombardements incessants ont provoqué la panique et la mort dans les rues.

Mais le reste du monde n’a pas pu mettre un visage sur les victimes avant de voir les conséquences d’une attaque de bombardiers japonais le 28 août.

Lorsque H.S. Wong, un photographe de Hearst Metrotone News surnommé Newsreel, est arrivé à la South Station détruite, il s’est souvenu d’un carnage si frais « que mes chaussures étaient trempées de sang« . Au milieu de la dévastation, Wong a vu un bébé chinois en pleurs dont la mère gisait morte sur les voies voisines. Il a dit qu’il a rapidement fini le reste de sa pellicule et qu’il a couru pour porter le bébé en sécurité, mais pas avant que le père du garçon ne se précipite pour l’emmener.

L’image de Wong représentant le bébé blessé et sans défense a été envoyée à New York et a fait l’objet de reportages dans les actualités, les journaux et le magazine Life de Hearst.

Regardée par plus de 136 millions de personnes, pour beaucoup, la douleur de l’enfant représentait la détresse de la Chine et la soif de sang du Japon.

La photo surnommée « Bloody Saturday » (samedi sanglant) est devenue l’une des images d’actualité les plus puissantes de tous les temps. Sa diffusion révèle la force puissante d’une image pour influencer l’opinion officielle et publique.

La photo de Wong a conduit les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France à protester officiellement contre l’attaque et a contribué à faire évoluer le sentiment occidental en faveur d’une participation à ce qui allait devenir la deuxième grande guerre mondiale.

Deuil par Dmitri Baltermants (1942)

Deuil par Dmitri Baltermants (1942)

Né en Pologne, Dmitri Baltermants avait prévu de devenir professeur de mathématiques, mais il est tombé amoureux de la photographie.

En janvier 1942, il se trouvait dans la ville nouvellement libérée de Kerch, en Crimée, où deux mois plus tôt, les escadrons de la mort nazis avaient rassemblé les 7 000 Juifs de la ville. « Ils ont chassé des familles entières – des femmes, des personnes âgées, des enfants », se souvient Baltermants des années plus tard. « Ils les ont tous conduits vers un fossé antichar et les ont abattus ».

Là, Baltermants est tombé sur un champ lugubre, encombré de cadavres.

Cependant, ces images de meurtres nazis de masse sur le sol soviétique étaient trop explicites pour les dirigeants de son pays. Et comme de nombreuses photos de Baltermants, celle-ci a été censurée et n’a été montrée que des décennies plus tard, lorsque le libéralisme s’est infiltré dans la société russe dans les années 1960.

Lorsqu’elle est enfin apparue, la photo de Baltermants a permis à des générations de Russes de se constituer une mémoire collective de leur grande guerre. « Vous faites votre travail du mieux que vous pouvez« , a-t-il observé sombrement, « et un jour, il fera surface« .

Fœtus, 18 semaines par Lennart Nilsson (1965)

Fœtus, 18 semaines par Lennart Nilsson (1965)

Lorsque le magazine LIFE a publié le photoreportage de Lennart Nilsson intitulé « Drama of Life Before Birth » (le drame de la vie avant la naissance) en 1965, le numéro a été si populaire qu’il a été épuisé en quelques jours.

Et pour cause. Les images de Nilsson ont révélé pour la première fois l’aspect d’un fœtus en développement et ont soulevé de nouvelles questions sur le moment où la vie commence.

Dans l’article qui accompagne le livre, LIFE explique que tous les fœtus photographiés, à l’exception d’un seul, l’ont été hors de l’utérus et ont été retirés ou avortés pour diverses raisons médicales.

Nilsson avait passé un accord avec un hôpital de Stockholm, dont les médecins l’appelaient dès qu’un fœtus était disponible pour être photographié.

Dans une pièce dédiée, avec des lumières et des objectifs spécialement conçus pour le projet, Nilsson disposait les fœtus de façon à ce qu’ils semblent flotter comme dans le ventre de leur mère.

Le visage du sida par Thérèse Frare (1990)

Le visage du sida par Thérèse Frare (1990)

David Kirby est mort entouré de sa famille.

Mais, la photographie publiée dans LIFE en 1990 de Therese Frare représentant cet homme de 32 ans sur son lit de mort a fait plus que capturer un drame familial. Ce cliché matérialisé les rabages du sida (qui a tué David Kirby), à une époque où elle sévissait en grande partie hors de la vue du public.

En 1992, la société de vêtements Benetton a utilisé une version colorisée de la photographie de Frare dans une série de publicités provocantes. De nombreux magazines ont refusé de la diffuser et plusieurs groupes ont appelé au boycott. Mais la famille de Kirby a consenti à son utilisation.

Le soldat qui tombe par Robert Capa (1936)

Le soldat qui tombe par Robert Capa (1936)

La photo de Capa d’un milicien espagnol se faisant tirer dessus a été prise sans qu’il ne regarde dans son viseur.

Prise en tenant son appareil photo au-dessus de sa tête alors qu’il se trouvait dans les tranchées, cette image a porté la photographie de guerre à un autre niveau.

Peu de temps après, les journalistes ont commencé à être officiellement intégrés dans les unités de l’armée, car on a pris conscience de leur importance pour documenter la guerre.

Derrière des portes fermées par Donna Ferrato (1982)

Derrière des portes fermées par Donna Ferrato (1982)

Furieux d’un affront perçu, Garth a battu sa femme pendant qu’elle se recroquevillait dans un coin.

De tels actes de violence entre partenaires intimes ne sont pas rares, mais ils se produisent généralement en privé. Cette fois, une autre personne était présente dans la pièce, la photographe Donna Ferrato.

Ferrato, qui avait appris à connaître le couple dans le cadre d’un projet photographique sur les échangistes fortunés, savait que le simple fait d’être témoin ne suffisait pas. Elle a alors contacté des magazines pour qu’ils publient les images, mais tous ont refusé.

Ferrato a donc publié ses photos dans son propre livre « Living With the Enemy« , sorti en 1991. Ce livre relate les épisodes de violence domestique et leurs conséquences (et notamment ceux de Garth et Lisa).

Son travail a contribué à faire sortir de l’ombre la violence à l’égard des femmes. En 1994, le Congrès a adopté la loi sur la violence à l’égard des femmes, qui a renforcé les sanctions à l’encontre des contrevenants et a contribué à former la police pour qu’elle traite cette violence comme un crime grave.

Guerre de Bosnie par Ron Haviv (1992)

Guerre de Bosnie par Ron Haviv (1992)

Il faut parfois du temps pour que les images les plus choquantes fassent de l’effet.

La guerre en Bosnie n’avait pas encore commencé lorsque l’Américain Ron Haviv a pris cette photo d’un Serbe donnant des coups de pied à une femme musulmane abattue par les forces serbes.

Haviv avait obtenu l’accès aux Tigres, une milice nationaliste brutale qui l’avait averti de ne pas photographier de meurtres. Mais Haviv était déterminé à documenter la cruauté dont il était témoin et, en une fraction de seconde, il a décidé de prendre le risque.

TIME a publié la photo une semaine plus tard, et le cliché a déclenché un large débat sur la nécessité d’une réponse internationale à ce conflit.

Mais concrètement : il ne s’est rien passé. La guerre s’est poursuivie pendant plus de trois ans. Haviv qui a été mis sur une liste de cibles par le chef des Tigres (Zeljko Raznatovic), a été frustré par la tiédeur de la réaction globale.

Près de 100 000 personnes ont perdu la vie. Avant son assassinat en 2000, Zeljko Raznatovic a été inculpé pour crimes contre l’humanité. L’image d’Haviv a été utilisée comme preuve contre lui et d’autres auteurs de ce que l’on a appelé le « nettoyage ethnique ».

Le soulèvement de Soweto par Sam Nzima (1976)

Le soulèvement de Soweto par Sam Nzima (1976)

Peu de personnes en dehors de l’Afrique du Sud ont prêté attention à l’apartheid avant le 16 juin 1976, lorsque plusieurs milliers d’étudiants de Soweto ont entrepris de protester contre l’introduction de l’enseignement obligatoire de l’afrikaans dans leurs écoles.

En chemin, ils ont rassemblé des jeunes d’autres écoles, dont un élève de 13 ans nommé Hector Pieterson.

Des escarmouches ont commencé à éclater avec la police, et à un moment donné, les agents ont tiré des gaz lacrymogènes. Lorsque les élèves ont lancé des pierres, la police a tiré de vraies balles dans la foule.

« Au début, j’ai fui la scène« , se souvient Sam Nzima, qui couvrait les manifestations pour le World, le journal qui était l’organe de la communauté noire de Johannesburg. « Mais ensuite, après m’être remis, j’y suis retourné« . C’est à ce moment-là que Nzima dit avoir aperçu Pieterson s’écrouler alors que des coups de feu pleuvaient au-dessus de lui. Il a continué à prendre des photos alors que Mbuyisa Makhubu, un lycéen terrifié, ramassait le garçon sans vie et courait avec la sœur de Pieterson, Antoinette Sithole.

Ce qui avait commencé comme une manifestation pacifique s’est rapidement transformé en un violent soulèvement, faisant des centaines de victimes dans toute l’Afrique du Sud.

Le Premier ministre John Vorster a prévenu : « Ce gouvernement ne se laissera pas intimider. » Mais les dirigeants armés étaient impuissants face à la photo de Pieterson prise par Nzima, qui montrait comment le régime sud-africain tuait son propre peuple. La publication de la photo a contraint Nzima à se cacher sous les menaces de mort.

Soudain, le monde ne pouvait plus ignorer l’apartheid. Une photographie avait semé les graines de l’opposition internationale qui allait finalement renverser le système raciste.

Emmett Till par David Jackson (1955)

Emmett Till par David Jackson (1955)

En août 1955, Emmett Till, un adolescent noir de Chicago, rendait visite à des parents dans le Mississippi lorsqu’il s’est arrêté à l’épicerie et au marché de viande de Bryant. Il y rencontre Carolyn Bryant, une femme blanche. On ne sait pas si Till a vraiment flirté avec Bryant ou s’il l’a sifflée.

Mais, quatre jours plus tard, le mari de Bryant, Roy, et son demi-frère, J.W. Milam, s’emparent du jeune homme de 14 ans dans la maison de son grand-oncle. Ils ont ensuite battu Till, l’ont abattu, lui ont passé du fil barbelé et un ventilateur métallique de 34 kg autour du cou et ont jeté son corps sans vie dans la rivière Tallahatchie.

Un jury blanc acquitte rapidement les hommes, l’un d’entre eux déclarant que le procès a duré uniquement parce qu’ils avaient dû faire une pause pour boire.

Lorsque Mamie, la mère de Till, vient identifier son fils, elle dit au propriétaire des pompes funèbres : « Laissez les gens voir ce que j’ai vu. » Elle le ramène à Chicago et insiste pour que le cercueil soit ouvert.

Des dizaines de milliers de personnes défilent devant la dépouille de Till. La publication de la photo des funérailles dans « Jet, avec une Mamie stoïque contemplant le corps ravagé de son enfant assassiné, oblige le monde à prendre conscience de la brutalité du racisme américain.

Fille irakienne au poste de contrôle par Chris Hondros (2005)

Fille irakienne au poste de contrôle par Chris Hondros (2005)

Quelques instants avant que le photojournaliste américain Chris Hondros ne prenne cette photo de Samar Hassan, la petite fille se trouvait sur la banquette arrière de la voiture de sa famille, qui rentrait de la ville irakienne de Tall Afar.

Samar était orpheline, ses parents ayant été abattus par des soldats américains qui avaient ouvert le feu parce qu’ils craignaient que la voiture ne transporte des insurgés ou un kamikaze.

C’était en janvier 2005, et la guerre en Irak était à son paroxysme. Ces accidents horribles n’étaient pas rares dans ce conflit chaotique, mais ils n’avaient jamais été documentés en temps réel.

Hondros, qui travaillait pour Getty Images, était intégré à l’unité de l’armée lorsque la fusillade a eu lieu. Il a transmis ses photographies immédiatement, et dès le lendemain, elles étaient publiées dans le monde entier.

Les images ont conduit l’armée américaine à revoir ses procédures de contrôle, mais leur effet le plus important a été d’obliger un public déjà sceptique à se demander pourquoi les soldats américains tuaient les personnes qu’ils étaient venus libérer et protéger.

Hondros a été tué pendant la guerre civile en Libye en 2011.

Famine en Somalie par James Nachtwey (1992)

Famine en Somalie par James Nachtwey (1992)

Ne parvenant pas à obtenir une mission pour documenter la famine de 1992 en Somalie, le photojournaliste James Nachtwey a décidé d’y aller seul.

Soutenu sur le terrain par la Croix-Rouge, Nachtwey a capturé les horreurs de la famine. Sa photo la plus obsédante montre une femme dans une brouette attendant d’être emmenée dans un centre d’alimentation.

Après la publication de ses photos poignantes, la Croix-Rouge a reçu la plus grande vague de soutien public depuis la Seconde Guerre mondiale et a pu sauver 1,5 million de personnes.

Gorille au Congo par Brent Stirton (2007)

Gorille au Congo par Brent Stirton (2007)

Senkwekwe, le gorille de montagne à dos argenté, pesait au moins 226 kg lorsque sa carcasse a été attachée à une civière de fortune, et il a fallu plus d’une douzaine d’hommes pour le transporter.

Brent Stirton a capturé la scène dans le parc national des Virunga, en République démocratique du Congo. Senkwekwe et plusieurs autres gorilles ont été abattus lors d’un violent conflit qui a ravagé le parc, où vivent la moitié des gorilles de montagne, une espèce en danger critique d’extinction.

Lorsque Stirton a photographié des résidents et des gardes forestiers transportant respectueusement Senkwekwe hors de la forêt en 2007. Le parc était assiégé par des personnes récoltant illégalement du bois destiné à l’industrie du charbon de bois qui s’est développée à la suite du génocide rwandais.

Cette photo nous rappelle que les conflits en Afrique centrale ne touchent pas seulement les humains pris entre deux feux, mais aussi l’environnement et les animaux de la région.

Trois mois après la publication de la photo de Stirton dans Newsweek, neuf pays africains, dont le Congo, ont signé un traité juridiquement contraignant pour aider à protéger les gorilles de montagne des Virunga.

L’homme à la capuche par le sergent Ivan Frederick (2003)

L’homme à la capuche par le sergent Ivan Frederick (2003)

Un détenu cagoulé sous la garde des États-Unis pendant la guerre d’Irak se tient debout sur une boîte avec des fils électriques accrochés à ses doigts.

Cette photo est devenue le symbole du scandale des abus commis dans la prison d’Abu Ghraib après sa diffusion, parmi d’autres, à la fin du mois d’avril 2004. Elle a fait ce qu’un rapport écrit n’aurait pas pu faire, en montrant clairement ce que les groupes de défense des droits de l’homme affirmaient depuis des mois : les prisonniers étaient maltraités par les troupes américaines.

Les retombées ont été immédiates, tant à l’étranger que dans le pays.

La catastrophe du Hindenburg par Sam Shere (1937)

La catastrophe du Hindenburg par Sam Shere (1937)

Les zeppelins étaient des mastodontes luxueux qui représentaient la richesse et le pouvoir. L’arrivée de ces navires était une nouvelle, et c’est pourquoi Sam Shere, du service International News Photos, attendait sous la pluie à la base aéronavale de Lakehurst, dans le New Jersey, le 6 mai 1937, que le Hindenburg LZ 129, long de 245 m, arrive de Francfort.

Soudain, sous le regard des médias rassemblés, l’hydrogène inflammable du grand vaisseau s’enflamme, provoquant une explosion spectaculaire de flammes jaune vif et tuant 36 personnes.

Shere était l’un des deux douzaines de photographes de plateau et d’actualités qui se sont précipités pour documenter la tragédie qui se déroulait rapidement. Mais c’est son image, qui est restée la plus célèbre grâce à sa publication sur les premières pages du monde entier et dans LIFE. Et, même plus de trente ans plus tard, cette photo a été utilisée sur la couverture du premier album de Led Zeppelin.

L’accident a contribué à mettre un terme à l’ère des dirigeables.

Le moine en feu par Malcolm Browne (1963)

Le moine en feu par Malcolm Browne (1963)

Le 11 juin 1963, dans une rue de Saigon, au Vietnam, le moine Thich Quang Duc s’immole par le feu en signe de protestation contre la discrimination dont sont victimes les bouddhistes de la part du gouvernement sud-vietnamien.

Au cours d’une manifestation, il a demandé à être aspergé d’essence et a exigé qu’on l’enflamme.

Le photographe de l’ « Associated Press », Malcolm Browne, était sur place à ce moment-là et a capturé une image saisissante, une photo mondialement connue qui a également remporté un prix Pulitzer.

Remarque

Le groupe américain de fusion-rap Rage Against The Machine l’a utilisée pour la couverture de son album éponyme de 1992.

Femme tombant de l’escalier de secours par Stanley Forman (1975)

Femme tombant de l’escalier de secours par Stanley Forman (1975)

Forman était un photographe réputé travaillant pour le Boston Herald lorsqu’il s’est rendu sur les lieux d’un incendie.

Ce qui a commencé par un reportage sur le sauvetage d’une jeune femme et d’un enfant a rapidement pris une autre tournure lorsque l’escalier de secours s’est effondré, Forman les a du coup capturés en pleine chute.

Il n’a baissé son appareil photo et ne s’est retourné qu’après avoir pris conscience la scène.

Cette célèbre photo a valu à Forman un prix Pulitzer.

Mais sa photo a surtout soulevé des questions éthiques : « À quel moment un photographe doit s’arrêter de photographier ? » et « Est-il acceptable de publier des photos choquantes ? ».

Ce cliché a également incité de nombreuses municipalités à renforcer la sécurité de leurs escaliers de secours.

La fillette et le vautour par Kevin Carter (1993)

La fillette et le vautour par Kevin Carter (1993)

Cette photo a été lauréate du prix Pulitzer.

En 1993, le photojournaliste sud-africain Kevin Carter s’est rendu au Soudan pour photographier la famine. La photo qu’il a prise n’a pas seulement suscité l’indignation du public en raison de l’horreur capturée, elle a aussi suscité de nombreuses critiques à l’encontre du photographe. La raison ? Avoir photographié l’enfant au lieu de l’aider.

Toutes ces critiques ont hantée Carter jusqu’à ce qu’il s’enlève la vie en 1994.

Pour information : la mère était apparemment juste à côté et l’enfant ne risquait pas d’être attaqué par l’oiseau. De plus, le photographe était équipé d’un téléobjectif, ce qui donne à la scène un aspect plus comprimé, et donnant l’impression que l’oiseau est plus proche de l’enfant qu’en réalité.

En savoir plus

Si vous voulez en savoir plus sur cette photo et d’autres prises par des photojournalistes en Afrique du Sud pendant la chute de l’apartheid, vous pouvez regarder le documentaire The Bang Bang Club, dont j’avais déjà parlé dans mon article sur les films autour de la photo.

L’exécution de Saïgon par Eddie Adams (1968)

L’exécution de Saïgon par Eddie Adams (1968)

Cette photo emblématique est devenue l’une des photos les plus puissantes de la guerre du Vietnam. Elle a contribué à alimenter le mouvement anti-guerre et à mettre fin à l’engagement des États-Unis dans la guerre, car elle a donné vie, par un visuel horrible, à l’ampleur de la violence qui se produisait.

La terreur de la guerre par Nick Ut (1972)

La terreur de la guerre par Nick Ut (1972)

À 40 kilomètres au nord-ouest de Saigon, le photographe de guerre Nick Ut, a capturé l’une des photos les plus déchirantes de l’histoire de la guerre du Vietnam.

La photo déchirante de Phan Thi Kim Phuc, 9 ans, a forcé le monde à voir toute la souffrance engendrée par cette guerre.

Victime d’un jet de napalm par erreur, elle a ensuite été aidée par Ut et a reçu un traitement salvateur.

À l’époque de la publication (en 1972), de nombreux journaux ont dû assouplir leur politique en matière de nudité.

La photo est toujours controversée à ce jour. Récemment, elle a été brièvement retirée de Facebook pour les mêmes raisons.

Nick Ut a remporté un prix Pulitzer pour cette célèbre photo en 1973.

La mort aux portes du paradis par Javier Bauluz (2000)

La mort aux portes du paradis par Javier Bauluz (2000)

Javier Bauluz a reçu le prix Pulitzer pour cette célèbre photographie, qui souligne la grande disparité entre les classes sociales dans le monde.

Cette photo représente deux touristes assis passivement devant le corps sans vie d’un migrant qui tentait de rejoindre l’Europe.

L’homme qui tombe par Richard Drew (2001)

L’homme qui tombe par Richard Drew (2001)

Cette photo, prise par Richard Drew dans les instants qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, montre la fuite désespérée d’un homme devant les immeubles qui s’effondrent.

Falling Man est l’une des seules photos largement diffusées qui montre une personne mourante lors de cet évènement.

Cependant, l’identité de la personne tombant est encore inconnue. Il s’agissait probablement d’un employé du restaurant Windows on the World, situé au sommet de la tour nord.

Le véritable pouvoir de Falling Man réside toutefois moins dans l’identité de son sujet que dans ce qu’il raconte : un soldat inconnu improvisé dans une guerre souvent inconnue et incertaine, suspendu à jamais dans l’histoire.

Remarque

D’un point de vu composition pure, c’est un parfait exemple d’interruption d’un rythme régulier.

Alan Kurdi par Nilüfer Demir (2015)

Alan Kurdi par Nilüfer Demir (2015)

La guerre en Syrie durait depuis plus de quatre ans lorsque les parents d’Alan Kurdi ont hissé le garçon de 3 ans et son frère de 5 ans dans un canot pneumatique et ont quitté la côte turque pour rejoindre l’île grecque de Kos, située à seulement cinq kilomètres.

Quelques minutes après le départ, une vague a fait chavirer le bateau, et la mère et les deux fils se sont noyés.

Sur le rivage près de la ville côtière de Bodrum, quelques heures plus tard, Nilufer Demir, de l’agence de presse Dogan, a rencontré Alan, le visage tourné sur le côté et les fesses relevées comme s’il dormait. « Il n’y avait plus rien à faire pour lui. Il n’y avait plus rien à faire pour le ramener à la vie », a-t-elle déclaré. Alors Demir a levé son appareil photo. « Je me suis dit que c’était la seule façon d’exprimer le cri de son corps silencieux. »

L’image qui en résulte est devenue la photographie emblématique d’une guerre qui, au moment où Mme Demir a appuyé sur le déclencheur, avait tué 220 000 personnes. Elle a été prise non pas en Syrie, mais aux portes de l’Europe, où se dirigeaient les réfugiés.

Conclusion

On arrive à la fin de cet article sur 101 des photos les plus célèbre dans le monde !

Ce que l’on remarque c’est que de nombreuses photos les plus célèbres ont pour thématique : la guerre, la violence, la mort et… les États-Unis.

Le coté positif, c’est que de biens des cas les photos ont aussi servie à améliorer des situations ou à mettre en lumière au monde certaines réalités cachées .

Cette liste n’est pas exhaustives, alors je vous invite à mettre en commentaire des suggestions si vous en avez !

J’ai aussi une chaîne YouTube !

  • Ayant eu un demi frère mars n et photographe ,je garde en mémoire beaucoup de ses clichés pris de par le monde ,en Asie comme en Afrique,et ces images de moments instantanés prises a Saïgon dans les années 69 ou a Cotonou ou Abidjan ont contribué à donner au gamin de dix ans que j’étais et une vision autre du monde et le goût de l’image. Il se nommait Bonnin Jean Jacques .

  • bizarre qu il n y ait pas de photos du traitement des palestiniens par l armee israelienne, par exemple la photo des enfants mutiles sur la plage de GAZA.Serait ce un parti pris?

    • Bonjour Francis,

      C’est une liste non exhaustive de photos, et finalement un nombre assez limité, mais il fallait bien que je m’arrête à un moment (101 c’est déjà pas mal). Comme des milliers de personnes passent sur cet article, et qu’il existe sans doutes des centaines voire des milliers de photos connues, et que chacun a sa propre sensibilité, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il y aura toujours des photos que l’on peut rajouter. Ainsi, ne pas tomber sur telle ou telle photo n’est pas « bizarre » mais normal. Je ne connais pas toutes les photos qui existent, et je ne compte pas non plus passer des mois à lister des centaines de photos (101 photos ça représente déjà des dizaines d’heures de travail).

      Par ailleurs, sur ce blog je ne fais pas de politique. Je n’ai pas non plus de parti pris, la politique et la géopolitique m’intéressent très peu personnellement.

      En revanche je parle photo, et je fais souvent mes recherches en anglais. C’est une langue que je comprends et qui me permet d’obtenir beaucoup de résultats. Le revers de la médaille c’est que ce sont toujours (grosso modo) les mêmes photos qui ressortent, et du point de vue anglo-saxon, et donc forcément un point de vue tronqué.

      Pour finir, je n’ai pas pour souvenir d’être tombé sur la photo dont vous me parlez. Mais bien évidemment je suis ouvert à toute suggestion si vous avez le nom de la photo, du photographe ou les mots-clefs pour tomber sur la photo dont vous parlez.

      Bien à vous,
      Gaëtan de PhotoManiac

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