« Vers l’infini et au-delà ! »
Buzz l’éclair
.J’aime bien Toy story alors je voulais caser ça là.
Bon, ce n’est pas juste par pur plaisir que je cite Buzz, c’est parce que notre sujet du jour est en lien avec ce personnage et cette réplique culte : le ciel, les étoiles. Dans cet article, on va voir comment prendre des photos d’un ciel étoilé.
On va voir ensemble le matériel, les réglages, la préparation, les effets de traînées d’étoile, la prise de vue. Tout y passe !
Comme d’habitude, le but de cet article est d’écrire une véritable ressource sur le sujet. Vous allez trouver beaucoup d’informations, que je mettrai à jour avec le temps.
Allez en avant Guingamp !
Le matériel pour la photographie d’étoile
Le boîtier photo pour la photo de ciel étoilé
Un appareil photo avec d’excellentes performances en basse lumière, cela signifie que le boîtier :
- a un grand capteur (donc un 24×36, même si ce n’est pas obligatoire, c’est mieux) ;
- une bonne montée ISO (c’est-à-dire avec le moins de bruit possible à des ISO élevés ) ;
- est capable de capture une grande gamme dynamique (c’est-à-dire la capacité à capturer de grandes différences de luminosité).
Pour vous donner des exemples, les boîtiers suivants sont très appréciés pour la photographie en basse luminosité : Nikon D850, Nikon Z6 II, Nikon D810, Canon 5D Mark IV, Sony a7R III, Sony A7 III, Fujifilm X-T4.
Le boîtier doit aussi avoir un mode de prise de vue Manuel (M) pour régler vos paramètres d’exposition comme vous le souhaitez (généralement tous les appareils photo en ont un). En effet, avec ce type de conditions d’éclairage, notre posemètre interne sera totalement perdu, il ne comprendra pas ce que l’on veut faire. Le mode M va nous paramètre de passer outre notre posemètre.
Un mode Bulb serait même préférable pour les temps de pose supérieurs à 30 s.
Et pour finir, il faudrait que votre boîtier permette la prise de photo au format RAW qui nous laissera plus de latitude au développement. Le développement est indispensable pour la photo nocturne.
L’objectif pour la photo de ciel étoilé
Un objectif avec une grande ouverture maximale (entre f/2.8 et f/1.2, ou en-dessous de f/4) serait parfait (on appelle au ça un objectif rapide). En basse luminosité vous allez manquer de… lumière, comme son nom l’indique. Une grande ouverture permettra donc de compenser en laissant rentrer un maximum de flux lumineux jusqu’à votre capteur en manque de lumière.
Au niveau de la distance focale, en photo de ciel étoile on cherche en général à photographier un maximum d’étoiles. Votre angle devra donc être capable de « voir large ». Un objectif grand angle (voire ultra grand angle) sera nécessaire si c’est votre but.
Vous avez donc besoin d’un objectif grand angle à grande ouverture. Mauvaise nouvelle, les objectifs ce type coûtent chers. Alors, si vous n’avez pas le budget pour le moment vous pouvez commencer avec un grand angle n’ouvrant qu’à f/5.6 par exemple.
Autre matériel pour la photo de ciel étoilé
- Une lampe frontale : il fera nuit, et c’est toujours sympa de voir où on met les pieds. Et plus importante encore, de voir où on installe son matériel. Si votre source de lumière peut s’attacher à vous pour vous laisser les mains libres, c’est encore mieux. Un mode « lumière rouge » permettra à vos yeux de s’adapter plus rapidement à l’obscurité une fois la lumière éteinte.
- Des batteries supplémentaires : la photographie en basse lumière implique de faire des longues poses. Or, ce type de pose vide rapidement les batteries. Et vous savez ce qui vide aussi les batteries ? Le froid. Et la nuit, il est possible que les températures soient basses. Bref, vous l’avez compris, votre autonomie sera mise à rude épreuve, alors assurez le coup, amener plusieurs batteries chargées à 100 %.
- Un trépied : il est impossible de faire des longues poses sans une stabilité parfaite. Le moindre mouvement de l’appareil photo introduira du flou de bougé dans vos photos. Le trépied rendra le matériel suffisamment stable pour obtenir des photos sans flou de bougé.
- Un déclencheur à distance : avec des temps de pose aussi longs, le moindre petit mouvement de l’appareil photo pourrait introduire du flou de bougé. Même le fait d’appuyer sur le bouton de l’obturateur. Une télécommande sans fil vous permettra de déclencher sans toucher à votre boîtier. Assurez-vous bien que la télécommande est compatible avec votre appareil photo. Certains appareils photo disposent d’une application qui permet de transformer votre smartphone en déclencheur à distance.
Le matériel photo facultatif pour la photo de ciel étoilé
- Un pare-soleil : utile si vous prenez vos photos proche de lumières artificielles. Les lumières hors cadre peuvent entrer dans l’objectif par le côté, rebondir dedans et créer des reflets.
- Un intervallomètre : c’est un déclencheur plus poussé vous permettant de programmer avec précision le temps d’exposition de votre appareil photo, le nombre de photo pris, et l’intervalle de temps entre chaque prise de vue. Vous pouvez par exemple décider de prendre 10 photos de 50 secondes.
- Filtres spécialisés pour la photo astronomique (filtre anti-infrarouges, filtre anti-pollution…).
Préparer sa prise de vue de ciel étoilé
Choisir un sujet
Vous pouvez tout à fait décider que le ciel étoilé ne sera pas votre sujet principal, mais un arrière-plan. Vous pouvez même intégrer un premier plan.
Alors n’hésitez pas à faire vos petits repérages en amont pour préparer votre photo avec un sujet intéressant, comme un arbre, une montagne ou une structure (bâtiment, barrière…). Utiliser le ciel étoilé pour habiller votre photo la rendra différente des photos de ciel étoilé habituelles.
Sélectionner un lieu
Pour avoir les cieux les plus sombres possibles, et les étoiles bien visibles il va falloir fuir la pollution lumineuse. Si vous le pouvez, partez à 100 ou 160 kilomètres des lumières des villes.
Si vous le pouvez aussi, montez en altitude. En haute altitude l’atmosphère est plus fine ce qui a donc un effet sur la réfraction de la lumière. En photographiant à travers moins de particules (qui dispersent la lumière), on obtient des photos plus nettes, plus lumineuses, avec une plus grande transparence et un meilleur contraste.
Pour vous aider dans votre quête, vous pouvez vous aider d’un radar comme cleardarksky qui vous indique les zones les moins touchées par la pollution lumineuse.
Le point météo
Une mauvaise météo obscurcira votre ciel, et donc les étoiles. Sauf que c’est ce que vous voulez photographier ! Ça serait dommage d’avoir tout préparé au poil pour se retrouver sous des nuages.
Recherchez des nuits fraîches, sans nuages et sans Lune. C’est la météo optimale pour avoir des étoiles bien visibles. Il existe de nombreuses applications et sites qui donnent des informations sur le temps qu’il fera.
Choisir sa phase lunaire
Vous pouvez décider d’inclure la Lune dans votre photo (j’explique l’impact de la Lune juste après).
Recherchez les différentes phases de la Lune et les constellations à l’aide d’applications comme « Star Walk » (pour iPhone) ou » Google Sky Map » (pour Android) qui vont vous montrer la vue du ciel depuis des endroits spécifiques à tout moment de la nuit.
- La pleine Lune est la phase plus populaire des huit phases de Lune à photographier. Mais c’est aussi pendant cette phase que les étoiles sont le moins visibles.
- Une phase différente comme la nouvelle Lune permettra de capturer les constellations avec beaucoup plus de détails.
Quelle est la meilleure phase lunaire pour la photographie de nuit ?
Dans cette partie on va voir les différentes phases lunaires, leurs inconvénients et avantages, ce qui vous permettra de faire votre choix de manière plus éclairée.
Nouvelle Lune
Si vous voulez photographier la Voie lactée, les étoiles, ou des paysages avec des ciels étoilés : photographiez à la nouvelle Lune, c’est la situation idéale.
Les étoiles ont des luminosités spécialement faibles (c’est souvent le cas des étoiles lointaines). Alors photographier sans Lune permet d’assombrir le ciel et de faire ressortir par contraste les étoiles.
Inconvénient : la faible luminosité requiert de régler son appareil photo sur une valeur ISO élevée et de faire une longue exposition. Ce sont des réglages habituels pour paysages nocturne. Or, ce type de paramètre augmente les pixels chauds.
Avantage : photographier sous une nouvelle Lune plutôt que sous la lumière vive d’une pleine Lune permet aux silhouettes sombres des caractéristiques géologiques de se détacher plus facilement sur fond de ciel étoilé, en plus de capturer un maximum d’étoiles.
Pleine Lune
Avantage : la prise de vue sous une pleine Lune basse dans le ciel permet d’éclairer l’ensemble de votre scène (un peu comme le soleil, mais dans une moindre mesure).
Inconvénient : la pleine Lune rend la majorité des étoiles dans le ciel « invisibles » pour votre appareil photo (même pour vous d’ailleurs).
Quart de Lune ou croissant de Lune
C’est un compromis des deux phases vues juste avant. Vous aurez quelques étoiles visibles dans le ciel mixé à un peu de lumière ambiante qui viendra recouvrir votre scène.
Avantage : cela permet de faire une photo de paysage nocturne tout en ayant quelques étoiles dans le ciel.
Inconvénient : la vision pessimiste de cette situation c’est que la Lune sera toujours trop lumineuse et donc surexposée, tout en ayant moins de lumière sur l’ensemble de la scène par rapport à une pleine Lune.
Les réglages pour la photo de ciel étoilé
Lire des réglages qui fonctionne a quelque chose de rassurant. Mais sachez qu’il n’existe pas « le » bon réglage mais plutôt une plage de réglages qui fonctionnent. Car les réglages dépendent du :
- du rendu que vous voulez ;
- des conditions de luminosité (ciel plus ou moins couvert, pollution lumineuse) ;
- et de votre matériel.
Ici je vais donc vous donner des réglages repères qui fonctionnent. Ce sont donc de bons réglages pour commencer sa séance photo, mais il vous faudra ensuite tester et ajuster.
Etoiles nettes ou traînées ?
Le sujet peut vous aider à décider entre traînées d’étoiles ou étoiles nettes. Si une scène a beaucoup de choses au premier plan, les étoiles nettes peut compléter la scène, plutôt que de la submerger avec des traînées lumineuses qui ajouteraient trop de poids visuel.
Réglages globaux
Sélectionner le format « RAW »
Les fichiers RAW sont comme des négatifs, ils permettent de capturer un fichier photo brut. L’avantage des données brut c’est que vous aurez plus de latitude au développement. Et l’astrophotographie bénéficie réellement d’un développement pour faire ressortir les étoiles et traiter le bruit.
Conseil
Les fichier RAW prennent plus de place, remplissant plus rapidement vos cartes mémoires. Je vous conseille de supprimer vos photos d’essai pour économiser de la place.
Mode manuel M
Pour appliquer les réglages qu’on a va voir , passez en mode manuel « M » sur le sélecteur de mode de prise de vue. En effet, le posemètre ne comprendra pas ce que vous voulez faire, il ne va pas vous permettre de vous guider pour régler les bons paramètres. Ce mode permet de reprendre le contrôle sur l’appareil photo.
Si votre appareil n’a pas cette fonctionnalité, essayez de trouver au moins un mode d’exposition longue
Mise au point
L’une des choses les plus difficiles dans la photographie d’étoile est de faire la mise au point. Il fait généralement trop sombre pour que votre appareil photo fasse automatiquement la mise au point. Là aussi il faudra donc reprendre le contrôle sur l’appareil photo. Alors, passez aussi la mise au point en mode manuel.
Généralement on passe en mode manuel via un loquet sur l’objectif en le mettant du côté « MF ».
« Ok, mais comment je m’y prends pour faire la mise au point manuellement ?«
Pour ce type de photo on fait généralement la mise au point à l’infini pour le ciel, même si on a un premier-plan.
1-Une astuce consiste à utiliser l’écran LCD en mode live view, zoomez sur une étoile bien brillante, puis tourner la bague de mise au point jusqu’à ce que l’étoile soit la plus petite possible. Ça signifie que l’étoile est nette (et donc les autres aussi).
Une fois que c’est fait, déclenchez à l’aide de votre télécommande à distance. La photo vous servira de référence pour ajuster le réglage de votre mise au point. Faites un zoom en mode lecture avec l’écran LCD sur la photo pour vérifier la mise au point. Prendre une photo surexposée test peut être utile pour mieux voir si la mise au point est bien faite.
2-Certains objectifs ont aussi tout simplement une marque de l’infinie. Si vous réglez votre objectif sur cette marque, la mise au point est faite sur l’infinie. Et voilà, vous n’avez pas à vous prendre la tête plus que ça.
3-Si vous venez très en avance sur le terrain, et qu’il fait encore jour, vous pouvez faire la mise au point automatique sur un élément lointain. De cette manière, votre appareil photo se règlera en mise au point à l’infini automatiquement, puis vous passez en mode Manuel pour la bloquer. Comme ça, c’est fait !
Désactiver la stabilisation de l’image
Sur trépied, la stabilisation de l’image aura pour effet de flouter vos photos. Oui, je sais, c’est bizarre mais c’est vrai. Alors désactivez cette option, elle n’est utile qu’à main levé.
Long exposure noise reduction
Pour diminuer le bruit, vous pouvez activer la fonction de réduction du bruit d’exposition longue si votre appareil photo en est équipé. C’est une option intéressante si vous n’êtes pas encore à l’aise avec le post-traitement du bruit. La contrepartie de cette option c’est que le temps de pose sera multiplié par 2.
Balance des blancs
Réglez manuellement pour faciliter le rééquilibrage au post-traitement par lot (plutôt que d’avoir une balance automatique différente sur chaque cliché). Vous pouvez viser entre 2800°K-4000ºK pour avoir quelque chose de cohérent pour commencer. La balance des blancs se règlent très bien au post-traitement (surtout si vous photographiez en RAW).
Les réglages pour photographier des traînées d’étoiles
- Temps de pose total : 32 min (utilisez un intervallomètre)
- Ouverture : f/16
- ISO : 400
Remarques
Un temps d’exposition supérieur à 2 m 30 créera des pixels chauds, pensez à les corriger au post-traitement.
Pour ce type de photo, on ne fait pas une exposition de 32 minutes en continue, le capteur surchaufferait bien trop et votre photo serait surexposée. Au lieu de ça on enchaîne les exposition courtes d’environ 30 secondes (grâce à un intervallomètre) puis on empile les photos dans un logiciel comme Photoshop pour mettre bout à bout les traînées lumineuses et créer ces grands arcs lumineux.
De cette manière vous obtiendrez des images plus nettes en limitant le bruit thermique notamment.
Ajustements à tester : expérimentez avec des temps d’exposition allant de quelques minutes à plusieurs heures. Des durées plus longues montreront des traînées d’étoiles plus longues.
Pour capturer des arcs de lumière en continue, il sera primordial de réaliser vos longues expositions par nuit claire. Les nuages obscurcissent les étoiles et « couperont » vos traînées.
Astuce
Dans l’hémisphère nord, l’étoile polaire reste fixe. Donc, pour obtenir des traînées bien rondes, centrez votre prise de vue sur l’étoile polaire. C’est l’étoile qui se trouve au bout de la queue de la Petite Ourse. Aidez vous d’une application comme Skylum pour vous aider.
Toutes les autres étoiles sembleront tourner autour de l’étoile nord, donc si vous centrez l’étoile polaire dans votre composition, vous obtiendrez des traînées d’étoiles circulaires.
Si vous prenez des photos avec un smartphone ou un appareil photo doté d’un capteur plus petit, vous voudrez probablement utiliser des vitesses d’obturation plus longues afin de faire entrer toute la lumière. Vous pouvez également réduire la sensibilité ISO à un niveau plus raisonnable de 100 à 400. Je vous suggère d’essayer pour des expositions d’une heure ou plus et de voir comment vous vous en sortez.
Réglages pour photographier les étoiles statiques dans le ciel
- Temps de pose : entre 8 s et 20 s (se repérer à la règle des 500 pour garder ses étoilesnettes)
- Ouverture : entre f/1.2 et f/5.6 (plus le nombre est petit, mieux c’est)
- ISO : 1600 ou plus
ISO et bruit numérique
Votre valeur ISO dépend des capacités de votre boîtier à gérer la basse lumière. En astrophoto il est conseillé de pousser les ISO jusqu’à leurs limites, dans ces cas de base luminosité extrême, ça permet de limiter le bruit. En astrophoto de manière générale, il y aura toujours du bruit qu’il faudra traiter d’une manière ou d’une autre.
Temps de pose et règle des 500
À partir d’une certaine durée d’exposition les étoiles formeront des traînées de lumière car la Terre se déplace.
Pour définir le temps de pose à ne pas dépassez utilisez la règle des 500. La règle consiste à diviser 500 par la distance focale de votre objectif. Si votre capteur est plus petit qu’un 24×36, il faudra penser à appliquer le crop factor à la distance focale pour la division. Vous ferez donc 500 / (distance focale X crop factor)
Ajustements : utilisez des ISO élevés (supérieur à 1600 si possible) pour compenser le court temps d’exposition permettant d’obtenir des étoiles nettes.
Remarques
Si vous voulez prendre la Voie lactée : c’est vers le sud qu’il faudra orienter votre appareil photo. Depuis la France on ne peut en voir que la moitié environ, et elle est visible de la mi-avril en fin de nuit, jusqu’à mi-septembre en début de nuit. Il faudra que ça soit un soir de nouvelle Lune (donc sans Lune). Voir mon guide complet sur la photo de Voie lactée pour en savoir plus.
Pour les aurores boréales, c’est très rare d’avoir la chance d’en voir en France (c’est arrivé dans la nuit de 26 février au lundi 27 2023). Il faudra se situer dans la moitié Nord de la France et s’orienter vers le nord.
Réglages pour photographier la Lune
- Temps de pose : 1/250s
- Ouverture : f/11
- ISO : 100
Ajustements : la Lune est brillante et se déplace rapidement dans le ciel. Il va vous falloir utiliser une vitesse d’obturation rapide pour capturer les détails de sa surface sans les surexposer.
- Zoomez avec votre objectif à la plus grande distance focale de votre objectif,
- et faites la mise au point sur les détails de la Lune ;
- enfin, recadrez les photos avec un logiciel de post-traitement que la Lune occupe plus de place sur votre photo.
Si vous sortez pour photographier spécifiquement la Lune, faites des recherches sur les phases de la Lune, afin de savoir à quelle heure ce satellite naturel se lèvera et se couchera chaque soir. Cela vous permettra de planifier votre prise de vue. Notez également la direction dans laquelle elle se déplacera dans le ciel pour planifier votre composition.
Pour en savoir plus, j’ai fait un guide ultra complet au sujet de la photo de Lune.
Réglages pour photographier un paysage éclairé par la Lune
- Temps de pose : 25 s (la Lune se déplace assez rapidement dans le ciel, ne pas trop allonger le temps de pose, voir la règle des 500).
- Ouverture : f/8
- ISO : 1600
Ajustements : une ouverture plus petite donnera une plus grande profondeur de champ, cela permet d’augmenter la zone de netteté acceptable. De cette manière des éléments proches et éloignés seront plus visibles dans votre photo. C’est généralement ce qu’on cherche en photo de paysage.
La Lune peut projeter suffisamment de lumière pour éclairer une scène et vous permettre de fermer un peu. Vous pouvez aussi augmenter vos ISO si votre appareil photo ne génère pas trop de bruit. Lors des nuits claires, les ombres peuvent être dures. Alors que pendant les nuits nuageuses, attendez-vous à des images sans ombres.
Ce type de photo a une exposition très compliquée à gérer en question de la large plage dynamique présente dans la scène. C’est-à-dire que vous avez une grande différence de luminosité dans votre scène, et bien souvent les zones les plus sombres seront sous-exposées et pleines de bruit numérique.
Par exemple, exposer pour le premier plan peut entraîner une surexposition de la Lune, et exposer pour la Lune peut sous-exposer le premier plan. D’où l’intérêt d’avoir un boîtier capable de capturer cette large gamme dynamique (comme vu dans la partie matériel).
Une solution face à une plage dynamique aussi large peut être de créer une photo composite à partir de plusieurs prises de vue. Il existe plusieurs façons d’ajouter la Lune à une autre photo :
- la superposition d’images, c’est une fonction incorporée dans certains appareils photo qui permet de fusionner plusieurs photos en une seule ;
- le montage au post-traitement (HDR): prenez une photo exposée pour la Lune et une autre pour le paysage, et combinez-les ensemble à l’aide d’un logiciel comme Photoshop.
Peu importe la technique choisie, utilisez la même distante focale quand vous photographiez le paysage et la Lune pour une photo finale plus réaliste dans la photo composite finale.
« Et si je ne veux pas me prendre la tête avec du montage ? »
Si vous êtes dans l’optique de faire une photo de paysage, et que vous photographiez au grand angle, la Lune ne sera qu’un petit élément de votre scène. On exposera donc pour le paysage, ça ne sera pas bien grave d’avoir une Lune surexposée dans un coin sans aucun détail visible. Ce n’est pas votre sujet principal, mais plutôt le paysage.
La prise de vue de ciel étoilé
Installez votre trépied
Comme pour toute photographie en basse luminosité, vous aurez besoin d’un trépied pour éviter le flou de bougé.
- Placez un pied du trépied orienté vers le ciel, et placez-vous entre les deux autres pieds.
- La colonne centrale du trépied doit être perpendiculaire au sol, fiez-vous à votre niveau à bulle si vous en avez un. Cela améliore la stabilité du trépied (et de votre matériel).
- Assurez-vous que votre trépied est stable et correctement positionné.
Remarque
Un support en L, au lieu de la plaque standard d’une tête de trépied, permet de photographier facilement en mode portrait (et de repasser rapidement en orientation paysage si besoin).
Si votre matériel est un peu lourd et encombrant, ce type d’accessoire permet aussi de décaler l’appareil photo pour répartir son poids de manière uniforme sur le trépied.
Histogramme
Vérifiez l’histogramme après avoir pris la photo pour vous assurer que l’image est correctement exposée. Il est facile de se retrouver avec des étoiles sous-exposées.
Remarque
L’histogramme n’est pas rigoureusement un outil de mesure de l’exposition. C’est un outil statistique qui donne la répartition de la tonalité des pixels de votre photo, il est d’ailleurs basé sur une photo JPEG et non RAW.
Mais faut de mieux, on fera avec.
Votre but est que la « bosse » soit au minimum au milieu de l’histogramme. Vous pouvez optimiser un peu l’exposition en mettant la bosse sur la droite mais sans la couper (on appelle ça « exposer à droite »).
Pour « déplacer la bosse sur la droite » on peut :
- agrandir l’ouverture (f/ plus petit) ;
- allonger le temps de pose ;
- augmenter les ISO.
Pour « déplacer la bosse sur la gauche » on peut :
- rétrécir l’ouverture (f/ plus petit) ;
- raccourcir le temps de pose ;
- diminuer les ISO.
Exposition, indice de lumination, et calculateur
Un autre outil en plus de l’histogramme qui peut vous guider sur les paramètres d’exposition à régler, c’est est un calculateur de l’indice de lumination.
Entrez vos paramètres actuel, votre valeur de lumination se calculera automatiquement. Le but est d’obtenir une valeur de -7 IL, essayez de vous en rapprocher au maximum en changeant vos paramètres.
Prendre plusieurs photos surexposées pour composer et détecter la pollution lumineuse
En surexposant vos photos test vous allez pouvoir examinez vos clichés pour détecter les éléments
- désirables à inclure (comme les rochers ou les arbres) ;
- indésirables à exclure ou corriger (comme un horizon incliné, des points lumineux causés par la pollution lumineuse ou des nuages).
De nombreuses zones apparaîtront très claires, mais ici l’exposition n’a pas d’importance. Le but est d’ajuster la composition de votre photo. Tournez, faites un panoramique avec l’appareil photo pour cadrer la scène souhaitée, inclinez la pour niveler l’horizon.
Placer l’horizon
Vous pouvez-vous servir de la règle des tiers pour composer vos photos de ciel étoilé. Placez l’horizon à un tiers en partant du bas, pour laisser deux tiers de ciel étoilé occuper votre photo. Vérifiez une seconde fois avec l’écran LCD de votre appareil. Le ciel peut aussi occuper les ¾ de la photo, voire l’ensemble du cadre.
Éviter la pollution lumineuse
Prenez une série photos en suivant l’horizon en réglant une valeur ISO maximale pour limiter le temps d’exposition de chaque photo. Ces clichés ne seront pas conservés, ils vous permettent de savoir quelles parties de l’horizon sont trop affectées par la pollution lumineuse et de les éviter en réorientant votre appareil photo.
Préservez votre vision nocturne
Laissez vos yeux s’adapter à l’obscurité en éteignant les potentielles lumières que vous utilisez pendant 30 à 45 minutes.
Si vous avez besoin d’éclairer brièvement le sentier ou les commandes de l’appareil photo, vous pouvez vous couvrir un œil lorsque la lumière est allumée, cet œil restera adapté à l’obscurité.
Certaines lampes frontales, sont équipées d’une lumière rouge qui permet de ne pas affecter votre vision nocturne.
Pourquoi la lumière rouge n’affecte pas la vision nocturne ?
L’œil est composé de photorécepteurs appelés bâtonnets et cônes qui convertissent la lumière en signaux électriques que votre cerveau peut interpréter.
Les bâtonnets sont responsables de la faible vision nocturne et sont plus nombreux que les cônes. Ils contiennent un pigment biologique appelé rhodopsine.
Lorsque la rhodopsine est exposée à une lumière vive, elle est photo-blanchie. Il peut s’écouler jusqu’à 30 minutes avant que vous ne retrouviez complètement votre vision nocturne d’où le temps d’attente cité précédemment.
La lumière rouge (utilisée dans de nombreux modèles de phares) a une longueur d’onde plus longue et perturbe moins votre vision que la lumière présente à l’autre extrémité du spectre.
Éclairer le premier plan pour le photographier
En utilisant un objectif grand angle ou ultra grand angle, vous pouvez incorporer facilement un premier plan à vos clichés. Naturellement, le premier-plan peut se présente sous forme d’une silhouette, il ajoute un intérêt supplémentaire à votre photo sans jouter trop de détails et de poids visuel.
Le premier-plan peut également être éclairé pour que le capteur puisse l’enregistrer, permettant à ses détails de compléter le ciel nocturne. Deux techniques sont couramment utilisées pour photographier le premier-plan : le HDR et le light painting.
High Dynamic Range (HDR) : cette technique consiste à prendre plusieurs photos à des expositions différentes. Prenez votre photo exposée pour le ciel étoilé, puis modifiez les paramètres d’exposition dans les prises de vue suivantes pour accentuer différents éléments ou objets au premier plan, étoiles ou lueurs sur le paysage. Au post-traitement, superposez votre photo de base avec les autres photos aux réglages différents, utilisez votre panneau de calques pour les masques de calques afin d’obscurcir ou de révéler les éléments que vous souhaitez inclure dans l’image finale. De cette manière, vous vous retrouvez avec un premier plan et un ciel correctement exposé sur une même photo. Des logiciels de superposition gratuit comme StarStax existent aussi pour vous aider.
Le light painting : peindre à la lumière est une autre technique qui peut être utilisée si le premier plan est suffisamment proche de vous. Il y a deux façons de peindre avec la lumière :
- en utilisant une source de lumière continue, comme une lampe de poche, lorsque l’obturateur est ouvert, déplacez la lumière pendant toute la durée de l’exposition pour ne pas vous retrouver avec des points chauds ;
- avec un flash (avec des gels colorés ça ajoutera un caractère unique à vos photos), lorsque l’obturateur est ouvert, appuyez sur le bouton « pilot » de votre flash qui permet de déclencher des éclairs, pour éclairer, comme pour la lumière continue, déplacez le flash à travers la scène pour permettre au flash d’éclairer l’ensemble du premier-plan.
D’autres trucs à tester avec le Light painting
Illuminez les objets : vous pouvez par exemple allumer une lampe dans une tente (allumez-la pendant plusieurs secondes pendant la prise de vue) pour lui donner un aspect lumineux.
Écrire : pointez votre lumière directement sur l’appareil photo lorsque l’obturateur est ouvert et « écrivez » avec elle à travers votre cadre. Expérimentez avec un temps de pose long et un ISO faible, comme 100 par exemple.
Changez votre éclairage : profitez des différentes températures, intensités et tailles de faisceau de lumière émises par les LED multicolores, les ampoules fluorescentes et incandescentes et les bougies. Utilisez des sources de lumière différentes pour peindre différentes zones d’une même scène. Par exemple, sur une photo, utilisez une lampe frontale pour éclairer une tente, une lanterne pour éclairer une personne et une LED « plus concentrée » pour écrire des mots.
Les erreurs courantes en photo d’étoile et les solutions
Erreur 1 : avoir la mise au point automatique activée, ce qui aura pour résultat des clichés floues.
Solution : mettez la mise au point en mode manuel et réglez la mise au point sur l’infini. Vérifiez que les étoiles lointaines sont nettes en prenant une photo d’essai, en zoomant sur l’étoile la plus brillante du ciel sur l’écran LCD, si elle apparaît floue, il faut encore ajuster la mise au point.
Erreur 2 : juger de l’exposition d’un cliché avec l’écran LCD.
Solution : utilisez l’histogramme pour juger de l’exposition (même si ce n’est pas un outil de la mesure de l’exposition) et/ou le calculateur d’indice de lumination.
Erreur 3 : utiliser la réduction automatique du bruit pour chaque photo.
Même si cette fonctionnalité améliore la qualité de l’image en réduisant le bruit, il double également la durée de prise de vue de chaque photo et réduit donc drastiquement la durée de vie de vos batteries. Et ça vous permet de faire 2 fois moins d’essais.
Solution : Cette option est confortable si on ne fait ce genre de photo qu’occasionnellement ou si on n’est pas à l’aise avec le post-traitement. Mais, de préférence, désactivez la réduction du bruit (dans le menu des paramètres de votre appareil photo), au moins pour les photos d’essai. Vous pouvez la réactiver pour vos « vraies » expositions. Et si vous ne prévoyez pas d’imprimer votre photo et que vous ne publiez vos photos sur les réseaux en tout petit, pas sûr que le bruit soit si visible. Le mieux est de se mettre au post-traitement et nettoyer le bruit numérique à la maison sur logiciel.
Le développement
Dans le panneau « Réglages de base » vous pouvez
- modifier la couleur du ciel en jouant avec les curseurs « Température » et « Teinte » ;
- monter les blancs à +46 et descendre les noirs à -52, cela permet de mettre en valeur les étoiles par rapport au ciel sombre ;
- pousser la clarté à +55, ça aide aussi à faire ressortir les étoiles par rapport au ciel ;
- augmenter la saturation et la vibrance pour faire ressortir toutes les couleurs du ciel ;
- augmenter le curseur « exposition » en le mettant sur la droite pour rendre l’ensemble de la photo un peu plus clair (attention au bruit).
Dans le panneau « Détail », vous pouvez
- accentuer un peu la netteté en augmentant le gain, pour faire ressortir les étoiles ;
- augmenter le curseur « Luminance » à +33 et, et le curseur « Couleur » à +25 pour diminuer le bruit.
Avec les panneaux « color grading » et « TSL » vous pouvez régler avec précision le rendu des tonalités et des couleurs.
Comment prendre des photos d’étoiles avec les smartphones
Il est possible de prendre des photos du ciel nocturne avec un iPhone ou un smartphone Android, mais ne vous attendez pas à des résultats incroyables.
Le petit capteur d’un smartphone ne sont pas du tout adaptés aux conditions de basse luminosité, vos photos seront très rapidement saturées en bruit numérique.
Comme avec un appareil photo, vous aurez besoin d’un trépied et d’un déclencheur à distance. Mais en plus de ça, il faudra installer une application vous permettant de prendre des longues poses. Par exemple, sur l’iPhone, vous pouvez télécharger l’application « NightCap Camera », et « Long Exposure Camera 2 » sur Android,
Certains smartphones récents ont intégré des modes d’astrophotographie, comme les téléphones de Google. Si vous installez le smartphone sur un trépied, le téléphone détectera qu’il est immobile et vous offrira la possibilité de prendre une photo du ciel nocturne. La photo prendra un peu de temps (de 30 secondes à quelques minutes), mais donnera de bien meilleurs résultats en basse luminosité de cette manière.
La plupart des smartphones sans mode nocturne ou astrophotographique ne pourront probablement pas capter des étoiles nettes dans le ciel. De très longues expositions (mesurées en minutes ou en heures), vous permettront de capturer des photos de traînées d’étoiles.
Vous pouvez même coupler un smartphone avec un téléobjectif pour prendre des photos de sujets tels que la Lune.
Enfin, si vous avez accès à un télescope, vous pouvez placer l’appareil photo de votre smartphone sur l’oculaire en utilisant un adaptateur. En profitant de l’optique de votre télescope vous obtiendrez de très beaux résultats d’objets stellaires comme la Lune.
Conclusion
On arrive à la fin de cet article sur la photo de ciel étoilé.
Moi je vous laisse ici à vos étoiles, et je vous dis à bientôt sur les internets MONDIAUX !
J’ai aussi une chaîne YouTube !
Bonjour et merci pour tous ces conseils très précieux et détaillés.
Je fait beaucoup de photos de tous types mais la photo de nuit d’un ciel étoilé m’attire et je vais pouvoir grâce à ton aide me lancer.
Merci encore
Serge
Bonjour Serge,
merci beaucoup pour ton commentaire, ça me fait plaisir et ça me motive à continuer d’écrire et à améliorer mes articles.
Je te souhaite une très bonne découverte de la photographie de ciel étoilé, qui te donnera sans doute goût à l’astrophoto.
Bien à toi,