18 juillet 2023

C’est quoi la vitesse d’obturation en photo, le guide complet

Par Gaëtan Berthouly

18 juillet 2023


Jusqu’ici, vous preniez vos photos en mode automatique. C’est vrai que c’est pratique pour commencer, le mode auto c’est rassurant.

Mais voilà, les choses évoluent. Et avec le temps, et la pratique vous commencez à vous intéresser plus en profondeur à la photographie. Vous avez lu par exemple que les modes semi-automatiques comme la priorité à l’ouverture ou à la vitesse vous permettent de prendre le contrôle.

Mais le contrôle de quoi ?

Des paramètres d’exposition. Si on prend le mode priorité à la vitesse, il permet de régler manuellement… la vitesse d’obturation (d’où son petit nom).

Mais à quoi ça sert finalement de prendre le contrôle de la vitesse d’obturation ? Qu’est-ce que ça va changer ?

Ça va vous permettre d’imposer vos choix artistiques. Ça claque hein ?

Comme d’habitude, le but est d’écrire une véritable ressource sur le sujet. Vous trouverez pas mal d’informations dans cet article, que je mettrai à jour régulièrement.

Allez en avant Guingamp !

Les bases de la photographie vous intéressent ?

Vitesse d’obturation ou temps de pose ?

J’ai un truc à vous avouer : la vitesse d’obturation ça n’existe pas.

« Mais comment ça ?« 

Bon, disons que c’est un abus de langage. Rigoureusement, « vitesse d’obturation » n’a aucun sens pour désigner le paramètre de l’appareil photo permettant de gérer le temps d’ouverture de l’obturateur.

En effet, il ne s’agit pas d’une vitesse mais d’un temps. Et c’est logique, ce paramètre est exprimé en une unité de temps (les secondes ou fractions de secondes, voire minutes) et non en une unité de vitesse (comme les km/h pour exprimer la vitesse des voitures par exemple).

Donc on devrait plutôt parler plutôt de temps de pose (ou de temps d’exposition). Alors oui, plus le temps de pose est court plus l’obturateur est rapide à s’ouvrir et se fermer. Mais ce n’est pas le sujet ici. On se base en fait sur le temps qu’on laisse le capteur à découvert, exposé à la lumière. Et non pas à quelle vitesse il est exposé.

« Pourtant tu utilises bien vitesse d’obturation, d’ailleurs c’est même le titre de l’article AHA ! » 

Oui je l’avoue, il y a 3 raisons à ça :

  1. j’ai longtemps moi-même utilisé ces termes ;
  2. comme ce sont des mots recherchés sur Google, ça permet à mes articles d’être mieux référencés (et oui c’est aussi ça le jeu du référencement) ;
  3. puis ça me permet de varier un peu au lieu de dire tout le temps « temps de pose » ou « temps d’exposition ».

Qu’est-ce que la vitesse d’obturation ?

La vitesse d’obturation est gérée par l’obturateur de votre appareil photo. Sur les appareils photo Reflex on a un obturateur mécanique situé devant le capteur, et devant cet obturateur on a un miroir.

Schéma appareil photo avec le capteur découvert et le miroir
Source : Jean François WITZ – https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/31/Reflex_camera_numeric.svg

« Mais pourquoi il y a un miroir ? Pour se recoiffer ? »

Non. En fait ce miroir permet de renvoyer au viseur ce que voit l’appareil photo, c’est grâce à ça que le viseur optique des reflex fonctionne. Et dès que vous déclenchez pour prendre une photo :

  1. le miroir se relève,
  2. le premier rideau de l’obturateur se baisse, laissant passer la lumière,
  3. le second rideau de l’obturateur se baisse, obstruant le passage de la lumière,
  4. puis le miroir redescend.

Pour mieux comprendre comment ça fonctionne, je vous conseille de regarder cette vidéo qui filme l’obturateur en pleine action d’un Canon 5D Mark II à différente vitesse :

Source : chaîne YouTube cameratest

Et le temps qui s’écoule entre les deux rideaux de l’obturateur c’est votre temps de pose. C’est le temps pendant lequel le capteur est exposé à la lumière car il n’a plus rien devant lui pour faire barrage à la lumière.

Le bouton qui déclenche l’appareil photo est également appelé « obturateur » ou « bouton de l’obturateur » ou « déclencheur », car il déclenche l’ouverture et la fermeture de l’obturateur.

Bouton de l’obturateur pour déclencher la prise de vue

Autrement dit, le temps de pose (ou vitesse d’obturation) c’est le temps que votre appareil met à prendre une photo.

Et c’était déjà comme ça à l’époque de la photo argentique, sauf que dans ce cas ce n’était pas un capteur numérique qui était exposé à la lumière mais un film photosensible.

Et d’ailleurs, on ne pouvait pas régler ses ISO comme en numérique, chaque pellicule avait sa valeur ISO. On pouvait par exemple avoir un film 100 ISO, un autre à 200 ISO, un autre à 400 ISO etc. Donc si on voulait changer ses ISO il fallait… changer de pellicule !

Et comme on va le voir tout le temps de cet article, le temps de pose est loin d’être anodin, il a un impact direct sur :

  1. le rendu visuel de votre photo ,
  2. l’exposition.

Obturateur mécanique VS. obturateur électronique : avantages et inconvénients

Je vous parlais juste avant du fonctionnement d’un d’obturateur mécanique qui permet de bien comprendre le principe du temps de pose. Mais les choses vont vite et cette technologie est remplacée petit à petit par les obturateurs électroniques que l’on retrouve les caméras des smartphones et les boîtiers hybrides.

Avec les obturateurs électroniques, il n’y a en fait aucune barrière physique, pas de système de rideau ni de miroir à clapet. Au lieu de cela, une surtension électrique indique au capteur quand il doit enregistrer.

Vue en coupe d’un schéma comparatif entre un appareil photo reflex à obturateur mécanique en haut et un appareil photo compact hybride à objectif interchangeable en bas
Source : Shigeru23 – https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c8/Flange_Focal_Length_%282_types_camera%29.PNG

Les obturateurs électroniques permettent souvent aux appareils photo de photographier à des temps de pose encore plus courts et avec des IPS encore plus élevés en mode rafale. Ça permet aussi d’économiser du poids et de la place, les boîtiers hybrides sont ainsi plus petits et légers (comme on peut le voir dans le schéma ci-dessus).

Bref l’obturateur mécanique a beaucoup d’avantages sur l’obturateur mécanique c’est pourquoi de plus de fabricants ne produisent plus que des appareils photos hybrides (comme Nikon, Sony et Canon).

On rencontre cependant deux problèmes avec les obturateurs électroniques :

 » l’effet « d’obturateur roulant » (ou « rolling shutter » en anglais). Comme les informations d’imagerie sont lues à partir des pixels du capteur tranche par tranche (comme un scanner), un sujet très rapide peut se déplacer pendant le temps nécessaire pour lire l’ensemble du capteur. Résultat : le sujet apparaît déformé sur l’image. Un train à grande vitesse, par exemple, peut se trouver juste à mi-chemin du cadre lorsque la ligne supérieure de pixels est lue, mais près du bord du cadre au moment où la ligne inférieure est lue. Résultat : le train apparaîtra déformé sur l’image. La vitesse d’obturation (ou, plus précisément, le temps d’exposition) est toujours de 1/8000 s (selon les paramètres définis) ; mais chaque tranche de l’image très légèrement différente, à 1/8000e de seconde près. « 

Source : canon.fr – https://www.canon.fr/pro/infobank/electronic-vs-mechanical-shutter/

« Avec un obturateur électronique, le scintillement de certaines sources lumineuses, telles que les lampes fluorescentes et LED, peut également générer des bandes, car la luminosité et la couleur de la scène changent pendant la période de lecture du capteur. De la même manière, il peut être difficile de synchroniser un flash avec un obturateur électronique, car la plupart des flashs produisent une lumière très brillante, mais très brève. Résultat : l’intensité de l’éclairage n’est pas maintenue pendant la durée de lecture du capteur.« 

Source : canon.fr – https://www.canon.fr/pro/infobank/electronic-vs-mechanical-shutter/

Comment la vitesse d’obturation est-elle mesurée ?

L’unité de mesure du temps de pose est la seconde, lorsque le temps de pose est inférieur à une seconde il est exprimé en fraction de seconde . Quelques rares fois le temps de pose peut être exprimé en minute pour les très longues poses.

Par exemple, « 1/4 » signifie un quart de seconde, « 1/250 » signifie un deux cent cinquantième de seconde (ou quatre millisecondes pour les plus « mathophiles »).

Plus le dénominateur (le chiffre en-dessous ou à droite de la barre de division) est grand, plus le temps de pose est court : 1/1000 s est beaucoup plus rapide que 1/30 s. En effet, 1/1000 = 0,001 s, et 1/30 = 0,033 s.

  • 0,001 s est plus petit que 0,033 s.
  • 0,001 s est 33 fois plus court que 0,033 s.

Le temps de pose fait parti du triangle d’exposition, avec l’ouverture et les ISO. On mesure la quantité de lumière apportée par ces paramètres en stop.

Concrètement sur votre appareil photo, 3 coups de roues crantées = 1 stop de lumière d’écart, donc 1 coup de roue crantée = 1/3 de stop de lumière d’écart.

  • Quand on perd un stop de lumière, la quantité de lumière arrivant au capteur est divisée par 2.
  • Quand on gagne un stop de lumière, la quantité de lumière arrivant au capteur est multipliée par 2.

Donc,

  • quand on allonge le temps de pose d’un stop, on amène deux fois plus de lumière au capteur par rapport au temps de pose précédent.
  • quand on raccourcit le temps de pose d’un stop, on amène deux fois moins de lumière au capteur par rapport au temps de pose précédent.

« Wow, je suis perdu(e), un petit exemple peut-être ? »

Ok, passons à un exemple concret.

Si vous êtes réglé(e) sur 1/8 s, vous faîtes 3 coups de roues crantée et passez à 1/15 s (un temps de pose deux fois plus court). Il y a un stop de lumière en moins entre 1/8 s et 1/15 s, vous captez deux fois moins de lumière à 1/15s qu’à 1/8 s pour une ouverture et des ISO identiques.

Si vous êtes réglé(e) sur 1/8 s, que vous faîtes 3 coups de roues crantée et passez à 1/4 s (un temps de pose deux fois plus long). Il y a un stop de lumière en plus entre 1/8 s et 1/4 s, vous captez deux fois plus de lumière à 1/4 s qu’à 1/8 s pour une ouverture et des ISO identiques.

Comme je vous le disais, ce principe de stop de lumière est pareil pour l’ouverture et les ISO. Par conséquent, si vous allongez le temps de pose d’un stop et diminuez l’ouverture d’un stop ça se compense, l’exposition sera identique.

La plupart des reflex numériques et des appareils photo sans miroir modernes peuvent supporter des temps de pose allant jusqu’à 1/4000 s, tandis que certains peuvent supporter des temps de pose plus courts comme 1/8000 s, voire plus court encore.

Le temps de pose le plus long disponible sur la plupart des appareils photos est généralement de 30 secondes. Vous pouvez utiliser un temps de pose plus long en utilisant des déclencheurs à distance externes (ou intervallomètres), ou en mode bulb.

Mode bulb

Certains appareils photo dispose d’un mode Bulb (noté « B »). Le mode « Bulb » n’est pas seulement marrant à prononcer, il vous permet également de garder l’obturateur ouvert aussi longtemps que vous maintenez l’obturateur enfoncé.

Obturateur d’un appareil photo

« Mais quel intérêt ? J’ai déjà le mode priorité à la vitesse qui me permet de laisser l’obturateur ouvert aussi longtemps que je le souhaite !« 

Et bien non. En général, le mode priorité à la vitesse est limité à 30 secondes au plus long. Pour faire des expositions plus longues il faut passer en mode bulb.

Et puis le mode Bulb permet d’être plus précis, on n’est pas cantonné à des valeurs précises, c’est notamment pratique pour la photo d’éclair. Une technique de prise de vue d’éclair consiste ouvrir l’obturateur en mode Bulb, puis à le fermer dès qu’un éclair jaillit du ciel. Le mode priorité à la vitesse ne permet pas ça.

On peut aussi se servir du mode Bulb pour l’astrophotographie, les feux d’artifice, le light painting ou les traînées de lumière.

Pour passer en mode « Bulb » :

  • soit la lettre « B » se situe sur votre roue des modes de prise de vue ;
  • soit il faut vous mettre en mode manuel « M » et dépasser les 30 s avec votre roue crantée de réglage.
Mode Bulb

Comment trouver sa vitesse d’obturation sur son appareil ?

Je ne vous apprendrai pas à trouver l’amour, car je n’y connais rien, et que ce n’est pas le sujet. En revanche je peux vous aider à trouver votre vitesse d’obturation.

Sur les appareils photo qui ont un menu de réglage (comme Canon avec le quick menu), la vitesse d’obturation est généralement située dans le coin supérieur gauche, comme encerclé en rouge ci-dessous :

Temps de pose sur l’écran LCD

En mode live view le temps de pose se situe généralement en bas à gauche comme encerclé en rouge ci-dessous :

Temps de pose en mode live view

Si votre appareil photo n’a pas d’écran LCD à l’arrière, comme certains reflex numériques d’entrée de gamme, vous pouvez regarder dans le viseur, où vous verrez le temps de pose en bas à gauche comme encerclé en rouge ci-dessous :

Temps de pose viseur

Au niveau de la molette la priorité à la vitesse d’obturation sera un « S » chez Nikon et « Tv » chez Canon entouré en bleu en haut à gauche ci-dessous. Une fois mis sur ce mode de prise de vue, si vous touchez la roue crantée, c’est votre temps de pose qui changera entouré en rouge en haut à gauche ci-dessous.

Mode de prise priorité à la vitesse entouré entouré en bleu en haut à gauche, et le temps de pose qui change avec la roue crantée entouré en rouge en haut à gauche

Sur la plupart des appareils photo, la vitesse d’obturation apparaît comme une fraction de seconde quand il est inférieur à une seconde, comme ici « 1/13 » entouré en rouge en bas à gauche :

Le temps de pose est inférieur à une seconde, il apparait sous forme de fraction, ici 1/13 s

Lorsque la vitesse d’obturation est supérieure ou égale à une seconde (parfois à partir de 1/2 s aussi), vous verrez un nombre sans fraction mais avec un « (″ indique une seconde entière), comme ici 3″2 entouré en rouge en bas à gauche.

Si vous ne trouvez toujours pas votre vitesse d’obturation,

  • réglez votre appareil photo sur le mode Priorité à l’ouverture noté « A » ou « Av » ;
  • assurez-vous réglez vos ISO manuellement pour les bloquer comme sur 200 ISO ;
  • pointez votre appareil photo vers des zones de luminosité variables (sombre / clair) ;
  • le chiffre qui changera sera votre vitesse d’obturation.

Changer votre vitesse d’obturation va changer d’autres paramètres

Penser que la vitesse d’obturation est indépendante des deux autres paramètres du triangle d’exposition (ouverture et ISO) est une erreur.

Lorsque vous modifiez la vitesse d’obturation, vous devez modifier l’un des autres éléments ou les deux pour la compenser, ou ce sera fait automatique, cela dépend de votre mode de prise de vue. En mode automatique ou semi-automatique, les paramètres se compensent automatiquement (jusqu’à une certaine limite).

En mode priorité à la vitesse si vous raccourcissez votre temps d’un stop de 3 crans (donc un stop), par exemple en passant de 1/125 s à 1/250 s, vous laissez entrer deux fois moins de lumière jusqu’à votre capteur.

Pour compenser cela, votre appareil photo (ou vous en Manuel) devrez augmenter votre ouverture d’un stop, par exemple en passant de f/16 à f/11, ou encore d’augmenter les ISO d’un stop en passant de 100 à 200 ISO. On peut aussi compenser de manière hybride en augmenter le temps de pose de 2/3 de stop et les ISO d’1/3 par exemple.

Différentes vitesses d’obturation, différents effets visuels

Le temps de pose a un impact sur 2 types de flous :

  1. le flou de mouvement ;
  2. le flou de bougé.

Temps de pose et flou de mouvement

Le flou de mouvement est lié au mouvement des éléments se déplaçant dans la scène que vous photographiez.

Pour un même temps de pose :

  • plus l’élément se déplace vite, plus le capteur enregistrera du flou de mouvement ;
  • plus l’élément se déplace lentement, moins le capteur enregistrera de flou de mouvement.

Et donc,

  • plus l’élément se déplace vite, plus il faudra un temps de pose court pour figer son mouvement ;
  • plus l’élément se déplace lentement, plus vous pourrez vous permettre d’allonger le temps de pose sans capturer de flou de mouvement.

Visuellement le flou de mouvement se présente sous forme de traînées floues, le flou est directionnel, il a la même direction que le mouvement de l’objet photographié. C’est dû au fait que votre appareil photo a « imprimé » sur son capteur les différents déplacements de l’élément en mouvement.

Ce flou est généralement plus visible sur les bords de l’élément en mouvement, ses parties qui contrastes et sur ses parties mobiles.

https://unsplash.com/fr/photos/6CrcveXyr6U
https://www.pexels.com/fr-fr/photo/photographie-en-accelere-d-une-voiture-en-argent-passee-sur-la-route-763834/
https://www.pexels.com/fr-fr/photo/femme-marche-sur-sentier-en-bois-1544945/

Visuellement, cela donne une sensation de mouvement et de vitesse à l’objet qui se déplace. Cela peut aussi donner un effet fantomatique ou surréaliste.

Artistiquement, lorsque vous décidez du temps de pose à régler, vous devez toujours vous poser 2 questions :

  1. Est-ce que quelque chose bouge dans ma scène ?
  2. Comment je souhaite capturer ce mouvement ?

S’il y a du mouvement dans votre scène, vous avez le choix entre figer le mouvement pour qu’il ait l’air immobile, ou laisser l’objet en mouvement se brouiller intentionnellement pour lui donner une impression de mouvement.

Dans la photo ci-dessous, seul la rame de métro est flou le reste est net (signe de contrôle et de choix du photographe), ce flou indique donc le mouvement du trame mais permet aussi de détacher le sujet (lui net) selon le principe figure-fond de la théorie de Gestalt.

https://unsplash.com/fr/photos/y4iF0-lGh6g

D’ailleurs, pas la peine que l’élément que vous photographiez se déplace très rapidement pour obtenir du flou de mouvement. En réglant un temps de pose exagérément long par rapport à sa vitesse de déplacement, vous pouvez ajouter du flou de mouvement avec presque n’importe quel objet qui se déplace.

Temps de pose et flou de bougé

Le flou de bougé est lié au mouvement de votre appareil photo pendant que vous photographiez la scène.

Pour un même temps de pose :

  • plus votre appareil photo bouge vite avec une longue distance focale, plus il enregistrera du flou de bougé ;
  • plus votre appareil photo bouge lentement avec une courte distance focale, moins il enregistrera de flou de bougé.

Et donc

  • plus votre appareil photo bouge vite avec une longue distance focale, plus il faudra un temps de pose court pour éviter le flou de bougé de l’appareil ;
  • plus votre appareil photo bouge lentement avec une courte distance focale, plus vous pourrez vous permettre d’allonger le temps de pose sans capturer de flou de bougé.

Visuellement le flou de bougé est visible sur l’ensemble de la photo. Ce flou a des directions aléatoires, car vos mains bougent de manière aléatoire (sauf dans le cas du flou intentionnel ou quand on fait un effet de filé, le flou aura une direction). C’est dû au fait que votre appareil photo a « imprimé » sur son capteur l’ensemble de la scène qui se déplace en mouvement dû à son propre mouvement.

C’est l’une des raisons principales pour laquelle vous obtenez des photos floues à main levé. Votre temps de pose est trop long par rapport au mouvement de vos mains et à la distance focale.

Une distance focale plus longue rendra la moindre vibration plus « visible » par l’appareil photo, et vous devrez donc choisir un temps de pose plus court.

C’est pourquoi il existe la règle de la distance focale inversée. J’ai fait tout un article à ce sujet donc je fais la faire court. Mais par exemple si vous prenez une photo à main levée à 80 mm, vous ne devrez pas avoir un temps de pose plus long que 1/80 s, au risque de voir du flou de bougé. Sur les objectif APS-C il faudra intégrer le crop factor à la distance focale. Certains font simplement x 2, d’autres disent que de manière générale il faut éviter de prendre des photos à main levée avec un temps de pose plus long que 1/60 s.

Remarque

Si votre objectif ou votre appareil photo est équipé d’un système de stabilisation d’image vos photos seront moins sensible au flou de bougé à main levée.

Sur trépied, inutile de se prendre la tête : le flou de bougé n’existe pas. Ou presque, si vous faîtes bouger l’appareil photo en déclenchant ou si il y a beaucoup de vent ce jour-là, vous pouvez enregistrer du flou de bougé. Une télécommande à distance permet de prendre une photo sans toucher à l’appareil photo et ainsi de réduire encore plus le flou de bougé potentiel.

Généralement on ne recherche pas le flou de bougé dans ses photos. Mais il peut être utilisé artistiquement avec le mouvement intentionnel de la caméra qui peut donner un côté pictural (comme une peinture) à votre photo. Ça demande en général à ce qu’on superpose plusieurs photos au post-traitement.

On peut aussi utiliser le flou de bougé pour faire un effet de filé autour d’un objet en mouvement. Cet effet de flou de mouvement est souvent utilisé dans les publicités de voitures et de motos, où la sensation de vitesse et de mouvement est communiquée au spectateur en rendant intentionnellement floues le décor et souvent un léger flou de mouvement du véhicule aussi.

https://unsplash.com/fr/photos/o6RQiixaYh0

On se dit « Wouaaa ce mec est un pilote, ça va beaucoup trop vite, tout est flou autour de lui » . Alors que si ça se trouve Jean-Michel-Moto n’était en vérité qu’à 15 km/h, mais le photographe a utilisé un temps de pose un peu long pour donner cet effet.

Et oui en fait, pas la peine de vous déplacer très rapidement pour obtenir du flou de bougé en filé. En réglant un temps de pose exagérément long et/ou en allongeant la distance focale, vous pouvez ajouter du flou de bougé à presque n’importe quel arrière-plan.

Utilisations artistiques des longues poses

Il est difficile de dire exactement à quoi correspond une longue pose, mais disons que c’est à partir d’une seconde (voire 1/60 s).

Si vous utilisez un temps de pose long, vous pouvez créer le mouvement même des objets les plus lents, comme un cycliste ou quelqu’un qui marche. On cherche ici à enregistrer le mouvement.

Je vais vous lister ici pourquoi les photographes utilisent en général la longue pose pour vous donner des points de repère.

Utilisations artistiques d’un temps de pose court

Il est difficile de dire exactement à quoi correspond une longue pose, mais disons que c’est plus court qu’une seconde, voire 1/60 s.

Si vous utilisez un temps de pose court, vous pouvez éliminer le mouvement même des objets les plus rapides, comme les oiseaux en vol ou les voitures. On cherche ici à figer le mouvement.

Je vais vous lister ici pourquoi les photographes utilisent en général une courte pose pour vous donner des points de repère.

Vitesse d’obturation et exposition

L’exposition c’est à quel point votre capteur reçoit de la lumière. À la prise de vue, qui est une étape essentiellement technique (si on laisse la composition de côté), notre but est d’obtenir une exposition correcte et optimale. Mais, ça n’arrive pas toujours.

  • Plus le capteur reçoit de la lumière plus il est exposé, et s’il en reçoit trop il est surexposé.
  • Moins le capteur reçoit de la lumière moins il est exposé, et s’il n’en reçoit pas assez il est sous-exposé.

Et pour gérer cette exposition nous avons 3 paramètres que nous pouvons bidouiller :

  • l’ouverture ;
  • le temps de pose ;
  • les ISO.

Remarque

L’ouverture et le temps de pose permettent de gérer physiquement la quantité de lumière. Pas les ISO, ils ne permettent pas physiquement de capter plus ou moins de lumière. Les ISO permettent d’intensifier le signal (et aussi le bruit du coup).

Bon nous ici on va juste parler du temps de pose.

  • Plus votre temps de pose est long, plus le capteur de votre appareil photo recueille de lumière. Visuellement ça se traduit par une photo qui devient « plus claire » globalement.
Un temps de pose plus long « éclaircira » visuellement la photo
https://unsplash.com/fr/photos/T4S_WajQSpE
  • Plus votre temps de pose est court, moins le capteur de votre appareil photo recueille de lumière. Visuellement ça se traduit par une photo qui devient « plus sombre » globalement.
Un temps de pose plus cour « assombrira » visuellement la photo
https://unsplash.com/fr/photos/T4S_WajQSpE

Rigoureusement l’écran LCD (et l’histogramme) ne sont pas des outils de mesure de l’exposition. Seul le posemètre interne l’est (et encore mieux, un posemètre externe, c’est plus précis).

Et je vous disais juste avant que plus claire signifie plus exposé et plus sombre signifie moins exposé, mais ça reste très imprécis. L’écran LCD est trompeur car il est rétro-éclairé, et fait donc souvent apparaître ce qu’il y a devant nous plus clairs que l’exposition réelle de la photo.

Par ailleurs en numérique, il vaut mieux surexposer un peu pour optimiser l’exposition (du moins si vous photographiez en RAW et faîtes du développement). Ce qui va se traduire visuellement sur votre écran LCD comme une photo un peu claire, mais pas forcément surexposée. Au post-traitement on diminuera la luminance de la photo et tout rentrera dans l’ordre. Cette légère surexposition permet de diminuer le bruit numérique et de capturer plus de signal.

Vous disposez donc d’une certaine souplesse dans le choix du temps de pose, mais vous devez choisir vos autres paramètres avec soin. Comme j’en ai déjà parlé tous les paramètres sont liés. Vous ne pouvez pas passer d’un temps de pose de 1/125 s à 1/250 s sans conséquence sur l’exposition.

Le temps de pose est un paramètre parfois crucial pour prendre une photo avec une exposition correcte notamment en basse luminosité.

Je vais vous donner un cas typique où le temps de pose fera toute la différence.

Imaginez que vous voulez prendre une photo de paysage. Et vous avez entendu qu’il existe des « heures magiques ». Vous vous décidez donc à prendre une photo d’un coin que vous avez repéré à la « Golden Hour » (heure dorée en french). Donc en fin de journée, une heure avant que le soleil ne disparaisse sous l’horizon.

Au début tout se passe bien. Mais plus le temps de passe, moins il y a de lumière. Et comme vous commencez à avoir de la bouteille, vous savez qu’il existe encore la possibilité de faire de jolies photos même si le soleil vient de disparaître.

Le problème c’est que vous avez déjà augmenté pas mal vos ISO, et que votre ouverture est à f/9, vous ne vous voyez pas élargir plus car vous voulez une grande profondeur de champ.

À ce stade, 99% des photographes plient les gaules car le temps de pose devient trop long et le flou de bougé rendent vos photos totalement floues (du flou de bougé).

Mais pas vous. Vous savez que vous pouvez compenser ce manque de lumière en allongeant le temps de pose, en mettant votre appareil photo sur votre trépied et en déclenchant à distance pour éliminer le flou de bougé. Et vous avez même l’audace d’allonger votre temps de pose jusqu’à pouvoir baisser vos ISO, voir fermer un peu plus.

Allonger le temps de pose (et avoir un trépied) vous a permis de prendre une photo à une heure inhabituelle, avec un rendu inhabituel, et éventuellement du flou de mouvement inhabituel (s’il y a quelques éléments en mouvement). Le tout exposé correctement, ce qui va vous donner toutes les armes nécessaires à un développement du tonnerre sur Lightroom.

Et tout ça grâce à quoi ? Au temps de pose (et au trépied aussi).

Autre cas totalement différent. Par une journée ensoleillée, vos ISO sont déjà au minium, et votre ouverture vous convient, vous avez déjà fermé à f/11 et vous ne souhaitez pas fermer plus pour éviter la diffraction qui rôde autour de f/16. Vous allez du coup utiliser un temps de pose très court pour éviter que votre photo ne soit surexposée.

Là aussi, le temps de pose vous a sauvé la mise.

Vitesses d’obturation, netteté et position

Une vitesse d’obturation rapide est nécessaire pour figer l’action. À titre indicatif, si vous prenez un sujet rapide, comme des oiseaux, cela peut être 1/1000s ou plus court.

Toutefois, pour la photographie en général, de sujets se déplaçant à une vitesse normale, vous pouvez prendre des photos à 1/200 s, 1/100 s, voire plus long comme 1/60 s sans introduire de flou de bougé.

Les longues poses sont généralement supérieures à 1 seconde. Dès lors, vous devrez utiliser un trépied pour obtenir des photos nettes : c’est vraiment ce qui fait la différence entre des photos « amateur » et « pro ».

Vous utiliserez de longues expositions pour certains types de photographie en basse lumière / de nuit ou pour capturer intentionnellement du mouvement (mouvement intentionnel de l’appareil photo, traînées d’étoiles, traînées de lumières, eau en mouvement, light painting etc).

Si quelque chose dans votre scène bouge lorsque vous utilisez un long temps de pose, cela apparaîtra très flou.

Entre les deux, les temps de pose de 1/100 s à 1 s sont toujours considérés comme relativement longues. Vous ne pourrez sans doute pas les utiliser sans introduire du flou de bougé à cause du tremblement de l’appareil photo dans vos mains, surtout autour d’une seconde d’exposition.

De plus, cela dépend fortement de votre objectif. Certains objectifs, sont dotés de technologies spécifiques de stabilisation de l’image (également connues sous le nom de « réduction des vibrations ») qui peuvent aider les photographes à prendre des photos à des temps de pose assez longs lorsqu’ils tiennent leur appareil photo à main levée, sans introduire de flou de bougé.

D’autres objectifs n’ont pas de réduction des vibrations, ce qui signifie que vous devez plutôt utiliser la règle de la distance focale inversée pour déterminer la durée de temps de pose à régler pour ne pas introduire de flou bougé dû au tremblement de l’appareil.

Il est également important que vous sachiez comment tenir un appareil photo, ça ne se tient pas comme un bigmac.

  • En fait, plus vous tenez votre appareil photo à bout de bras, plus vous vous fatiguerez rapidement et vos bras trembleront. Gardez plutôt vos coudes contre votre corps.
  • Une main sous l’objectif et une main sur le boîtier avec l’index sur le déclencheur.
  • Les pieds assez écartées, d’à peu près la largeur des épaules. Vous pouvez aussi les décaler en un mettant un devant et un derrière.
  • Vous pouvez aussi vous coucher, vous agenouiller ou vous tenir contre quelque chose de stable comme un mur pour augmenter votre stabilité.

Comment régler la vitesse d’obturation

Si vous réglez votre appareil photo sur le mode « auto »,l’ appareil photo règlera automatiquement le temps de pose et l’ouverture, (ainsi que les ISO si ils sont en auto).

Astuce

En phase d’apprentissage, pour mieux comprendre comment fonctionne les réglages de l’exposition, je vous conseille de passer en mode manuel. Le but n’est pas d’être tout le temps en mode manuel, mais juste faire des sessions d’entrainement par moment.

Vous l’aurez compris, je vous conseille de sortir rapidement du mode automatique pour pouvoir reprendre le contrôle artistique de vos photos.

Le mode Manuel n’est à réserver qu’à des photos très particulières comme la photo en très basse luminosité comme la photo de traînées de lumière, de light painting, d’étoiles ou de Voie lactée. Dans ce mode, l’ouverture et le temps de pose sont réglés manuellement. En mode Manuel, on est beaucoup moins réactifs sur les réglages qu’en mode semi-automatique.

Ce que je vous conseille plutôt c’est de passer sur un mode semi-automatique :

  • priorité à l’ouverture, on règle l’ouverture, et le temps de pose est automatiquement réglé en fonction de la lecture de la luminosité faite par le posemètre (très utilisé en paysage et portrait, si votre préoccupation principale est la profondeur de champ) ;
  • priorité à la vitesse d’obturation, on règle le temps de pose, et l’ouverture est automatiquement réglée en fonction de la lecture de la luminosité faite par le posemètre (très utilisé pour la photo d’action, animalière, l’effet de filé, l’effet de flou de mouvement…, si votre préoccupation principale est la netteté ).

Remarque

Les ISO seront réglés automatiquement s’ils sont en mode auto. Ce que je conseille toujours si vous les laissez en auto c’est de régler une plage limite ISO. Si vous n’avez pas cette option réglez-les manuellement, ou vous pourriez être confronté à une augmentation des ISO surprise et une explosion du bruit à votre insu.

Tableau des vitesses d’obturation

Franchement, j’adore les tableaux, ça donne une sensation que tout est là, tout est simple et bien organisé. Ce tableau récapitule quel temps de pose est conseillé en fonction du type de sujet photographié.

Si les tableaux de stops vous intéresse j’ai regroupé tous les tableaux de 1/3 de stop, 1/2 stop et stop complet des 3 paramètres d’exposition ici.

Conclusion

On arrive à la fin de cet article sur la vitesse d’obturation (ou temps de pose pour ceux qui ont suivi). J’espère que vous comprenez mieux comment s’inscrit le temps de pose dans l’exposition et son impact sur le rendu visuel de la photo.

Moi je vous laisse ici à votre vitesse euh… temps de pose et je vous dis à bientôt sur les internets MONDIAUX !

J’ai aussi une chaîne YouTube !

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